Musique :les différents aspects du SOUM DJOUM(illustrations audios)

L’histoire du soum djoum commence en 1971. Après son succès parisien à l’Olympia en décembre 1970, Rochereau décide de rompre la routine. Il veut changer le rythme de son groupe afin de donner un souffle nouveau à sa musique. Pour ce faire, il veut créer quelque chose de nouveau. A Dakar où il se trouve, il va comme pour se ressourcer visiter le marché de Soumbédioune. Ce n’est autre que le sanctuaire de l’artisanat d’art situé en plein cœur de la capitale sénégalaise. Ce lieu lui inspire le nom qu’il veut donner à la fois au rythme qui va naître et à la danse qui va l’accompagner. Après avoir fait plusieurs combinaisons, un nom jaillit du choc de ce jeu des mots : soum djoum. Le marché de Soumbédioune si riche par la création de ses artisans a enfin donné à l’art d’Orphée le terme qui va bousculer la musique congolaise moderne.

Rochereau et son groupe s’attèlent à cette tâche ardue et donnent vie à un style atypique. Un nouveau rythme est né avec une différente finesse des sons et une  nuance si particulière. Il se joue aux airs du jerk. Dans une interview, Tabu Ley affirme que c’est pour permettre surtout aux non Africains de jouer sans difficulté les titres de la chanson congolaise qu’il a mis à jour ce rythme. En effet, dans le soum djoum, toutes les cordes de la guitare se jouent en même temps. En ce début des années 70, Il s’impose et devient la tendance de la décennie. Avec le temps, il se métamorphose en donnant à son tour naissance à plusieurs rythmes dérivés.

  1. AFRISA INTERNATIONAL
  1.   1.1.  Soum djoum ou soum 

Ce style de musique veut que la prédominance de la guitare solo s’estompe au détriment surtout de la guitare rythmique. Cet étouffement partiel ou momentané permet aux autres instrument de mieux s’exprimer et d’être plus audibles. Le saxo joue un rôle prépondérant dans la partie dansante appelée communément sebene. il y accompagne la guitare solo. Les instruments se répartissent le temps d’intervention dans la partie dansante de la chanson.

Titres : Seli-Ja (Tabu Ley), Silikani (Ley), Mundi (Ley), Samba (Ndombe), Ozone (Michelino), Kinshasa (Tabu Ley), Londende (Ndombe), Yemey (Kola Philo), Meno ngiele (Kola Philo), Mimy Marthe (Hennecy), Yaosiko (Mavatiku), Nabeli choléra (Tabu Ley), Maloba ya moweyi (Tabu Ley), Nakokamua (Attel), Sambuluma (Tabu Ley), Tobatela niama (Tabu Ley), etc 

Dans un souci d’innovation et pour casser la monotonie, l’Afrisa crée de nouveaux rythmes secondaires ou associés qui s’appuient sur le socle du soum. Les jumeaux qui naissent ne s’éloignent pas vraiment du rythme originel. Tout en gravitant autour de ses contours, ils marquent des nouveaux accords et de nouvelles mesures dans les rifs. Le folksoum et le soum saccadé naissent simultanément à côté du soum djoum originel. Parfois la frontière entre les trois styles est difficilement repérable.

  1. 1.2.   Folksoum 

La guitare solo se fait discrète dans la partie mélodie. Il est quasiment inaudible sauf dans l’intermède. C’est plutôt la guitare rythmique et la basse qui accompagnent les chanteurs. Dans le sebene, la guitare solo prend le dessus mais partage cet instant avec le saxo.

Titres : Cassius Clay (Michelino), Bobwale (Attel), Mista (Ndombe).

  1.3.   Soum saccadé

La basse et la guitare rythmique accompagnent les chanteurs dans la partie mélodie mais le solo n’est pas totalement inaudible comparativement avec le folksoum son pendant. Dans le refrain ou la partie dansante, les trompettes prennent le dessus avant l’intervention du saxo. La guitare solo clôture la partie dansante avec ses rifs envoûtants sous l’accompagnement des souffleurs.

Titre : Lulendo lwa nkosi (Michelino).

1.4.    Move

Vers 1973, l’International Afrisa innove en portant de nouvelles modifications dans le soum. Ayant constitué la base de sa discographie à partir de 1971, le soum djoum avec toutes ses variantes s’habille de nouveaux habits et devient le « move » (de l’anglais to move : bouger). C’est un rythme beaucoup plus entraînant qui est sorti de ses cendres. Comme pour le soum dont il est issu, la guitare solo ne se manifeste avec ardeur que dans l’intermède et dans la partie dansante de la chanson. 

