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Afrique

LA REVOLUTION QUE LES PEUPLES SOUVERAINS D’AFRIQUEVEULENT (TRIBUNE DE MUSENE SANTINI BE-LASAYON)

Dénoncer, diaboliser et insulter, à longueur de journées, l’impérialisme occidental pluriel pour aller immédiatement s’abriter sous les aisselles d’un impérialisme oriental unique, russe en l’occurrence, sans transition, sans conditions, sans assurances claires de véritable relèvement et sans stratégies adéquates de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, ce n’est pas faire le genre de révolution à laquelle aspirent foncièrement les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. C’est plutôt livrer ces peuples, mains et pieds liés, à un nouvel impérialisme dont ils ne connaissent, ni ne maîtrisent la véritable quintessence alors qu’ils cherchent à s’émanciper de tout impérialisme en vue de se réaliser selon leurs aspirations les plus profondes.

Désemparés devant la situation généralement tragique que traversent les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique depuis 140 ans, une frange de nouveaux « révolutionnaires » africains, happés par une certaine idéologie non encore clairement cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis l’an 2000, désignent bruyamment le bourreau du continent : l’Occident pluriel (UE, Royaume-Uni, Etats-Unis et Canada) conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Donald Trump ! Ils dénoncent inlassablement, diabolisent à outrance et insultent à longueur de journées cet Occident sans foi, ni loi. Ils poussent ces peuples de les suivre dans leur haine viscérale et dans leur croisade suicidaire contre ce diable d’Occident. Et ce, dans le seul et l’unique objectif de se rapprocher spectaculairement et de s’allier orgueilleusement, sans transition, sans conditions, sans assurances claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies appropriées de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, à deux puissances mondiales orientales, principalement à la Russie de Vladimir Poutine et secondairement à la Chine de Xi Jinping.
Ils qualifient ces deux puissances mondiales d’Orient, respectivement européenne et asiatique, sans en donner des preuves irréfutables et indiscutables, de meilleures partenaires de ces peuples africains longtemps ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale. Pire, ils proclament qu’elles ont pour vocation fondamentale de libérer ces peuples de l’impérialisme occidental. Ils soutiennent leurs élucubrations en citant les cas du Mozambique, de l’Angola, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine et de la Namibie, les sept derniers pays africains à s’affranchir du joug colonial occidental, comme les preuves palpables de la magnanimité de l’URSS, aujourd’hui représentée par la Russie, et de la Chine envers l’Afrique. Effectivement, ces deux puissances mondiales d’Orient avaient beaucoup contribué, surtout militairement, à la décolonisation de ces sept pays africains. Et, en considérant sérieusement le passé colonial, postcolonial et le présent néocolonial de l’Afrique, il y a, dans ce brouhaha, beaucoup de vérité quant à la responsabilité, directe ou indirecte, de l’Occident multiple dans l’imbroglio actuel de l’écrasante majorité des pays du continent.

