Matata Ponyo : 10 dossiers toujours en souffrance !

L’éclairage apporté à l’opinion tant nationale qu’internationale par le Procureur général près la Cour Constitutionnelle, au sujet du statut actuel du Sénateur Matata Ponyo, a fait ressurgir de la mémoire collective plus d’une dizaine de dossiers judiciaires à charge, non encore instruits par les instances judiciaires compétentes. A en croire une compilation produite par l’ONG « Resmed Plus » de Gilbert Cibangu, spécialisée dans la prise en charge médicale gratuite des personnes du troisième âge, ces affaires concernent la campagne agricole 2012-2014, l’achat des locomotives pour la SNCC (Société Nationale des Chemins de fer du Congo), la Fibre Optique, le Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, la tribune située en face du Palais du peuple, les passerelles du boulevard Lumumba à Kinshasa, les stades municipaux à Kinshasa, l’Hôpital du Cinquantenaire, la construction de 1000 écoles à travers le pays, la Zaïrianisation, etc. Le trait commun de tous ces dossiers est qu’ils se chiffrent à plusieurs millions de dollars américains présumés détournés par l’ancien Premier ministre.

1. Campagne agricole 2012-2014

Augustin Matata Ponyo avait annoncé, dès sa prise de fonction en 2012, une campagne agricole qui devait s’étaler sur deux ans, pour un coût global de 70 millions de dollars américains. L’objectif visé était naturellement de créer l’abondance alimentaire au pays, notamment par le ramassage des produits agricoles à partir des milieux ruraux pour leur transport et commercialisation dans les centres de consommation, principalement les grandes villes. Cette campagne agricole ayant fait flop, il sera appelé, tôt ou tard, à justifier la destination prise par les fonds décaissés par le Trésor public.

2. Locomotives pour la SNCC

S’agissant du dossier des locomotives de la SNCC (Société Nationale des Chemins de fer du Congo), on parle d’une cagnotte de 400.000.000 millions de dollars américains mis en jeu par la Banque Mondiale, en vue de la relance de ses activités, sous le mandat de Sylvestre Ilunga Ilunkamba comme Directeur général. On laisse entendre qu’à l’arrivée de ces engins, c’était la déception totale dans les rangs des cadres et agents de cette entreprise, car présentant un état de vétusté fort avancé.

En effet, en lieu et place de locomotives neuves, les travailleurs ont vu débarquer à Lubumbashi des machines de seconde main. D’où, on attend que l’ancien chef du gouvernement explique ce qui s’est passé ;

.3 Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo

C’est le dossier en instance d’être instruit par le Procureur général près la Cour Constitutionnelle et pour lequel s’observer une forte agitation du côté des avocats du sénateur Matata Ponyo.

Selon leur ligne de défense, l’ancien Premier ministre ne devrait pas être entendu dans cette affaire, au motif que la levée de ses immunités par le bureau du Sénat se limitait au seul dossier de la Zaïrianisation. On connaît la position du Parquet général près la Cour Constitutionnelle à ce sujet.

Conséquence : la version de Matata est fièvreusement attendue sur les deniers publics présumés détournés, à savoir 140 millions de dollars américains pour certaines sources, et 250 millions de dollars américains pour d’autres.

4. Fibre optique

La fibre optique, dont les câbles longent la côte de l’Océan Atlantique, du sud au nord de l’Afrique, à laquelle est connectée la République Démocratique du Congo à partir du point d’atterrage de Muanda, n’offre pas au pays le haut débit d’internet vanté dans les discours officiels. La ligne Muanda-Kinshasa ne répondrait pas aux standards internationaux, la faute aux compatriotes ayant tripatouillé dans les 50 millions de dollars américains sortis des caisses de l’Etat.

Un ancien ministre des PT/NTIC (Postes et Télécommunications/ Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), interpellé en son temps par l’Assemblée Nationale, avait plaidé non coupable et invité les députés nationaux à diriger leurs investigations du côté de la présidence de la République (sous le mandat de Joseph Kabila) et de la Primature (sous le mandat de Matata). Bref, tous les regards sont tournés vers cet ancien locataire de l’Hôtel du gouvernement pour éclairer, le moment venu, la justice et l’opinion nationale.

5. Tribune du Palais du peuple

Une tribune d’honneur avait été érigée en face du Palais du Peuple, en prévision des festivités commémoratives du cinquantenaire de l’indépendance du pays, prévues le 30 juin 2010. Coût : 26 millions de dollars américains. A en croire des experts des travaux publics, il y aurait eu surfacturation de l’ouvrage. C’est à Matata de confirmer ou infirmer.

