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Afrique

LA REVOLUTION A LAQUELLE ASPIRENT FONCIEREMENT LES PEUPLES MEURTRIS D’AFRIQUE

 

(Tribune de MUSENE SANTINI BE-LASAYON)

Dénoncer, diaboliser à outrance et insulter à longueur de journées l’impérialisme pluriel occidental pour aller immédiatement s’abriter sous les aisselles d’un impérialisme unique, russe ou chinois, sans transition, sans conditions, sans assurances sûres et claires de véritable relèvement et sans stratégies adéquates de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, équivaudrait, ni plus, ni moins, à livrer, mains et pieds liés, les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique à un nouvel impérialisme dont ils ne connaissent, ni ne maîtrisent la véritable quintessence.

Désemparés devant la situation généralement tragique que traversent les peuples opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique depuis 140 ans, une frange de nouveaux « révolutionnaires » africains, happés par une certaine idéologie non encore clairement cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis l’an 2000, désignent bruyamment le bourreau du continent : l’Occident pluriel (Union Européenne, Royaume-Uni, Etats-Unis d’Amérique et Canada) conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Donald Trump ! Ils dénoncent, diabolisent à outrance et insultent à longueur de journées cet Occident sans foi, ni loi. Ils poussent les peuples longtemps assujettis d’Afrique de les suivre dans leur haine viscérale et leur croisade suicidaire contre ce diable d’Occident. Ils se rapprochent et s’allient spectaculairement, sans transition, sans conditions, sans assurances sûres et claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies appropriées de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, à deux puissances mondiales orientales, principalement à la Russie de Vladimir Poutine et secondairement à la Chine de Xi Jinping.

Ils qualifient ces deux puissances mondiales d’Orient, respectivement européenne et asiatique, sans en donner des preuves indiscutables, de meilleures partenaires des peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. Pire, ils clament qu’elles ont pour vocation fondamentale de libérer ces peuples de l’impérialisme occidental. Ils soutiennent leurs élucubrations en citant les cas du Mozambique, de l’Angola, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine et de la Namibie, les sept derniers pays africains à s’affranchir du joug colonial occidental, comme les preuves palpables de la magnanimité de l’URSS, aujourd’hui représentée par la seule et l’unique Russie, et de la Chine envers l’Afrique. Effectivement, ces deux puissances mondiales avaient beaucoup contribué, surtout militairement, à la décolonisation de ces sept pays africains. Mais, seulement, voilà ! En présentant la question de cette manière, on fait délibérément croire que l’Occident multiple n’a jamais aidé les pays colonisés à se défaire du joug colonial et à se relever, une fois indépendants, sur les plans politique, économique, social et culturel. D’où, sans connaître ni les tenants, ni les aboutissants de ce à quoi ces derniers les convient, le commun des mortels africains, travaillés à fond par cette propagande plus émotionnelle que rationnelle, reprennent en chœur à travers le continent : « Les Occidentaux, et surtout les Américains, sont très mauvais ! »

