Après des mois de tensions exacerbées, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont franchi un cap décisif pour la stabilité de la région des Grands Lacs. Réunis à Luanda le 25 novembre, sous la médiation du président angolais João Lourenço, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont approuvé un plan stratégique d’envergure. Ce document, baptisé Concept d’opérations (Conops), vise à neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et à organiser le retrait des forces rwandaises du territoire congolais.
Un accord au cœur d’âpres négociations
Le Conops, fruit de négociations complexes, a été signé fin octobre par les responsables des renseignements congolais, rwandais et angolais avant d’être validé par les ministres des deux pays. Étendu sur sept pages, il fixe des « objectifs politiques » ambitieux : rétablir la confiance entre Kigali et Kinshasa, garantir la sécurité dans l’est de la RDC, et promouvoir un climat propice à la reprise des activités socio-économiques.
Chaque partie devra remplir des missions cruciales. La RDC s’engage à neutraliser les FDLR, faciliter leur rapatriement au Rwanda et garantir la stabilité dans les territoires touchés par le conflit. Le Rwanda, quant à lui, doit retirer ses forces présentes en RDC, mettre fin à ses incursions transfrontalières et assurer la réintégration sociale des combattants démobilisés.
Trois mois pour des résultats concrets
Le plan prévoit un calendrier ambitieux divisé en quatre phases :
1. Évaluation de la menace FDLR (15 jours) : Analyse des positions, équipements et capacités des FDLR, tandis que le Rwanda devra fournir des informations sur ses mesures défensives.
2. Neutralisation ciblée (30 jours) : Actions militaires conjointes pour désarmer les FDLR et leurs groupes dissidents.
3. Revue générale des opérations : Évaluation des progrès réalisés, suivie d’une levée progressive des mesures défensives rwandaises.
4. Stabilisation et réconciliation : Démobilisation et rapatriement des combattants FDLR, avec pour objectif ultime la normalisation des relations bilatérales.
Un mécanisme de vérification mis en place par l’Angola assurera le suivi de ces étapes.
Une avancée sous haute tension
Si cet accord marque une avancée majeure, son succès dépendra de la volonté politique des deux parties. Les défis sont nombreux : représailles des FDLR contre les populations civiles, risques de stigmatisation de certaines communautés, et méfiance persistante entre Kigali et Kinshasa.
Cependant, l’adoption de ce document reflète une prise de conscience commune de l’urgence d’agir. La persistance des violences dans l’est de la RDC, alimentées par des décennies de conflits transfrontaliers, menace non seulement la stabilité des deux pays mais aussi celle de toute la région des Grands Lacs.
Un test pour la diplomatie régionale
Pour João Lourenço, facilitateur des discussions, cet accord représente un test crucial pour sa médiation, entamée en 2022. L’Angola, avec le soutien de l’Union africaine, mise sur ce plan pour transformer les tensions historiques en une opportunité de coopération.
Reste à voir si les intentions affichées se traduiront en actions concrètes. Avec des échéances serrées et des attentes élevées, ce Concept d’opérations pourrait bien devenir un modèle de résolution des conflits dans une région où la paix semble trop souvent hors de portée.
Glad NGANGA
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