C’est un mardi noir sur la route nationale numéro Un (RN1). Une fois encore, le marché de Matadi Kibala, installé à flanc de route, a été le théâtre d’une tragédie évitable. Un camion transportant des caillasses en provenance du Kongo Central a semé la mort dans son sillage. Bilan provisoire : quatre morts et une douzaine de blessés. Kinshasa est sous le choc, l’indignation gronde.
Une descente meurtrière et un marché frappé de malédiction
Il était un peu plus de 7h30 ce mardi 22 juillet lorsque la routine matinale des vendeurs et passants de Matadi Kibala a basculé dans l’horreur. Un camion-remorque, chargé de caillasses, a perdu le contrôle de son volant alors qu’il amorçait la dangereuse descente du marché. Lancé à vive allure sur la route nationale n°1, le poids lourd a percuté un bus 207, trois véhicules légers de marque IST, avant de foncer droit dans la foule.
« Je suis sur place. Je vois quatre corps sans vie devant moi, recouverts de draps », a confié un acteur socio-politique présent sur les lieux. D’après les informations, deux hommes, une femme et un enfant figurent parmi les victimes. Douze autres personnes ont été blessées, dont trois dans un état critique, immédiatement transférées vers une structure sanitaire proche.
Témoignages glaçants, colère grandissante
« Le macadam est coupé dans cette descente. Le chauffeur, en perte totale de contrôle, a tout simplement glissé vers la mort », raconte un témoin, encore tremblant. Les véhicules heurtés, tous cabossés, n’ont fort heureusement pas fait d’autres victimes à l’intérieur. Mais la violence du choc a suffi à semer le chaos.
Ce drame, hélas, n’est pas le premier à endeuiller Matadi Kibala. En février 2022, 25 personnes, principalement des femmes, avaient trouvé la mort électrocutées après la chute d’un câble haute tension sur ce même tronçon, déjà sous le feu des critiques pour son insécurité chronique.
Un marché à haut risque et une inaction qui tue
Ce nouvel accident ravive les débats autour de l’occupation anarchique des emprises routières à Kinshasa. Installé à zéro mètre de la chaussée, le marché de Matadi Kibala est devenu un piège mortel. Chaque jour, des milliers de personnes y exercent leur commerce au mépris de toute sécurité, sous le passage régulier de gros porteurs.
« Jusqu’à quand allons-nous compter les morts avant d’agir ? », s’interroge un riverain. Beaucoup pointent du doigt l’Hôtel de Ville de Kinshasa, accusé d’inaction malgré les drames répétés. Le marché aurait dû être délocalisé depuis longtemps, selon plusieurs voix citoyennes.
Une tragédie de plus, mais pas la dernière ?
L’accident de ce mardi s’ajoute à une longue série noire qui ternit l’image de la capitale congolaise et interroge la responsabilité des autorités. Entre camions défaillants, routes délabrées et étals à même la chaussée, Kinshasa ressemble parfois à une bombe à retardement.
En attendant d’éventuelles mesures concrètes, quatre nouvelles familles pleurent leurs morts. Et tout un quartier, lui, retient son souffle… en espérant ne pas être la prochaine cible du chaos routier.
Glad NGANGA