DES VERITES OCCULTEES

Certes, en considérant sérieusement le passé colonial, postcolonial et le présent néocolonial de l’Afrique, il y a, dans ce brouhaha, beaucoup de vérité quant à la responsabilité, directe ou indirecte, de l’Occident dans l’imbroglio actuel de l’écrasante majorité des pays du continent. Cependant, en proclamant exclusivement et inconsidérément la Russie et la Chine comme étant ces puissances mondiales ayant pour vocation fondamentale de libérer les peuples opprimés, méprisés et meurtris de l’impérialisme occidental, on fausse résolument l’histoire sur trois plans. Premièrement, l’Occident pluriel, par le biais des Etats-Unis par exemple, a aussi intensément participé, aux côtés des partis politiques nationaux de son obédience idéologique, aux différentes luttes de libération des pays précités du joug colonial. Malheureusement, il a commis la grave erreur stratégique de soutenir au même moment, en Angola par exemple, deux partis politiques du même bord idéologique, le FNLA de Holden Roberto et l’Unita de Jonas Savimbi, mais totalement séparés et divisés sur le plan organisationnel et militaire. Ils étaient, en plus, insuffisamment implantés dans le pays par rapport à leur adversaire unique, le MPLA d’Agostino Neto. Malgré leur faible emprise sur la société angolaise, ils ont misé sur les élections démocratiques pour accéder, à l’indépendance, au pouvoir. Mais, leur seul adversaire, le MPLA, marxiste-léniniste, fortement soutenu par les régimes autoritaires d’URSS, de Chine et de Cuba, était de très loin mieux organisé que les deux autres partis sur tous les plans. Suite à sa longue lutte et à son occupation totale et stratégique du terrain, ce parti était, en plus, de très loin plus uni et plus ancré que ses deux adversaires dans la société angolaise. Malgré ces avantages sur le plan démocratique, le MPLA a brusquement et stratégiquement avantagé, en dernière minute, l’option militaire pour battre ses adversaires. Tout cela a contribué à l’échec du FNLA et de l’Unita et, avec eux, l’Occident pluriel, leur sponsor. Et puis, en dehors des sept puissances européennes (Royaume-Uni, Espagne, France, Portugal, Allemagne, Pays-Bas et Belgique), qui avaient colonisé toute l’Afrique, tous les pays occidentaux restant n’avaient jamais manifesté de velléités expansionnistes ni envers l’Afrique, ni envers les autres continents. Au contraire, des pays tels que la Suède, la Norvège, le Danemark, la Finlande, la Suisse, l’Islande, le Luxembourg, le Canada, l’Irlande, l’Autriche, l’Italie, la Grèce, etc, ont également beaucoup soutenu l’Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, l’Île du Cap Vert, le Zimbabwe, la République Sud-Africaine et la Namibie dans leurs luttes de libération du joug colonial occidental, particulièrement portugais, néerlandais et britannique. Enfin, les Etats-Unis d’Amérique sont et demeurent la seule et l’unique puissance mondiale à avoir massivement aidé, et ce sur tous les plans, tous les pays d’Amérique, d’Océanie et certains pays d’Asie à se libérer du joug colonial occidental, en l’occurrence espagnol, portugais, britannique, néerlandais et français.

Deuxièmement, l’Occident multiple est, en tant qu’ancienne puissance coloniale, la seule puissance mondiale à avoir posé, malgré ses crimes inoubliables, les bases du développement de l’Afrique. Il y avait, en effet, massivement investi dans tous les secteurs d’activités. Certes, pour ses propres intérêts d’abord, mais aussi et ce par ricochet, en moindre quantité et qualité, pour ceux de ses différentes colonies. Même après les indépendances, il demeure la principale puissance mondiale qui a réellement accompagné, tant bien que mal, l’Afrique dans son combat pour le développement. Ce qui a malheureusement contribué au renforcement de son omnipuissance au détriment de l’Afrique. Cependant, la situation que vit actuellement le continent incombe, non seulement à l’Occident, mais également et surtout aux dirigeants politiques africains. Ceux-ci, souvent corrompus et rarement compétents, sont généralement complaisants envers les puissances étrangères. Un exemple concret pour convaincre : Le Congo-Belge, l’actuelle RDC, avait, à son accession à l’indépendance en 1960, le même niveau de développement socio-économique que la province franco-canadienne du Québec. Il était, par ailleurs, de très loin plus avancé que la Corée du Sud, le Singapour, le Hong-Kong et le Taïwan en cette matière. Mais, la province franco-canadienne du Québec est devenue, quelques années plus tard, l’une des principales provinces les plus politiquement, économiquement, socialement et culturellement développées de la Fédération du Canada. Ce qui a placé ce pays d’Amérique du Nord parmi les principales puissances mondiales. Alors que la Corée du Sud, le Singapour, le Hong-Kong et le Taïwan, qui ne comptent généralement que sur l’intelligence, l’esprit créatif et le travail de leurs citoyens, font actuellement partie intégrante des principaux pays émergents du monde, la RDC, le fameux scandale géologique, est plutôt redescendue au bas de l’échelle sociale mondiale.

