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Musique: D.V Muanda, 41 ans déjà(illustration audio)

Son nom est intimement lié à l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Qui sait, peut-être que sans lui le groupe n’aurait pas vu le jour ; sans son abnégation, peut-être que l’orchestre n’aurait pas eu le succès qu’il avait connu. Cet homme éffacé au regard trouble n’est autre que D.V Muanda.

Co-fondateur de l’orchestre Belguide des cendres duquel est né Zaïko, D.V a été à côté de Marcelin Delo, André Bita et Henri Mongombe ce jour de décembre 1969 pour fonder Zaïko. Alors que ses amis étaient accaparés par les études, il est resté quasiment seul pour donner au groupe cette capacité qui lui a permis de créer la troisième école de la musique congolaise moderne.

Dans Zaïko, rien ne se faisait sans son accord. C’est lui qui donnait son aval pour démettre un musicien ou pour recruter un nouvel élément. Il avait le dernier mot. Il était le vrai patron de l’orchestre. Son ombre accompagnait tous le succès du groupe. Grâce à son charisme légendaire, D.V maitrisait avec sa voie rogue ces têtes brûlées qu’étaient Efonge, Evoloko, Papa Wemba et Mbuta Mashakado. Homme à tout faire, D.V aurait consenti d’énormes sacrifices pour que Zaïko atteigne le niveau qui avait fait sa renommée.

D.V Muanda était un mystique et possédait des pouvoirs mystérieux, clamait-on. Beaucoup disaient qu’il détenait le secret du succès qui a hissé Zaïko au firmament de la musique congolaise. Franco Luambo et Tabu Ley ne le traitaient-ils pas de sorcier ?

A propos de son mysticisme, la clameur publique rapporta que D.V avait eu une altercation avec Grand-Maître Luambo à propos d’une éventuelle dislocation de Zaïko. Touché dans son amour propre, DV aurait parié avec son ainé en lui disant que cela n’arrivera jamais à l’œuvre principale de sa vie. Il aurait poursuivi en arguant que lui-même D.V pouvait mourir mais que jamais Zaïko ne disparaitra. Propos prémonitoires ? Les deux protagonistes sont depuis longtemps décédés mais contrairement au TP OK Jazz de Luambo, Zaïko Langa-Langa de D.V Muanda, qui s’est installé dans la durée et dans le temps, semble éternel. Une autre rumeur qui à l’époque s’était répandue comme une traînée de poudre parmi les mélomanes affirmait que les solos endiablés produits par Manuaku Waku ne provenaient réellement pas de lui mais plutôt d’une puce magique insérée de façon mystique par D.V dans le muscle deltoïde de son bras droit. Cet implant corporel sous-cutané était à l’origine des prouesses qu’il faisait et qui avait fait de lui le magicien de la guitare qu’on avait connu. Le « fondé » l’avait aussitôt retirée lorsque Pépé Felly claqua la porte du groupe en 1980. Info ou intox ? Fondao, en son temps, n’avait ni confirmé ni infirmé ces rumeurs qui circulaient autour de son nom dans tout Kinshasa, laissant tout le monde sur sa soif.

Outre sa double casquettes de fondateur et d’homme fort de Zaïko, D.V était aussi musicien effectif batteur du groupe. Le « fondé » avait écrit quelques titres, pas beaucoup mais assez quand même pour laisser ses empreintes dans la discographie congolaise. On lui doit « Litima » (1978), « Libala ya sango » (1979) qui a connu la participation vocale de Max Mongali et Zizi Nzanga, « Seno » (1980) avec Zaïko, « Tika nadondua » (1979) avec les Casques Bleus. Cette dernière chanson étant quasiment un nzonzing, on se demande bien comment lui étant fondateur avait-il outrepassé les règles du groupe pour sortir une chanson avec un orchestre autre que le sien.

Né à Kinshasa, le 11 octobre 1948, Vital Moanda di Veta était issu d’une famille nombreuse. Il quitta la terre des hommes le 10 janvier 1984 à 35 ans, emporté par une cirrhose de foie. Mais peu avant de tirer sa révérence, il se rendit chez Nyoka Nlongo pour le passage de la torche. A cet effet, il lui donna un verre d’eau dans lequel il avait auparavant pris une gorgée. Il lui dit en substance que ce geste anodin était le pacte qu’il venait de signer avec lui pour laisser l’orchestre entre ses mains.

Lorsqu’il s’en était allé, un LP titré « In Memoriam D.V Moanda » lui avait été dédié. L’album était enregistré en public lors du retrait de deuil qui avait suivi ses obsèques. Zaïko Langa-Langa reste jusqu’aujourd’hui l’unique groupe musical congolais qui a survécu à la disparition de son fondateur. Quarante et une année après la mort de D.V Muanda, cet orchestre mythique qui avait soufflé ses 55 bougies en décembre dernier, fait encore parler de lui. Grâce à sa détermination et sa perspicacité, Nyoka Longo, à qui le « fondé » D.V Muanda avait transmis le flambeau, continue à perpétuer son œuvre.

Samuel Malonga

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