DES VERITES OCCULTEES

Cependant, en proclamant exclusivement et inconsidérément la Russie et la Chine comme étant ces puissances mondiales qui ont pour vocation fondamentale de libérer les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme occidental, nos nouveaux « révolutionnaires »faussent résolument l’histoire sur trois plans. Premièrement,ils font délibérément croire que l’Occident collectif n’a jamais aidé les pays colonisés à se défaire du joug colonial et à se relever, une fois indépendants, sur les plans politique, économique, social et culturel. D’où, sans connaître, ni les tenants, ni les aboutissants de ce à quoi ces derniers les convient, le commun des mortels, travaillés par cette propagande plus émotionnelle que rationnelle, reprennent en chœur à travers le continent : « Les Occidentaux, et surtout les Américains, sont très mauvais ! » Et pourtant, les Etats-Unis d’Amérique, le leader incontesté de ce diable d’Occident, avaient vivement recommandé, à l’issue de la seconde guerre mondiale, aux six puissances coloniales européennes(Royaume-Uni, France, Portugal, Belgique, Espagne et Pays-Bas) de décoloniser toute l’Afrique le plus rapidement possible. Ils ont, par ailleurs, intensément participé, aux côtés des partis politiques nationaux de leur obédience idéologique,aux différentes luttes de libération des sept pays africains précités du joug colonial. Malheureusement, ils ont commis, avec d’autres pays occidentaux, la grave erreur stratégique de soutenir au même moment, en Angola par exemple, deux partis politiques du même bord idéologique, le FNLA de Holden Roberto et l’UNITA de Jonas Savimbi, mais deux partis politiques totalement divisés sur le plan organisationnel et militaire. Ceux-ci étaient, en plus, insuffisamment implantés à travers le pays par rapport à leur seul et unique adversaire, le MPLA d’Agostino Neto. Malgré leur faible couverture du pays et leur faible emprise sur la société angolaise, ils ont misé sur les élections démocratiques pour accéder, à l’indépendance, au pouvoir. Mais, le MPLA, marxiste-léniniste, fortement soutenu par les régimes dictatoriaux d’URSS, de Chine et de Cuba, était de très loin mieux organisé que le FNLA et l’UNITA sur tous les plans. Suite à sa longue expérience de lutte pour l’indépendance et à son occupation totale et stratégique du terrain, le MPLA était, en plus, de très loin plus uni et plus ancré que ses adversaires dans la société angolaise. Malgré ces avantages sur le plan démocratique, il a stratégiquement et brusquement avantagé, en dernière minute, l’option militaire pour attaquer par surprise et battre ses adversaires. D’où, l’échec du FNLA, de l’UNITA et de l’Occident pluriel, leur sponsor. Et puis, en dehors des six puissances coloniales européennes précitées,tous les pays occidentaux restant n’avaient jamais manifesté de velléités expansionnistes ni envers l’Afrique, ni envers les autres continents. Au contraire, des pays tels que la Suède, la Norvège, le Danemark, la Finlande, la Suisse, l’Islande, le Luxembourg, le Canada, l’Irlande, l’Autriche, l’Italie, la Grèce, etc, alors pilotés par des dirigeants politiques de centre gauche ou de centre droit, ont également beaucoup soutenu l’Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, l’Île du Cap Vert, le Zimbabwe, la République Sud-Africaine et la Namibie dans leurs luttes respectives de libération du joug colonial portugais, néerlandais et britannique. Enfin, les Etats-Unis d’Amérique demeurent la seule et l’unique puissance mondiale à avoir massivement aidé, sur tous les plans, tous les pays d’Amérique, d’Océanie et certains pays d’Asie à se libérer du joug colonial espagnol, portugais, britannique, néerlandais et français.
Deuxièmement, l’Occident multiple est, en tant qu’ancienne puissance coloniale, la seule puissance mondiale à avoir posé, malgré ses crimes historiques indéniables et inoubliables, les bases du développement de l’Afrique. Il y avait, en effet,massivement investi dans tous les secteurs d’activités. Certes, pour ses propres intérêts d’abord, mais aussi, et ce par ricochet, pour ceux de ses différentes colonies. Même après les indépendances, l’Occident est resté la principale puissance mondiale qui a réellement accompagné, tant bien que mal, l’Afrique dans son combat pour le développement. Ce qui a malheureusement contribué au renforcement de sa toute-puissance sur ce continent. Mais, la situation que vit actuellement le continent incombe, non seulement à l’Occident, mais également à la majorité des dirigeants politiques africains. Ceux-ci, souvent corrompus et rarement compétents, sont généralement complaisants envers les puissances étrangères. Ils pillent, de connivence avec ces dernières, leurs propres pays. Un exemple concret pour convaincre : Le Congo-Belge, l’actuelle RDC, avait, à son accession à l’indépendance en 1960, le même niveau de développement socio-économique que la province franco-canadienne du Québec. Il était également, et ce de très loin, plus avancé que la Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong, Taïwan et la République Sud-Africaine (RSA) en cette matière. Mais, la province franco-canadienne du Québec est devenue, quelques années seulement après, l’une des principales provinces les plus politiquement, économiquement, socialement et culturellement développées de la Fédération du Canada. Ce qui a contribué au placement de ce pays d’Amérique du Nord parmi les principales puissances mondiales. Alors que la Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong et Taïwan, qui ne comptent généralement que sur la conscience, l’intelligence, la créativité et le travail de leurs citoyens, font actuellement partie intégrante des principaux pays émergents du monde, la RDC, le fameux scandale géologique, conduite par ses propres fils manipulés par des puissances étrangères, est plutôt redescendue au bas de l’échelle sociale mondiale.