Mais, la Russie, généralement présente en Afrique depuis 1960 par l’URSS interposée, n’y a jamais réellement investi comme tel, surtout en matière de développement socio-économique. Certes, elle vient de conclure, fin 2024, des accords de coopération avec quinze pays africains dans le secteur de l’énergie nucléaire. Mais, il n’existe en RDC par exemple, aucune entreprise, aucune banque, aucune école, aucun hôpital, aucun barrage, aucun pont, aucune chaussée, aucun rail, aucun immeuble public ou privé, etc, comme fruit de la coopération soviétique ou russe! Au contraire, cette puissance mondiale a contribué à la déstabilisation de la RDC. En y soutenant totalement des rébellions entre 1961 et 1963 et entre 1977 et 1978. Aujourd’hui, l’implantation de ses mercenaires du groupe Wagner, qui assurent en réalité la sécurité de ses nouveaux amis au pouvoir, constitue l’essentiel de ses investissements en Afrique. Et il n’y a aucun doute qu’elle en tire d’immenses prébendes et dividendes. Quant à la Chine, après avoir appuyé des rébellions en RDC et dans certains autres pays africains au cours des années mille neuf cent soixante, y a généralement, par la suite, changé de stratégies. Et ce, à partir de la décennie mille neuf-cent soixante-dix. Depuis lors, elle fait de loin mieux que la Russie en Afrique. Elle y mène, sans trop de bruits, des investissements qui contribuent, tant soit peu, à la création d’emplois et de la croissance dans certains pays. Mais, le comportement réel de cette puissance économiquement ultra-capitaliste n’est, dans le fond, en rien différent de celui de l’Occident et de la Russie. Elle gagne souvent de 20 à 50 fois plus que ses soi-disant partenaires africains dans tout ce qu’ils font ensemble. Le cas de la joint-venture Sicomines, un important programme d’exploitations minières contre les infrastructures de base dont la RDC a cruellement besoin pour son développement durable, en est l’un des exemples les plus illustres dans ce contexte.

Troisièmement, enfin, l’Occident pluriel est la seule et l’unique puissance mondiale qui a énormément contribué à l’affranchissement des peuples d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale du joug russe, tsariste et soviétique, subi et enduré durant plus de deux siècles ! Ce qui fait terriblement fâcher et exaspérer Vladimir Poutine. Il vocifère quotidiennement contre l’Occident en général et les Etats-Unis en particulier. En effet, depuis 25 ans qu’il est au pouvoir, il tente de récupérer cette partie du monde, dont sa Russie était la seule et l’unique puissance impériale, par des guerres imposées à certaines de ses anciennes républiques fédérées devenues indépendantes (Géorgie, Ukraine, etc) et des menaces outrageantes adressées à certaines autres (Moldavie, Lituanie, etc) et à quelques-uns des pays qu’elle avait enfermés, pendant sept décennies, dans un camp retranché du monde (Pologne, Roumanie, etc). Mais, en vain, jusque-là !

Remettre sur la place publique ces faits sociaux volontairement occultés pour les besoins de la cause, ce n’est pas du tout soutenir l’Occident, le diable, contre la Russie et la Chine, les saintes, comme l’insinueraient certainement les adeptes implacables de cette idéologie non encore bien cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis 25 ans. Non ! Il s’agit plutôt de rétablir la vérité historique indispensable à l’avancement éclairé, correct et juste du monde, de faire preuve d’honnêteté intellectuelle et d’objectivité scientifique que certains enterrent dans ce genre de débat. D’où, justement, cette pertinente question découlant des courageuses observations ci-dessus énoncées: Peut-on sincèrement, sérieusement et consciemment prétendre que, pour avoir joué, à un moment donné ou à un autre de leur histoire particulière, ce bon et beau rôle de libérateurs des opprimés, l’Occident multiple, la Russie seule et la Chine seule jouent toujours franc jeu à l’égard de ces derniers et de l’opinion internationale? Ont-ils réellement pour vocation fondamentale d’affranchir les Etats faibles du joug des uns et des autres impérialismes?

