Entre grandes manœuvres diplomatiques et enjeux géostratégiques, la voix de l’Église catholique s’élève avec force. Alors que Kinshasa se rapproche de Washington pour l’exploitation conjointe des minerais stratégiques, la CENCO interpelle l’État congolais : “Assez des promesses, place aux résultats pour le peuple.”
Dans une déclaration au ton ferme, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a mis en garde contre les risques de reproduire les erreurs du passé en matière de gestion des ressources naturelles. À travers son secrétaire général, Mgr Donatien Nshole, l’Église catholique exige des garanties solides avant toute signature de partenariat sur les minerais dits “3T” étain, tungstène et tantale prisés par les géants de la tech américaine.
« Nous ne pouvons pas continuer à répéter les erreurs du passé. Il est temps que l’exploitation de nos richesses profite réellement à notre peuple », a martelé Mgr Nshole devant la presse, ciblant directement les négociations en cours entre Kinshasa et des entreprises américaines. En toile de fond : la visite en avril dernier de Massad Boulos, conseiller de Donald Trump, et les promesses de milliards de dollars d’investissements.
Mais pour la CENCO, les Congolais ne doivent plus être les spectateurs impuissants de deals opaques. Elle exige transparence, implication citoyenne et clauses contraignantes sur l’emploi, la santé, l’éducation et les infrastructures. « L’État doit protéger les intérêts nationaux avec rigueur », a insisté Nshole, appelant à un sursaut de responsabilité politique.
Une mise en garde qui résonne bien au-delà des sacristies. Plusieurs voix de l’opposition rejoignent ce cri d’alerte. Delly Sessanga, leader du parti Envol, dénonce un « troc sécuritaire » maquillé en partenariat économique. « C’est une fuite en avant du régime Tshisekedi, incapable de transformer les richesses minières en développement humain », accuse-t-il.
Sur le terrain, le constat est amer : dans les zones minières, les populations vivent entre insécurité, pauvreté et dégradation environnementale. Malgré les milliards générés, les bénéfices semblent toujours fuir les communautés locales. Pour les évêques, il est urgent de renverser la vapeur : « Le développement intégral du Congolais ne doit plus rester un slogan. »
À l’approche d’échéances politiques cruciales, l’Église catholique, souvent perçue comme la boussole morale du pays, entend jouer un rôle de vigie. Et cette fois, elle ne compte pas lâcher prise. Face aux convoitises étrangères, la CENCO rappelle que la RDC ne peut plus se permettre de brader son avenir.
Un message clair : la richesse du sous-sol congolais ne doit plus être une malédiction, mais une bénédiction partagée. Et pour cela, les Congolais doivent être au centre non à la marge — de chaque décision.
Glad NGANGA