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Les langues maternelles dans la chanson congolaise(illustration audio)

Papa Wemba, l’un des rares musiciens attaché à la langue maternelle

La langue dominante de la musique congolaise est sans conteste le lingala. S’en suivent les trois autres langues nationales ou vernaculaires à savoir le kikongo ya leta ou munu kutuba, le swahili et le tshiluba. A la rigueur, leur utilisation s’apparente  plus à une sorte d’inégale équilibre linguistique, la mainmise du lingala dans la chanson étant évidente.

La RDC revendique quelque 450 patois mais leur présence dans la musique se remarque à peine. Ils sont écrasés par la langue dominante dont l’utilisation effrénée empêche musicalement leur épanouissement. Cette prédominance du lingala relègue la quasi-totalité des patois tribaux dans l’oubli même si les trois autres langues nationales semblent jouer les seconds rôles.

Les langues maternelles qui semblent s’effriter sont souvent l’apanage des groupes folkloriques et des griots. Ceux-ci les utilisent pour valoriser leur culture et leur identité tribales. Par ce biais, ils assurent l’épanouissement de ces rythmes anciens agonisant afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.  

Le poète Simaro

Certains artistes-musiciens et non des moindres font par intermittence un retour aux sources pour s’abreuver des rythmes folkloriques reclus dans les villages et perdus dans la ruralité. Ce faisant, la modernité va utiliser l’outil de communication du  villageois et du griot pour que le traditionnel trouve son compte dans la musique moderne.

Au cours des années allant de 1950 à 1980, des artistes-musiciens se sont donnés à cet exercice de valorisation des dialectes tribaux. A côté du lingala, des titres tirés du riche répertoire traditionnel le plus souvent relookés ont côtoyé les classiques de la musique congolaise moderne. La langue du village s’est peu à peu infiltré dans la modernité .même si son cheminement semble être un véritable parcours du combattant.

Papa Noel Neboule

Le nombre des chansons entièrement interprétées en patois ne sont pas à comparer  avec celles écrites en lingala. Au-delà de toute comparaison, elles marquent au moins leur présence dans l’espace culturel congolais. Dans la musique congolaise dite moderne le bobangi, le mbuza, le kiyanzi, le kimongo, le kitetela, le sangha sangha, le kingombe côtoient les différentes variantes du kikongo (kilemfu, kintandu, kimanianga, kindibu, kisansla, kisi ngombe, lari). En valorisant sa langue maternelle, l’artiste-musicien contribue à enrichir la musique congolaise moderne avec l’apport de ces essences traditionnelles qui fondent l’unicité du Congo culturel. Il faut aussi relever le fait que plusieurs artistes ont chanté dans les patois qui ne sont pas les leurs.

L’insertion de ces parlers spécifiquement ruraux dans la musique congolaise moderne est un atout majeur dans la connaissance du patrimoine langagier congolais. Ces langues perdues dans les campagnes du Congo profond vivifient et diversifient l’expression de la pensée et de la communication dans la chanson congolaise. Cette variété concourt tant soit peu à l’évolution voire à l’éclosion de la pluralité culturelle dans le domaine musical.

Papa Wemba dans Anyalengo

Voici un aperçu de quelques chansons

Chansons totalement en langues maternelles

https://sphynxrdc.com/wp-content/uploads/2021/09/Manzil-Manzil.mp3

•  Kintandu : Ya Mbemba, Luvuezo (Mangwana); Yambula (Mayaula).

• Kilemfu : Mamona mbwa (Bavon Marie-Marie);  Luvumbu ndoki, Kinsiona etc (Luambo).

•  Kimanianga : Buzoba bueto bua yuku (Max Alexis); Mbati, Ntangu yabele (Matingu Bastia).

•  Kisingombe : Mbanza velela (Dalienst).

• Lari : Nani akunsindila muana (Lutumba) ; Nituani ya mbi (Franklin Boukaka) ; Lubuka (Moundanda)  etc.

•  Kisansala : Umbanzanga, Yivavanga (D’Oliveira).

•  Kizombo : Muana nkento bebele, Putulezo zengele ndombe, Tuwizana, (Paul Muanga) etc.

Chansons partiellement en patois.

Samuel Malonga/Mbokamosika.com

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