S’il en était ainsi, comment alors expliquer l’arriération sociale des pays et peuples d’Europe centrale, d’Europe orientale et surtout d’Asie centrale, qui n’avaient pourtant eu, pendant plus de deux siècles, pour seule et unique puissance impériale que la Russie, tsariste et soviétique? Comment expliquer l’abandon de la Russie de Vladimir Poutine par l’écrasante majorité de ces pays aujourd’hui rapprochés et ralliés à l’Occident, le diable d’hier? Comment expliquer que la Guinée-Conakry de Sékou Touré, qui avait bruyamment tourné le dos, en 1958, à la France du général Charles De Gaulle pour aller immédiatement se mettre sous la protection de l’URSS de Nikita Khrouchtchev, est devenue plus pauvre, plus misérable et plus arriérée que jamais auparavant ? Pourquoi Cuba de Fidel Castro, qui s’était militairement débarrassé, en 1959, du régime dictatorial du général Batista alors soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, pour rejoindre le camp soviétique, ne se trouve-t-il même pas parmi les pays dits émergents? Comment expliquer que l’Angola, supposée libérée en 1975 du joug colonial portugais par l’URSS, est devenue la plus importante et la plus sûre alliée des Etats-Unis d’Amérique en Afrique des Grands Lacs?

De même, si l’Occident multiple avait pour vocation fondamentale de libérer les Etats opprimés, méprisés et meurtris d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale de l’impérialisme russe, comment alors expliquer que ce même Occident ait par ailleurs colonisé, à lui seul, environ 70% des pays constituant le monde? Pourquoi des pays latino-américains tels que Cuba de Fidel Castro, le Chili de Salvador Allende, le Venezuela d’Hugo Chavez, le Nicaragua des sandinistes, le Panama du général Manuel Noriega, etc, se sont-ils retournés, à certains moments de l’histoire, contre les Etats-Unis d’Amérique, leurs prétendus libérateurs, pour devenir les amis de la Russie et de la Chine? Comment expliquer que le Mali du colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré et le Niger du général Abdourahamane Tiani se distancient aujourd’hui de la France d’Emmanuel Macron qui, pourtant, les couvait comme une mère poule, pour se rapprocher et s’allier spectaculairement à la Russie de Vladimir Poutine et à la Chine de Xi Jinping?

LA VOCATION DE L’IMPERIALISME

Les raisons fondamentales de ces multiples et divers retournements de situations que subissent, de temps à autre, toutes les grandes puissances mondiales depuis l’antiquité se trouvent dans la nature et la vocation même de l’impérialisme qu’elles incarnent et représentent. En effet, tous les impérialismes, quels que soient leurs couleurs idéologiques, leurs origines géographiques, leur approche opératoire et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent indistinctement, à toutes les époques et en tous lieux, le même but ultime: réduire les autres Etats et peuples, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle. En vue de les exploiter à leur guise. Telle est la nature et la vocation première et particulière de l’Occident pluriel, qui avait colonisé environ 70% des pays du monde et dont le représentant attitré, les Etats-Unis d’Amérique, trône seul au sommet de l’Univers en tant que superpuissance mondiale depuis bientôt un siècle. Généralement conservateur, libéral, démocratique et capitaliste, l’Occident pluriel, conduit par les Etats-Unis, n’entend pas céder, vu son omnipuissance, ce titre de superpuissance mondiale à l’un de ses concurrents. Telle est également la vocation première et particulière de la Russie, tsariste et soviétique, qui avait malmené, durant plus de deux siècles, la majorité des pays d’Europe centrale, tous les pays d’Europe orientale et d’Asie centrale avant de les enfermer, pendant sept décennies, dans un camp retranché du monde. Ultranationaliste, conservatrice, dictatoriale, totalitaire et vaguement capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine vise de déloger, au moyen de sa puissance nucléaire militaire, les Etats-Unis d’Amérique du sommet du monde afin de l’y remplacer seule. Telle est, enfin, la vocation première et particulière de la Chine qui avait intégré, par la violence armée, les régions non chinoises de Mongolie intérieure, du Tibet et d’autres pays d’Asie en son sein. Dictatoriale, totalitaire, politiquement communiste et économiquement ultra-capitaliste, elle tient à accéder au titre géopolitique le plus convoité de tous, celui de superpuissance mondiale, par le biais de sa puissance économique et commerciale fulgurante et vertigineuse qui donne de l’insomnie à tous ses concurrents.

