Nyiragongo: le volcan qui divise les scientifiques

 L'éruption du volcan a provoqué d'importants dégats à Goma

 L’éruption du volcan a provoqué d’importants dégâts à Goma

Le 22 mai dernier, le Nyiragongo est entré en éruption. Cette soudaine éruption a soulevé de nombreuses questions : mauvaise gestion au sein de l’OVG, rivalités scientifiques et monopole de la gestion des données.

Dans un mémorandum qui a été adressé au chef de l’Etat congolais le 2 juin dernier, des chercheurs de l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG) dénoncent les problèmes de mauvaise gestion au sein de leur institution.

Ils dénoncent également « une ombre néocoloniale de leurs partenaires belges ». Cette question du caractère néocolonial et paternaliste de l’équipe belge vis-à-vis de l’équipe congolaise se cristallise notamment autour de la gestion des données brutes de l’OVG, comme le rappelle Innocent Zirirane Bijandwa. Il est délégué syndical principal à l’OVG.

« L’OVG n’avait pas l’autorisation d’exploiter lui-même ses données volcaniques. En terme clair, il n’y a pas d’indépendance scientifique, les données brutes doivent quitter le Congo pour la Belgique. Et ensuite c’est la Belgique qui va autoriser que l’OVG puisse avoir accès aux récoltes de ses propres données », assure le syndicaliste.

La question de la gestion des données reste donc centrale car ces dernières sont essentiellement utilisées pour prévenir les catastrophes. Dans un article paru ce 15 juin dans la revue Science, il est question du monopole européen des données qui nuirait aux prévisions d’éruptions volcaniques.

Monopole des données ?

L’équipe belge s’est-elle octroyé ce monopole ? « Faux », répond François Kervyn du département des Sciences de la terre au musée de Tervuren en Belgique.

« Concernant le fait que nous soyons des chercheurs néocolonialistes, il nous est assez difficile de réagir si une accusation n’est pas fondée sur des faits précis. Il est très important de savoir qu’un article a été publié dans le Sismological Research Letter en 2017. Il décrit tous les protocoles et justifications des choix qui ont été fait en commun accord avec l’OVG sur la transmission des données. Cette transmission se fait vers l’Observatoire et vers le Luxembourg. C’est une double transmission », confie Mr. Kervyn

Question de transparence

Au-delà du reproche néocolonialiste, c’est donc le manque de transparence dans l’accès aux données qui est reprochée aux scientifiques belges et luxembourgeois, rappelle le mathématicien d’origine congolaise Jonathan Esole qui enseigne à l’Université Northeastern aux Etats-Unis. « Ce qu’on reproche à ces équipes luxembourgeoises et celles du musée de Tervuren c’est une certaine opacité dans les relations qu’ils ont avec l’OVG. Je ne pense pas que ce soit un problème européen parce qu’il y a différentes agences européennes qui ont une politique d’open data qui est exactement le genre de politique que nous encourageons quand on étudie un volcan comme le Nyiragongo qui peut avoir un effet très néfaste sur la vie des 1,5 million de personnes qui habitent dans cette région », insiste le scientifique.

Transparence et mise à disposition des données : voici donc ce autour de quoi gravitent les réclamations de certains chercheurs de l’Observatoire volcanologique de Goma.

Auteur: Wendy Bashi

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