L’Afrique centrale cherche son unité autour d’une monnaie unique

C’est un véritable casse-tête pour les représentants des onze Etats d’Afrique centrale réunis depuis ce jeudi à Yaoundé. Ceux-ci se rencontrent pour la cinquième fois en treize ans pour plancher sur la fusion des trois zones économiques d’Afrique centrale avec, à la clé, la question d’une monnaie unique.

Mauvaises liaisons entre les pays

Les échanges commerciaux dans les onze Etats d’Afrique centrale sont plombés par l’absence d’un réseau aérien direct entre la plupart des pays de la région.

Parfois, l’avion quittant Douala pour Kinshasa ou pour Kigali, passe d’abord par Nairobi ou Addis-Abeba, Lomé où Cotonou. L’Afrique centrale est aussi segmentée par l’usage de six monnaies différentes non convertibles entre elles.

Les visas trop coûteux, parfois au-delà de 100.000 francs CFA, comme entre Douala et Kinshasa, et les barrières douanières ne fluidifient pas non plus les mouvements de personnes et des biens du Tchad en Angola, ou du Cameroun au Burundi.

Les Etats d’Afrique centrale tentent en effet de résoudre ces problèmes d’intégration régionale lors du sommet ministériel ouvert ce jeudi dans la capitale camerounaise.

Des attentes et des défis à relever

Alamine Ousmane Mey, ministre camerounais de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire. reconnaît que l’Afrique centrale a « besoin d’une communauté économique plus forte, mais mieux structurée, en tirant naturellement les leçons du passé ». Il pointe le « faible niveau des échanges entre nos pays, l’étroitesse des marchés sous-régionaux traduisant leur faible attractivité, la pléthore des organisations communautaires qui caractérisent notre espace commun » pour expliquer « des performances encore en-deçà [des] attentes. »

Faire sauter les verrous

La fusion entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) est une option qui vise à faire sauter les verrous qui plombent le sentiment communautaire, ruinent les économies locales et font de L’Afrique centrale le ventre mou de l’intégration africaine.

Le Gabonais Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cémac, ne semble pas pour autant rassuré, au regard de certaines réticences et tendances hégémoniques perçues jusqu’à présent, notamment sur la question de la monnaie commune. « Déjà, ici et là, sur le continent, des zones monétaires sont en construction », rappelle-t-il. Et il estime que « l’adoption d’une monnaie commune est un accélérateur inclusif pour l’approfondissement de l’intégration, de la croissance et du développement économique. »

Cémac ou CEEAC ?

En somme, les débats préliminaires révèlent des dissensions sur le type de fusion et sur la monnaie : sera-ce une fusion absorption ou une fusion constitution ? C’est-à-dire : de la Cémac et de la CEEAC, laquelle absorbera l’autre ?

Les autorités de la Cémac pensent qu’elles sont mieux outillées en matière de stabilité monétaire pour absorber les sept autres pays, donc imposer le franc CFA dans les onze pays Afrique centrale.

Mais pour certains défenseurs de la monnaie communautaire, il faudra créer une nouvelle monnaie pour s’affranchir des problèmes de souveraineté que pose le francs CFA actuel.

Enfin, on observe ici à Yaoundé la grande absence des représentants de la Communauté économiques des pays des Grands Lacs, ce qui constitue d’ores et déjà un mauvais signal.

DW

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