Titres : Kiwelewele (Tabu Ley), Afrisa International (Tabu Ley), Mofuku na libenga (Tabu Ley), Sombele (Tabu Ley), Sebene-182 (Tabu Ley), etc.

1.5.    Kiwelewele move

Le cri « Kiwelewele move » lancé pour la première fois dans la partie dansante de la chanson « Kiwelewele » s’est par la suite transformé en rythme musical. C’est une forme améliorée du « move » avec un changement aigu dans le tempo.

Titre : Dialogue (Tabu Ley).

Dans la discographie de l’Afrisa, les titres des différentes formes du soum se mêlent,  s’entremêlent, s’accompagnent, s’entrechoquent et se complètent. L’orchestre place parfois deux différentes variétés du soum dans les deux versants d’un même single. Il est parfois difficile de s’en rendre compte. Les différences qui existent entre elles sont si minimes qu’elles paraissent souvent indétectables pour les non avertis.

2.   LES BAKUBA

Dans la foulée du succès engrangé, plusieurs groupes et non des moindres mordent à l’appât. En parfait désaccord avec Tabu Ley et abandonné par ses amis Lokasa et  Philo Kola dans le projet Phides, Seskain Molenga fait cavalier seul. Lui qui veut étaler son talent de compositeur forme les Bakuba et écrit ses premières chansons avec le rythme soum djoum. C’est une réplique de celui de l’Afrisa International.

Titres : Nazoki (Molenga), Libaku mabe (Molenga), Nakobelela (Dilu), Mama N’Isola (Pépé Kallé).

3.   CONTINENTAL

Lorsqu’il est créé, l’orchestre Continental opte naturellement pour le rythme en vogue. Pour éviter l’uniformité, le nouvel ensemble ajuste le son et porte sa touche particulière au soum. Le groupe pousse le travail au loin et multiplie les variétés de ce style. De là se dégagent deux formes dérivées du soum djoum. Un des types de ce nouveau rythme est associé à un terme osé : sex.

 3.1. Sex soum 

La guitare solo comme dans la pure tradition soum est presque étouffée. Elle est dominée par les autres instruments et n’apparaît à première vue qu’à l’intermède. Elle reprend de plus belle sa place d’honneur dans le sebene. La logique du rythme soum étant respectée, le saxo n’est pas loin.

Titres :  Nakobondela bolingo (Josky), Zonga Margo (Tino Muinkwa), Bomoto wapi Colette (Thamar), Pembe ya motema (Ringo Kiandinga), etc.

3.2. Sex forcing

Les instruments à vent annoncent le plus souvent le début de la chanson. Les guitaristes interviennent, la guitare solo qui n’est pas au rendez-vous dans la partie mélodie est presque inaudible. Comme toujours, elle va prendre sa revanche dans le sebene.

Titres :   Muana N’Samba (Bopol), Bakokamua (Josky), Mangakie (Kimpava), Kassy (Bopaul), Jo motema (Josky), Bolokwa (Thamar), Buku (Mak Makirimbia), etc.

4.  ZAÏKO LANGA-LANGA

Un autre orchestre vient s’agglutiner à ce rythme. Il s’agit de Zaïko. Le poète Efonge Gina qui intègre le groupe n’apprécie guère le style de musique de Los Nickelos et Yéyé National que l’orchestre s’est approprié. Pour marquer la cassure, il honore le soum en lui offrant ses premières chansons. Mais dans la sauce de Langa-Langa,  il est privé des instruments à vent rompant quelque peu avec la tradition du soum qui veut que les cuivres soient présents. La guitare solo se fait légèrement entendre dans la partie mélodie. L’absence de la section cuivre qui caractérise Zaïko est comblée et compensée par les différentes guitares et la batterie.

Titre : Consolation et Célio (Efonge Gina).

5. AFRIZAM

Lorsque les transfuges de l’Afrisa créent l’Afrizam, ils amènent avec eux le rythme de l’orchestre qu’ils viennent de quitter. Leurs premières chansons sont le reflet de l’Afrisa.

Titre : Malokele (Empompo), Besala mama na Beya (Beya Maduma), Sambi noko ya libala (Attel Mbumba), Beya Walo (Beya Maduma), etc.

Après avoir influencé bien des groupes musicaux, le soum cède peu à peu sa place à d’autres rythmes. Du moins, il a eu le mérite de changer la face de la musique congolaise moderne. Notons qu’avec la chanson « Missile » de Josky Kiambukuta, le TP OK Jazz avec Mavatiku à la guitare solo a quelque peu « frôlé » le rythme soum malgré l’absence des instruments à vent.

Samuel Malonga

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