Alors que Bunagana est occupée depuis deux ans et que Rubaya est tombée aux mains de l’ennemi, une question taraude les esprits des millions de Congolais : que faisait l’État tout ce temps ? Loin d’une riposte efficace, c’est plutôt un spectacle affligeant de détournements en cascade qui s’est joué sous nos yeux. Des acteurs bien connus, confortablement installés dans les institutions, continuent de jouir de leur impunité. Pendant ce temps, les Congolais attendent toujours une réponse ferme à cette agression.
Une mobilisation teintée d’hypocrisie
Alors que l’heure est à la défense nationale, certains hauts responsables se livrent à une véritable mascarade. On assiste à une mobilisation de façade où l’argent du Trésor public est dilapidé comme en période électorale. Le train de vie des membres du gouvernement reste inchangé, les cortèges rutilants et les voyages inutiles se poursuivent comme si de rien n’était. Pourtant, sur le terrain, les militaires continuent de toucher des soldes misérables, et les fonctionnaires attendent désespérément leurs salaires.
Pire encore, alors que des Congolais sont massacrés, même dans des hôpitaux, que des élèves sont enrôlés de force dans les territoires occupés, et que des femmes sont violées sous le regard impuissant du monde, à Kinshasa, la mobilisation semble prendre des allures de cérémonie d’allégeance aux autorités. Sur certaines affiches, les têtes d’affiche ne sont autres que le chef de l’État, la Première ministre et d’autres figures du pouvoir. Où est la douleur du peuple ? Où est l’indignation nationale ? Les femmes, premières victimes de cette barbarie, devraient être en deuil pour exprimer leur solidarité à leurs sœurs sous le joug de l’oppresseur à la veille du 8 mars. Au lieu de cela, la capitale danse sur un air d’hypocrisie.
Des chiffres qui interpellent
Le dépassement budgétaire atteint des niveaux inquiétants. Les prévisions de dépenses de fonctionnement des institutions et des ministères pour janvier 2025 étaient arrêtées à 314,7 milliards de CDF (106 millions USD) alors que leur exécution a explosé à 621,9 milliards de CDF (210 millions USD). Où est passé cet argent ? Des milliards de francs congolais, bien plus des millions de dollars, ont été engloutis dans des dépenses non justifiées, tandis que les ressources censées renforcer la défense nationale se volatilisent.
Un membre du gouvernement a même osé sonner l’alerte : « ça sent le détournement ». Mal compris, il n’a pourtant fait qu’exprimer tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Comme le chantait Koffi Olomide, « libanga ba bwaki na molili » (Ndlr la pierre a été jetée dans l’obscurité) Qui se sent morveux, éternue !
La trahison d’une nation
Pendant que la population endure la peur et l’humiliation, que dire de ces images glaçantes des FARDC à genoux lors de la conquête de Goma ? Quelle honte ! Quel peuple ! Pendant que les familles pleurent leurs morts, certains se préparent à s’arroger joyeusement les fonds destinés à l’effort de guerre. L’histoire retiendra.
À la guillotine celui ou celle qui mangera les fonds alloués à l’effort de guerre !
NGK