Ces trois impérialismes contemporains tant redoutés se distinguent par les systèmes idéologiques déterminant leur comportement, leurs attitudes et leurs pratiques. Toutes les idéologies étant hégémoniques, tous ces impérialismes se ressemblent par leur hégémonisme intransigeant et cruel face à tous les autres Etats du reste du monde. Seules d’infimes nuances d’approche et de style, dans leur mode particulier de propagande et d’opération, les éloignent ou les rapprochent de leurs victimes expiatoires que sont les Etats faibles qu’ils tiennent généralement à conquérir et à s’attacher. Ce sont ces anodines nuances d’approche et de style, et rien d’autre, qui illusionnent leurs victimes expiatoires à travers le monde. En leur faisant croire que chacun d’eux est plus vertueux que les autres. Or, tous les impérialismes pratiquent, en réalité, la même politique d’expansion que l’on peut résumer en ces quelques mots: « Ôte-toi de là pour que je m’y mette. » C’est-à-dire, pour se faire de la place au milieu des Etats faibles qu’ils convoitent au détriment de leurs concurrents, chacun des trois impérialismes se fait d’abord agneau devant ceux-là. Mais, entre eux, ils se donnent réciproquement, à des moments qu’ils jugent opportuns, des coups tantôt mortels (cas de la dislocation, en 1991, de la géante URSS), tantôt asphyxiants (cas des évènements du 11 septembre 20O1 aux USA).

Cela veut dire que l’Occident pluriel, la Russie seule et la Chine seule sont perpétuellement en guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale. C’est dans ce contexte que l’Occident multiple a débauché l’écrasante majorité des pays de l’ex camp soviétique centre européen, est-européen et centrasiatique, la seule et l’unique véritable chasse gardée historique de la Russie, pour asphyxier celle-ci. C’est dans ce cadre aussi que la Russie, de son côté, tente de débaucher l’Afrique, l’une des multiples chasses gardées de l’Occident pluriel à travers le monde. En armant et en mettant ses mercenaires du groupe Wagner à la disposition des pays tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger pour les conquérir et se les attacher dans l’objectif de réduire sensiblement l’influence occidentale ici. Entretemps, à partir de la République Centrafricaine où elle compte déjà quelques contingents de ses mercenaires du même groupe Wagner, elle voudrait étendre son influence sur la République Islamique du Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et surtout sur la RDC afin de disposer d’une véritable plateforme régionale. La Chine, plus que la Russie, s’introduit de plus en plus quasiment partout en Afrique, une fée actuellement courtisée par les puissances mondiales de toutes les catégories.

La lutte pour l’hégémonie géopolitique mondiale est incontestablement le seul et l’unique motif fondamental pour lequel ces trois impérialismes suprêmes s’affrontent, par l’intermédiaire de leurs laquais locaux, dans la quasi-totalité des guerres qui ont lieu à travers le monde. Mais, il nous semble que les nouveaux « révolutionnaires » africains, qui s’alignent principalement derrière la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident pluriel de Donald Trump, paraissent ne pas percevoir clairement ce jeu. Ils donnent surtout l’impression de ne pas réaliser que cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale n’est pas du tout leur guerre, qu’elle ne sert et ne servira véritablement que les intérêts stratégiques soit des seules puissances mondiales orientales, soit des seules puissances mondiales occidentales, mais jamais ceux de leurs peuples respectifs qu’ils croient incarner. S’ils sont vraiment conscients de leur mission, celle de reconquérir la dignité, l’indépendance et la souveraineté de ces peuples longtemps meurtris, ils ne devraient plus compter, prioritairement et essentiellement, ni sur les seuls impérialistes russes, ni sur les seuls impérialistes chinois, ni même plus sur les seuls impérialistes occidentaux, mais bien plutôt, avant tout et après tout, sur les patriotes africains, les seuls et uniques véritables responsables attitrés de la conception, de l’élaboration et de la construction du destin de l’Afrique.