Or, la Russie, que nos nouveaux « révolutionnaires » ont tous sur les lèvres aujourd’hui, est présente en Afrique en général et en RDC en particulier depuis 1960 par l’URSS interposée. Mais, elle n’y a jamais réellement investi comme tel, surtout en matière de développement socio-économique. Certes, elle vient de conclure, fin 2024, des accords de coopération avec quinze pays africains dans le secteur de l’énergie nucléaire. Malgré ce geste, on ne peut s’empêcher de constater qu’il n’existe, au bénéfice de la RDC par exemple, aucune entreprise, aucune banque, aucune école, aucun hôpital, aucun barrage, aucun pont, aucune chaussée, aucun rail, aucun immeuble, etc, comme fruit de la coopération soviétique ou russe! Au contraire, cette puissance mondiale a fortement contribué, dès l’accession du pays à l’indépendance,  à sa déstabilisation. En y créant, en y finançant et en y soutenant des rébellions entre 1961 et 1965 et entre 1977 et 1978. Et ce, dans l’objectif de faire basculer la RDC dans son camp. Aujourd’hui, l’implantation de ses mercenaires du groupe Wagner, qui assurent en réalité la sécurité de ses nouveaux amis au pouvoir en Afrique, constitue l’essentiel de ses investissements ici. Elle en tire indubitablement d’immenses prébendes et dividendes. Quant à la Chine, après avoir appuyées des rébellions en RDC et dans certains autres pays africains au cours des années 1960, elle y a, par la suite, changé de stratégies. Et ce, à partir de la décennie 1970. Depuis lors, elle fait mieux que la Russie en Afrique. Elle y mène, sans trop de bruits, des investissements qui contribuent, tant soit peu, à la création d’emplois et de la croissance dans certains pays. Mais, il demeure que le comportement réel de cette puissance économiquement ultra-capitaliste n’est, dans le fond, pas tellement différent de celui de l’Occident pluriel et de la Russie seule. Elle gagne souvent, comme ces derniers, de 20 à 50 fois plus que ses soi-disant partenaires africains dans tout ce qu’ils font ensemble. Le cas de la joint-venture Sicomines, un important programme d’exploitations minières contre les infrastructures de base dont la RDC a cruellement besoin pour son développement durable, constitue l’un des exemples les plus éloquents à ce sujet.

Troisièmement, enfin, l’Occident pluriel est la seule et l’unique puissance mondiale qui a énormément et réellement contribué à l’affranchissement des peuples d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale du joug russe, tsariste et soviétique, subi durant plus de deux siècles! Ce qui fait terriblement fâcher et exaspérer Vladimir Poutine qui vocifère quotidiennement contre l’Occident. En effet, depuis l’an 2000 qu’il est au pouvoir, il tente de récupérer cette partie du monde par des guerres qu’il impose à certaines anciennes républiques fédérées soviétiques devenues indépendantes (Géorgie, Ukraine, etc) et par des menaces outrageantes proférées contre certaines autres (Moldavie, Lituanie, Estonie, etc) et quelques-uns des pays que l’URSS avait enfermés, pendant sept décennies, dans un camp retranché du monde (Pologne, Roumanie, etc). Mais, en vain, jusque-là !

