Message de Mgr Munzihirwa, Archevêque de Bukavu, à la veille de son assassinat par les hommes de Kagame :  » nous disons à nos frères tutsi du Rwanda que le remerciement qu’ils nous font n’est pas pour leur bonheur mais pour le nôtre »(illustration vidéo)

La nuit du 28 octobre 1996, alors que les rebelles rwandais conduits par le régime sanguinaire de Paul Kagame s’apprêtait à prendre le contrôle de la ville de Bukavu où il fut archevêque, Mgr Christophe Munzihirwa se précipita dans la station de la radio Maendeleo pour passer un message vibrant qui résonne aujourd’hui comme si son auteur était encore parmi ses fidèles et ces milliers d’âmes des congolais parsemées dans les sentiers du grand Kivu.

En vrai prophète, cette sentinelle du Christ a pu présager ce qui devrait arriver dans les jours à venir tout en rappellant aux agresseurs qu’ils ne seront jamais les vrais gagnants dans cette aventure rwandaise meurtrière. D’une voix de désespoir, l’ancien prêtre jésuite a regretté que les mêmes tutsis rwandais que les congolais, zaïrois à l’époque, ont accueillis et instruits en République Démocratique du Congo, puissent se retourner contre les paisibles et hospitaliers congolais.

27 ans après, l’on peut suivre la voix du M’zee Munzihirwa comme s’il était encore présent. Un message pressant à l’égard d’un des plus grands despotes de ces deux derniers siècles, Paul Kagame.

Retour sur l’assassinat de M’zee Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo

Ce jour-là, 29 octobre 1996, Bukavu se réveille la peur au ventre.

Dès le matin, des armes lourdes se font entendre, surtout vers Nyangezi.

En ville, la tension ne fait que monter et on entend des coups tirés dans chaque point de la ville.

Vers 16h30, il y a un bref instant de calme et Monseigneur Munzihirwa décide de se diriger vers le Collège Alfajiri (des Jésuites) pour chercher à aider un petit groupe de sœurs, dont la sécurité n’était pas garantie.

Il conduit seul sa voiture, accompagné de son chauffeur et d’un agent de la gendarmerie commis à sa sécurité.

Arrivé à Nyawera (au centre-ville), la voiture est forcée à s’arrêter par des coups de feu de quelques militaires (l’on dit qu’il s’agissait de rwandais).

Monseigneur Munzihirwa descend le premier, en tenant dans ses mains la croix pectorale, et se dirige vers les militaires.

Après un échange de phrases que personne ne réussit à entendre, les militaires l’obligèrent à aller, peu distant, vers un poteau électrique.

Le policier qui l’accompagnait sera abattu subitement pendant qu’il cherchait à sortir de l’automobile. Le chauffeur fut également assassiné, près de la voiture.

Ceux qui se trouvaient dans le deuxième véhicule, arrêté derrière celui de l’archevêque, et qui avaient réussi à prendre la fuite et à se cacher, avaient suivi chaque mouvement.

Ils confirmeront plus tard que jusqu’à 18h30, Monseigneur Christophe Munzihirwa était encore vivant, appuyé sur le poteau électrique, dans une longue discussion au téléphone cellulaire, et que c’est en début de soirée que ses bourreaux décidèrent de l’abattre : des coups à la nuque et Mgr. Munzihirwa s’affaissa sur le sol.

Son corps sera récupéré le lendemain, vers 13 heures, par les Pères Xavériens de la communauté de Vamaro (qui se trouve peu distante du lieu de l’assassinat), après qu’un passant inconnu a informé le Père Supérieur.

Né en 1926 à Lukumba, Munzihirwa a été ordonné prêtre en 1958. C’est là qu’il choisira de rejoindre la Compagnie de Jésus, sept ans après son ordination, pour vivre l’idéal de la vie religieuse à travers la spiritualité ignatienne.

Son souci pour les marginaux l’a amené à relancer le collège jésuite dévasté par la rébellion katangaise à Bukavu, à assurer le service d’aumônerie à la paroisse universitaire de Kinshasa, à travailler au centre d’action sociale (CEPAS) de Kinshasa comme animateur de l’association des dirigeants et cadres catholiques du pays.

Entre-temps, il s’est occupé de la formation spirituelle et intellectuelle des jeunes jésuites avant d’être nommé successivement Recteur du scolasticat jésuite Saint Pierre Canisius de Kimwenza (1978-1980) et supérieur provincial des jésuites d’Afrique centrale (1980-1986).

Au bout de son mandat de provincial, Mgr Munzihirwa est choisi comme évêque coadjuteur du diocèse de Kasongo (dans l’est de la RDC).

Quatre ans plus tard, en avril 1990, il y succède à Mgr Pirigisha.

Tout en gardant sa charge à Kasongo, Munzihirwa est également nommé administrateur, puis archevêque du diocèse de Bukavu en 1994.

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