Or, tous les impérialismes demeurent essentiellement égocentriques. C’est-à-dire, tout en s’efforçant d’être aux côtés des peuples faibles, avec les peuple faibles et pour les peuples faibles, ils restent foncièrement, en réalité, accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts globaux. D’où, aucun d’entre eux n’a jamais eu et n’aura jamais pour objectif final d’aider ne fût-ce qu’un seul pays africain à sortir du sous-développement. En effet, malgré leurs minces et légères différences d’approche et de style, il n’existe, en réalité, entre l’impérialisme pluriel occidental, l’impérialisme unique russe et l’impérialisme unique chinois, d’impérialisme qui soit vertueux ou plus vertueux que les autres. Ils sont plutôt, tous indistinctement, des prédateurs insouciants de la solidité de l’existence et de la qualité de vie de leurs sous-fifres, mieux, les monstres les plus froids des monstres. D’où, quiconque se laisse irrationnellement succomber à la propagande mielleuse de l’un ou l’autre de ces vautours insatiables, en feignant d’ignorer l’éternel but ultime qu’ils poursuivent tous, à toutes les époques et en tous lieux, celui d’asservir idéologiquement, politiquement, économiquement, socialement et culturellement les Etats et peuples faibles pour les exploiter comme ils l’entendent, est assimilable à un égocentrique, à un corrompu, à un aliéné, à un traître ou à un incompétent politique qui s’ignore.

LA REVOLUTION ESCOMPTEE 

D’où, dénoncer, diaboliser à outrance et insulter, à longueur de journées, l’impérialisme pluriel occidental pour aller immédiatement s’abriter sous les aisselles d’un impérialisme unique, russe ou chinois en l’occurrence, sans transition, sans conditions, sans assurances sûres et claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies adéquates de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, ce n’est pas du tout faire le genre de révolution à laquelle aspirent foncièrement les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique. Agir ainsi envers ces peuples équivaudrait plutôt à les livrer, mains et pieds liés, à un nouvel impérialisme, russe ou chinois, dont ils ne connaissent, ni ne maîtrisent la véritable quintessence, à les faire enchaîner, à les aliéner et à les embrouiller davantage. Au contraire, la révolution à laquelle ces peuples tiennent tant, ce n’est pas ce simple, bruyant et naïf changement de tutelle impérialiste actuellement observé à travers le continent. Non ! Ils visent plutôt, au plus haut point, une véritable révolution conçue, élaborée et planifiée par eux-mêmes, en fonction de leurs idéaux sociaux et de leurs intérêts supérieurs réels, testée, mise en œuvre, menée, évaluée, réajustée, maîtrisée et contrôlée, dans chacun de leurs pays respectifs, par ceux des patriotes nationaux qui sont hautement qualifiés (formés, expérimentés et compétents), vraiment dotés de la vertu politique et visiblement non inféodés à l’une ou l’autre des puissances impériales mondiales.

La révolution que les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris veulent coûte que coûte atteindre, c’est celle qui est susceptible de changer profondément et positivement leurs structures idéologico-culturelles, mentales, politiques, économiques et sociales afin d’envisager de meilleures perspectives les menant vers le haut de l’échelle sociale mondiale. C’est celle qui est susceptible de les amener à se débarrasser irrémédiablement de la gestion prédatrice, de la mauvaise gouvernance publique, des détournements massifs et impunis des fonds et des biens publics et de la corruption institutionnalisée qui gangrène leurs sociétés respectives. C’est celle qui leur permet de s’affranchir de la pauvreté endémique, de la misère abjecte et insoutenable, de l’insécurité multidimensionnelle, de la dépendance chosifiant, bref, du sous-développement organisé qui les accable depuis 140 ans. C’est celle qui change profondément leurs conditions de travail et par conséquent leurs conditions de vie… C’est celle qui, fondée sur l’Etat de droit et de démocratie, les rend capables de se réhabiliter dans leur dignité humaine en tant que peuples réellement libres, indépendants, souverains et capables de se prendre, eux-mêmes, en charge. En bref, la révolution à laquelle ils tiennent tant, c’est celle qui fait d’eux des partenaires visiblement considérés, respectés et rendus égaux des peuples des puissances impériales mondiales de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques. Tout en continuant à avoir et à entretenir de bonnes relations diplomatiques et de coopération au développement avec des partenaires de leur choix, dont les incontournables grandes puissances mondiales.

Cependant, pour que les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique parviennent, un jour, à assouvir leur soif profonde, il faudrait que l’écrasante majorité de leurs intellectuels, surtout organiques, de leurs leaders et chefs, surtout politiques et communautaires et de leurs citoyens ordinaires, surtout de la couche supérieure, se réapproprient totalement en se dépouillant préalablement et irrémédiablement de l’aliénation qui les habite, les conduit et les fait échouer depuis la traite négrière.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON.

 

 

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