Ressusciter ces faits pourtant réels, mais volontairement occultés par nos nouveaux « révolutionnaires » pour les besoins de la cause qu’ils promeuvent, ce n’est pas du tout défendre l’Occident, le diable, contre la Russie et la Chine, les saintes, comme l’insinueraient certainement les adeptes implacables de cette idéologie non encore bien cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis 25 ans. Non! Il s’agit plutôt de rétablir la vérité historique indispensable à l’avancement éclairé, correct et juste du monde, de faire preuve d’honnêteté intellectuelle et d’objectivité scientifique que certains enterrent dans ce genre de débat. D’où, justement, cette pertinente question découlant des courageuses observations ci-dessus évoquées: Peut-on sincèrement, sérieusement et consciemment prétendre que, pour avoir joué, à un moment donné ou à un autre de leur histoire particulière, ce bon et beau rôle de libérateurs des opprimés, l’Occidentmultiple, la Russie seule et la Chine seule jouent toujours franc jeu à l’égard de ces derniers et de l’opinion public internationale?

Si la Russie, tsariste, soviétique et poutinienne, avait pour vocation fondamentale d’affranchir les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme occidental pluriel,  comment alors expliquer son propre rejet ou abandon actuel par l’écrasante majorité des pays d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale dont elle était, pendant plus de deux siècles, la seule et l’unique puissance impériale ? Pourquoi ces pays se sont-ils rapprochés et ralliés à l’Occident, le diable? Comment expliquer que la Guinée-Conakry de Sékou Touré, qui avait bruyamment tourné le dos, en 1958, à la France du général Charles De Gaulle pour aller immédiatement se mettre sous la protection de l’URSS de Nikita Khrouchtchev, ne faisait-elle que dégringoler jusqu’en 1984? Pourquoi Cuba de Fidel Castro, qui s’était militairement et orgueilleusement débarrassé en 1959, grâce à l’URSS, du régime dictatorial du général Batista soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, demeure-t-il toujours au bas de l’échelle sociale mondiale? Comment expliquer que la République d’Angola, pourtant « libérée » militairement en 1975 du joug colonial portugais par l’URSS, la Chine et Cuba, est devenue la plus importante alliée des Etats-Unis d’Amérique en Afrique des Grands Lacs et non la RDC?

De même, si l’Occident pluriel avait pour vocation fondamentale de libérer les Etats longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale de l’impérialisme russe, comment alors expliquer qu’il ait par ailleurs lui-même colonisé, à lui seul, environ 70% des pays constituant le monde? Pourquoi des pays latino-américains tels que Cuba de Fidel Castro, le Chili de Salvador Allende, le Venezuela d’Hugo Chavez, le Nicaragua des sandinistes, le Panama du général Manuel Noriega, etc, se sont-ils retournés, à certains moments de l’histoire, contre les Etats-Unis d’Amérique, pourtant leurs « libérateurs » du joug colonial espagnol, pour devenir les bons amis de l’URSS, de la Chine et de Cuba? Comment expliquer que le Mali du colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré et le Niger du général Abdourahamane Tiani se distancient aujourd’hui de la France d’Emmanuel Macron qui, pourtant, les couvait comme une mère poule, pour se rapprocher et s’allier spectaculairement et orgueilleusement à la Russie de Vladimir Poutine?

