Dans un communiqué tonitruant publié ce 6 juin sous le numéro 017/BE/KK-M/2025, l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) brise le silence et tire la sonnette d’alarme : la régulation des médias en République démocratique du Congo serait-elle en train de glisser vers une forme de censure maquillée ? En toile de fond, la suspension de toute médiatisation des activités du PPRD et de ses membres pendant 90 jours, une décision actée par le CSAC le 2 juin dernier.
Pour l’UNPC, l’émoi est profond, et les réserves sont sérieuses.
« La régulation ne peut devenir une camisole idéologique imposée aux médias », tranche d’entrée l’Union, qui rappelle que toute régulation doit être fondée sur un principe cardinal : la liberté de la presse et d’expression.
Une régulation à rebours de l’histoire
Ce que l’UNPC dénonce, c’est une régulation qui agit à priori, c’est-à-dire avant même que les faits ne soient posés. Ce mécanisme, selon l’Union, s’apparente davantage à une censure politique, incompatible avec l’État de droit et la démocratie pluraliste.
« Une régulation à priori est une censure qui ne dit pas son nom », déplore le communiqué, soulignant que les journalistes sont d’abord des historiens du présent, pas des instruments d’embrigadement.
À l’heure de la guerre, une question de cohésion
Dans un contexte national tendu, où une partie du territoire reste sous occupation et où l’appel à l’unité nationale est sur toutes les lèvres, l’UNPC questionne la logique d’une telle suspension médiatique :
« Pourquoi faire des journalistes les boucs émissaires d’un drame qui a des racines profondes ? Depuis quand les micros et les caméras tirent des balles à l’Est ? »
L’Union rappelle que, même en temps de guerre, les restrictions aux libertés doivent rester proportionnées, encadrées et justifiées. Elle plaide pour un journalisme responsable, mais libre. Et elle prévient : aucune paix durable ne se construit sur la peur et le bâillon.
Un appel à la lucidité et à la retenue
En guise de conclusion, l’UNPC appelle le CSAC à plus de discernement, l’invitant à éviter une régulation solitaire qui risque de précipiter la profession dans une spirale de tourments imprévisibles.
« Nous n’abandonnerons pas les journalistes aux griffes d’un maximalisme autoritaire », assure l’Union.
Elle enjoint enfin les professionnels des médias à faire preuve de sérénité et de professionnalisme, et à continuer à servir le peuple congolais dans l’amour de la patrie et le respect de l’éthique, même en ces temps d’épreuves.
Glad NGANGA