Trois jours après avoir lancé un appel solennel au dialogue, Martin Fayulu Madidi, figure de proue de l’opposition congolaise, a franchi les grilles du Palais de la Nation pour s’entretenir avec le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Une rencontre hautement symbolique dans un contexte national alarmant, marqué par une recrudescence des menaces sécuritaires et une urgence à forger une unité nationale.
« Le pays est dans une passe très difficile. Nous sommes attaqués de partout… Nous devons créer un camp de la patrie », a déclaré Martin Fayulu à l’issue de cette audience historique. Pour lui, il ne s’agit plus de manœuvres politiques, mais d’un « sursaut d’honneur », lancé non seulement aux dirigeants, mais à l’ensemble du peuple congolais.
Cette rencontre, sollicitée par le leader de l’ECIDé (Engagement Citoyen pour le Développement), s’est tenue dans un climat qualifié de « convivial » par Tina Salama, porte-parole du Chef de l’État. Elle a confirmé sur le réseau X que l’objectif était clair : renforcer la cohésion nationale face à une crise existentielle.
Dans sa déclaration vidéo du 2 juin, Fayulu avait brossé un tableau sombre de l’état de la nation, évoquant sans détour un risque imminent de balkanisation de la RDC. Il a notamment accusé l’Alliance Fleuve Congo/M23 soutenue par le Rwanda de contrôler plusieurs territoires clés dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, allant jusqu’à menacer les villes stratégiques de Goma et Bukavu.
Plus qu’un simple tête-à-tête entre deux figures politiques, cette rencontre sonne comme un appel à l’union sacrée, dans un moment où la RDC semble vaciller au bord du précipice. Fayulu n’a pas hésité à interpeller trois hommes qu’il estime capables de peser dans la balance de l’Histoire : Corneille Nangaa, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Mais au-delà des noms, c’est tout un peuple qu’il exhorte à se lever : « Ce n’est pas le moment de se diviser, mais de se rassembler autour de la patrie. »
Ce geste de rapprochement, salué par certains observateurs comme un signe de maturité politique, laisse entrevoir une possible dynamique de concertation nationale, susceptible de redéfinir les contours d’un consensus républicain.
Reste à savoir si cette première poignée de main entre le président en exercice et l’un de ses plus fervents opposants pourra accoucher d’un véritable sursaut patriotique… ou si elle restera un simple instant symbolique dans le tumulte de l’actualité congolaise.
Glad NGANGA