LA VOCATION DE L’IMPERIALISME

Les raisons fondamentales de ces multiples et divers retournements historiques de situations que subissent, de temps à autre, toutes les grandes puissances mondiales se trouvent dans la nature et la vocation même de l’impérialisme qu’elles incarnent. En effet, tous les impérialismes, quels que soient leur nationalité, leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques, leur mode opératoire, leur style de coopération et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent indistinctement, à toutes les époques et en tous lieux, le même but ultime: réduire les autres Etats, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle. En vue de les exploiter à leur guise. Telle est la nature et la vocation première et particulière de l’Occident pluriel, dont le chef de file, les Etats-Unis d’Amérique, trône, depuis bientôt un siècle, au sommet de l’Univers en tant que la seule et l’unique superpuissance mondiale. Conservateur, libéral, démocratique et capitaliste, l’Occident collectif de Donald Trump n’entend pas céder, vu son omnipuissance, ce titre de superpuissance mondiale à l’un de ses concurrents. Telle est également la vocation première et particulière de la Russie, tsariste, soviétique et poutinienne, qui avait malmené, durant plus de deux siècles, la majorité des pays d’Europecentrale, tous les pays d’Europe orientale et d’Asie centrale avant de les enfermer, durant 70 ans, dans un camp retranché du monde. Ultranationaliste, conservatrice, tyrannique, totalitaire et capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine vise de déloger, au moyen de sa puissance nucléaire militaire, les Etats-Unis d’Amérique du sommet du monde afin de l’y remplacer et de s’y établir seule. Il en est de même de la Chine qui avait intégré, par la violence armée, les régions non chinoises de Mongolie intérieure, du Tibet et d’autres pays d’Asie en son sein. Tyrannique, totalitaire, politiquement communiste et économiquement ultra-capitaliste, la Chine de Xi Jinping tient à accéder au titre géopolitique le plus convoité de tous, celui de superpuissance mondiale, par le biais de sa puissance économico-commerciale fulgurante qui donne de l’insomnie à tous ses concurrents, et particulièrement aux Etats-Unis d’Amérique. Ceux-ci en font, depuis plus d’une décennie déjà, leur adversaire, si pas leur ennemie, numéro un.

Ces trois impérialismes suprêmes se distinguent plus ou moins par les systèmes idéologiques déterminant leur comportement, leurs attitudes et leurs pratiques. Mais, toutes les idéologies étant hégémoniques, tous ces impérialismes se ressemblent par leur hégémonisme intransigeant et cruel face à tous les autres Etats du reste du monde. Seules d’infimes nuances d’approcheet de style, dans leur mode particulier de propagande et d’opération, les rapprochent ou les éloignent de leurs victimes expiatoires que sont les Etats faibles qu’ils tiennent à éblouir et à s’attacher. Ce sont ces anodines nuances d’approche et de style, et rien d’autre, qui illusionnent leurs victimes expiatoires à travers le monde. En effet, chacun de ces impérialismes suprêmes fait croire à chacune des proies qu’il vise qu’il est particulièrement plus vertueux que les autres. Or, ils pratiquent tous, en réalité, la même politique d’expansion que l’on peut résumer en ces quelques mots: « Ôte-toi de là pour que je m’y mette. » C’est-à-dire, pour se faire de la place au milieu des Etats faibles qu’ils convoitent au détriment de leurs concurrents, chaque impérialisme se transforme et se présente astucieusement en agneau devant les proies qu’il vise. Ce n’est qu’au fil du temps que leur véritable face se fait progressivement découvrir. Mais, entre eux, ils se donnent réciproquement, à des moments qu’ils jugent opportuns, des coups tantôt mortels (cas de la dislocation, en 1991, de la géante URSS), tantôt asphyxiants (cas des évènements du 11 septembre 20O1 aux USA).

L’Occident pluriel, la Russie seule et la Chine seule sont donc perpétuellement en guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale. C’est dans ce contexte que l’Occident collectif, se fondant sur sa toute-puissance dans tous les domaines, a débauché l’écrasante majorité des pays de l’ex camp soviétique centre européen, est-européen et centrasiatique, la seule et l’unique véritable chasse gardée historique de la Russie, pour asphyxier celle-ci. C’est dans ce cadre aussi que la Russie, de son côté, se campant particulièrement sur l’aspect sécurité lié à sa suprématie relative en matière du nucléaire militaire, tente de débaucher l’Afrique, l’une des multiples chasses gardées de l’Occident collectif à travers le monde. En armant et en mettant ses mercenaires du groupe Wagner à la disposition des pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ravagés par le terrorisme islamiste sahélien,pour les éblouir et se les attacher dans l’objectif principal de réduire sensiblement l’influence occidentale ici. Entre temps, à partir de la République Centrafricaine où elle compte déjà quelques contingents de ses mercenaires du même groupe Wagner, la Russie de Vladimir Poutine voudrait étendre son influence sur la République Islamique du Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et surtout sur la RD-Congo, eux aussi touchés par le terrorisme, afin de disposer d’une véritable plateforme régionale. La Chine, plus que la Russie, avançant des arguments particulièrement économico-commerciaux, s’introduit de plus en plus quasiment partout en Afrique, une fée actuellement courtisée par les puissances mondiales de toutes les catégories.