6. Passerelles sur le boulevard Lumumba à Kinshasa

Plusieurs passerelles devraient être érigées sur le boulevard Lumumba, dans le but de faciliter la traversée de cette artère par les piétons, compte tenu de l’intense trafic automobile qu’il draine et des risques fréquents d’accidents. 22 millions de dollars américains étaient sortis des caisses de l’Etat… pour cinq passerelles seulement. Il s’agit de celles de Limete (au niveau de Saint Raphaël, de la 7me Rue et de la 13me Rue) ainsi que de celles du Marché de la Liberté et de l’arrêt Pascal.

Selon des sources proches du dossier, les travaux devraient coûter moins par rapport à la facture présentée par l’ancien Premier ministre. Conséquence : il doit se justifier.

7. Stades municipaux à Kinshasa

La jeunesse kinoise, dans son écrasante majorité, avait applaudi de deux mains l’initiative de l’ancien Premier ministre Matata de doter leur ville des stades municipaux aux dimensions olympiques. Le football d’abord et l’athlétisme ensuite devraient se pratiquer dans des cadres visant leur promotion optimale. Alors que chaque commune devrait en bénéficier, avant l’extension de la même expérience en provinces, les rares stades municipaux, en format réduit, avaient été érigés à Matete, Barumbu et Ngaliema (quartier Delvaux). Celui de Bandal ressemble à un chantier abandonné.
Quant à celui de N’Djili, prévu à la place Sainte Thérèse, il n’avait pu connaître un début d’exécution, les jeunes de cette municipalité s’étant farouchement opposés à la construction d’un tout petit stade sans commune mesure avec celui qui les faisait baver sur la maquette affichée dans ce site. 190.000.000 de dollars américains avaient été engloutis dans les « éléphants blancs » de Matete, Barumbu et Ngaliema. Matata est bien sûr pointé du doigt accusateur.

8. Hôpital du Cinquantenaire

Des commentaires mielleux avaient été faits, aussi bien par Matata Ponyo, alors Premier ministre, que par Félix Kabange, alors ministre de la Santé, à l’inauguration de l’Hôpital du Cinquantenaire. Ce bijou, clamait-on, était appelé à mettre fin aux évacuations sanitaires des « VIP » et des citoyens fortunés vers l’étranger, car présenté comme étant l’un des formations médicales les plus modernes de l’Afrique Centrale.
On estimait alors que son coût, à savoir 200 millions de dollars américains, correspondait à la qualité des équipements qui venaient d’y être installés et à celle des soins qui allaient y être offerts aux malades. Mais au grand désappointement de nos compatriotes, les évacuations sanitaires vers l’extérieur se poursuivent, et la saignées des finances publiques aussi, à travers les factures d’hospitalisation. L’Hôpital du Cinquantenaire n’a rien résolu.

9. Projet d’implantation de 1000 écoles au pays

La carte scolaire de la République aurait connu une embellie significative, si le projet de construction de 1000 écoles, piloté par Matata Ponyo, était allé jusqu’à son terme. Après avoir fait ériger moins de 500 bâtiments scolaires, indique-t-on, il n’a plus donné de la voix. Selon des partenaires éducatifs, le financement de la Banque Mondiale, à hauteur de 198 millions de dollars américains, exige d’amples explications, dans l’office d’un haut magistrat d’abord et ensuite devant la barre d’une haute cour.

10. Zaïrianisation

Poursuivi présentement par le Parquet général près la Cour Constitutionnelle pour détournement présumé de 1.296.000.000 Usd (un milliard deux cents quatre-vingts seize millions de dollars américains), Matata Ponyo a déjà été entendu plusieurs mois au niveau de cette juridiction, après la levée de ses immunités de sénateur. Un mandat d’arrêt avait même été délivré contre lui, avant que ses avocats se battent bec et ongle pour obtenir sa mise en résidence surveillée et plus tard, une main levée de sa détention préventive. L’affaire suit son cours normal.

L’homme serait également impliqué dans d’autres dossiers, tels ceux de l’érection du Salon présidentiel à l’aéroport de N’Djili, de la construction de l’immeuble du gouvernement à la place Royal à Gombe, de l’achat du premier lot de 500 bus Transco, etc.

Kimp/Le Phare

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