Cette lutte pour l’hégémonie géopolitique mondiale est incontestablement le seul et l’unique motif fondamental pour lequel les trois impérialismes suprêmes s’affrontent, par l’intermédiaire de leurs laquais locaux, dans la quasi-totalité des guerres qui ont lieu à travers le monde. Mais, il nous semble que les nouveaux « révolutionnaires » africains, en s’alignant sans conditions derrière la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident pluriel de Donald Trump, donnent l’impression de ne pas réaliser que cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale n’est pas leur guerre, qu’elle ne sert et ne servira véritablement que les intérêts stratégiques globaux, soit des seules puissances mondiales orientales, soit des seules puissances mondiales occidentales, mais jamais directement ceux de leurs peuples respectifs qu’ils croient incarner et servir ainsi. S’ils étaient vraiment conscients de leur mission, celle de reconquérir la dignité, l’indépendance et la souveraineté de leurs peuples longtemps meurtris, ils ne devraient plus jamais compter, prioritairement et essentiellement, ni sur les seuls impérialistes russes, ni sur les seuls impérialistes chinois, ni sur les seuls impérialistes occidentaux, mais bien plutôt, avant tout et après tout, sur les patriotes nationaux politiquement éveillés, les seuls et uniques véritables responsables attitrés de la conception, de l’élaboration et de la construction du destin particulier de leurs pays respectifs et commun de leur continent.

En effet, il est établi que tous les impérialismes demeurent essentiellement égocentriques. C’est-à-dire, tout en s’efforçant d’être aux côtés des faibles, avec les faibles et pour les faibles, ils restent foncièrement, à 99%, accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts stratégiques globaux. D’où, aucun d’eux n’a jamais eu et n’aura jamais pour objectif final d’aider ne fût-ce qu’un seul pays africain à sortir du sous-développement. Autrement dit, malgré leurs minces et légères différences d’approche et de style, il n’existe, entre l’impérialisme pluriel occidental, l’impérialisme unique russe et l’impérialisme unique chinois, d’impérialisme qui soit ni vertueux, ni plus vertueux que les autres. Ils sont plutôt, tous indistinctement, des prédateurs très peu soucieux de la solidité et de la qualité d’existence de leurs sous-fifres. Mieux, ils sont les monstres les plus froids des monstres. D’où, quiconque se laisse irrationellement succomber à la propagande mielleuse de l’un ou l’autre de ces vautours insatiables, en feignant d’ignorer l’éternel but ultime qu’ils poursuivent inlassablement tous, à toutes les époques et en tous lieux, est un faible d’esprit, un égocentrique, un corrompu, un aliéné, un traître ou un incompétent politique qui s’ignore.

LA REVOLUTION ESCOMPTEE

D’où, dénoncer inlassablement, diaboliser à outrance et insulter à longueur de journées l’impérialisme occidental pluriel pour aller immédiatement et bruyamment s’abriter sous les aisselles d’un impérialisme oriental unique, russe en l’occurrence ou chinois en second lieu, sans transition, sans conditions, sans assurances claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies adéquates de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, ce n’est pas faire le genre de révolution à laquelle aspirent foncièrement les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. Agir ainsi à l’égard de ces peuples, c’est les livrer, mains et pieds liés, à un nouvel impérialisme dont ils ne connaissent, ni ne maîtrisent la véritable quintessence, les faire enchaîner, aliéner et embrouiller davantage. C’est leur imposer une nouvelle tutelle impérialiste alors qu’ils cherchent à s’émanciper de tout impérialisme en vue de se réaliser selon leurs aspirations les plus profondes. Et c’est malheureusement ce que certains leaders historiques africains, que l’on qualifiait abusivement de révolutionnaires, tels qu’Ahmed Sékou Touré, avaient fait à  leurs peuples. S’étant beaucoup plus illustrés par la propagande, la démagogie et la dictature que par des actions positives concrètes au profit de leurs peuples, ils ont tous lamentablement échoué sur tous les plans. En tout cas, la révolution à laquelle les peuples souverains longtemps assujettis d’Afrique tiennent tant, ce n’est pas ce simple et bruyant changement de tutelle impérialiste que l’on observeactuellement à travers le continent.

Non! Les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique visent plutôt, au plus haut point, une véritable révolution conçue et  élaborée par eux-mêmes, en fonction de leurs propres idéaux sociaux et de leurs propres et réels intérêts supérieurs, planifiée, testée, mise en œuvre, menée, évaluée, réajustée, maîtrisée et contrôlée, dans chacun de leurs pays respectifs, par ceux des patriotes nationaux politiquement éveillés et hautement qualifiés (formés, expérimentés et compétents), vraiment dotés de la vertu politique et réellement non inféodés à l’une ou l’autre des puissances impériales mondiales. C’est-à-dire, visiblement libérés de tous les impérialismes, mais en même temps capables de traiter, dans la dignité et en toutes responsabilités, avec les puissances impériales de toutes les nationalités, de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques, selon les besoins réels, sélectionnés par eux-mêmes, de leur pays respectifs.

La révolution que les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique veulent coûte que coûte atteindre et vivre concrètement, c’est celle qui leur permet de changer profondément et positivement leurs structures idéologico-culturelles, mentales, politiques, économiques et sociales. Celle qui leur inculque la mentalité de battant et de gagnant en face de n’importe quel partenaire en envisageant de meilleures perspectives devant conduire leurs pays respectifs  et leur continent vers le haut de l’échelle sociale mondiale. C’est celle qui est susceptible de les amener à se débarrasser irrémédiablement de la gestion prédatrice, de la mauvaise gouvernance publique, des détournements massifs et impunis des fonds et des biens publics, mieux, de la corruption institutionnalisée qui gangrène leurs pays.

C’est celle qui leur permet de s’affranchir de la pauvreté endémique, de la misère abjecte et insoutenable, de l’insécurité multidimensionnelle, multisectorielle et multiforme, de la dépendance chosifiant, bref, du sous-développement organisé qui les accable depuis 140 ans. C’est celle qui change profondément leurs conditions de travail et par conséquent leurs conditions de vie. C’est cellequi, fondée sur l’Etat-éthique, c’est-à-dire sur l’Etat de droit et de démocratie, les rend capables de se réhabiliter dans leur dignité humaine en tant que peuples réellement libres, indépendants, souverains et de se prendre, eux-mêmes, en charge. En bref, la révolution à laquelle ils veulent aboutir à tout prix, c’est celle qui fait d’eux des partenaires réellement et visiblement considérés et respectés des peuples des puissances impériales mondiales de toutes les nationalités, de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques. Car, rendus leurs égaux, en droits et en devoirs, pour le reste de l’histoire. Tout en continuant à entretenir de bonnes relations diplomatiques et de coopération au développement avec des partenaires de leur propre choix, dont les incontournables puissances idéologiques et hégémoniques mondiales.
Cependant, pour que ces peuples longtemps opprimés, méprisés, meurtris et ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale parviennent, un jour, à assouvir leur soif profonde, celle de remettre, eux-mêmes, leur continent et leurs pays respectifs sur leurs pieds fermes, il faudrait que l’écrasante majorité de leurs intellectuels, surtout organiques, de leurs leaders et chefs, surtout politiques, et de leurs citoyens ordinaires, surtout de la couche supérieure, se réapproprient préalablement et pleinement leur personnalité et aient foi en eux-mêmes. Ceci exige qu’ils se dépouillent résolument et irrémédiablement de l’aliénation qui les habite, les mène et les fait échouer depuis la traite négrière.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON                                

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