La République démocratique du Congo fête ses 138 ans comme état ce 26 février

Dans une tribune adressée, particulièrement, à ses compatriotes, le journaliste congolais Léon Moukanda rappelle aux congolais l’importance de la date du 26 février 1885 qui augure la création de l’état indépendant du Congo.

À commencer par leurs dirigeants politiques leurs historiens, leurs intellectuels et leurs médias, les Congolais ont souverainement négligé et oublié l’histoire de leur pays à partir du 26 février 1885, date de la clôture de la conférence internationale de Berlin et donc de la naissance, par le biais de la reconnaissance internationale accordée à l’EIC, État indépendant du Congo, ancêtre en droite ligne de la république démocratique du Congo de ce mardi 14 février 2023, comme propriété privée du roi des Belges Léopold 2. C’est pourquoi , à cause de notre ignorance, de notre naïveté et de notre paresse intellectuelle le 26 février 1885, véritable date de la naissance du Congo n’a jamais été célébré depuis 138 ans . Pas même une seule fois .
À cause de cette ignorance et de ce manque total d’intérêt , les Congolais se révèlent incapables de découvrir les
secrets cachés tout au long des 138 ans du passé de leur pays . Ne connaissant pas la source d’une rivière , ils ne peuvent pas prétendre en maîtriser l’itinéraire ni les différentes péripéties qui l’ont marquée . Il en va ainsi jusqu’à cette mi-.février 2023. Ainsi la découverte du fameux document relatif à un pseudo acte de vente de la l’ElC n’a guère suscité d’intérêt ni même d’émotion parmi nous . Personne à Kinshasa ne se pose la question , pourtant basique, de connaître l’identité de l’acheteur et le nom du vendeur , ni le coût de l’opération , ni la raison de la vente, ni surtout , s’il s’était réellement agi d’une vraie vente ou d’un simple simulacre. Personne au Congo ne cherche non plus à se procurer cette pièce historique qui porte en elle tout le poids de nos malheurs passés , présents et futurs . Personne enfin , ne s’interroge sur la raison de la fameuse vente ( à supposer que c’en fut une !) et donc de l’achat d’un bien , en l’occurrence l’EIC, criblé de dettes . Il faut en effet se poser la question, parmi bien d’autres , de savoir comment les créanciers du roi Léopold 2, au lieu d’effectuer carrément une saisie en bonne et due forme de l’immense domaine foncier africain du roi des Belges , auraient pu commettre l’imprudence de laisser leur débiteur, Léopold 2 donc . vendre le seul bien qui aurait permis à ses bailleurs de fonds internationaux de récupérer leurs mises et de rentrer dans leurs dettes ? En admettant l’hypothèse, parfaitement absurde, qu’ils ont laissé Léopold 2, leur débiteur commun, vendre l’EIC, il faut par conséquent déduire de cet abandon qu’ils ont accepté de céder les actifs de l’EIC à une tierce personne. Autrement dit,
les créanciers se seraient ainsi volontairement privés de l’opportunité d’être remboursés ! Qui peut accorder le moindre crédit (c’est le cas de le dire) à une blague pareille ?
Il existe, heureusement, une autre explication, plus prosaïque et surtout plus conforme aux usages dans le monde de la haute finance . En vérité , la fameuse vente n’en fut pas une car , seules la gestion et l’administration de l’EIC et non ses actifs , furent cédées à la Belgique par les créanciers de Léopold 2, la date de novembre 1908 marquant tout símplement celle de l’entérinement par le parlement belge de cette opération ou de cet acte purement administratif tandis que le syndicat international des créanciers devenait le nouveau propriétaire, juridiquement parlant de l’EIC aussitôt débaptisé « Congo belge » , histoire de brouiller les pistes et d’embrouiller les esprits . Jamais , en effet , la Belgique ne devint la propriétaire de l’EIC ni du Congo belge , son rôle s’étant limité à faire travailler et à faire suer les indigènes congolais pour apurer et éteindre les énormes dettes laissées en souffrance par Léopold 2. C’est en cela que consista la colonisation de notre pays par le royaume de Belgique de 1908 à 1960, date à laquelle les créanciers décidèrent de changer de gestionnaires et d’administrateurs en remplaçant la Belgique et les colons belges par les membres de la classe politique congolaise . Donc , les Congolais devraient, une fois pour toutes , se mettre dans leurs crânes que la colonisation de leur pays par la Belgique consista en une gigantesque entreprise destinée au remboursement des créances du roi Léopold 2 pendant 52 ans . Le Congo belge fonctionna ainsi comme une énorme SA, une société anonyme dont la présidence du conseil d’administration fut assumée par la Belgique , moyennant, bien évidemment , de généreuses rétributions et de confortables royalties octroyées par les créanciers propriétaires. De 1908 à 1945-50, les dettes léopoldiennes furent remboursées quatre fois par la sueur, le sang des indigènes congolais ainsi que par les fabuleuses richesses minières endormies dans le sous-sol du Congo belge . Depuis 1908 jusqu’à ce mardi 14 février 2023, les anciens créanciers de Léopold 2 dont les capitaux ont été recyclés de nombreuses fois, triplant, quintuplant et décuplant les mises initiales avant, d’abord d’atteindre des montants astronomiques puis, de finir par prendre le contrôle des sociétés multinationales, notamment minières , industrielles , pétrolières et bancaires à travers le monde , ces bailleurs des fonds internationaux sont demeurés les seuls et uniques maîtres de la république démocratique du Congo dont ils tiennent toujours en mains les rênes du destin , y dictant au passage le rythme des crises politiques et des tragédies humaines . Derrière le Rwanda qui ploie sous la férule d’un régime mono ethnique dominé par les Tutsis et abandonné aux rêves criminels d’un satrape dénommé Paul Kagame se dissimulent les visages masqués, hideux et grimaçants des anciens créanciers de Léopold 2.
Qui , parmi les Bantous congolais pourra se montrer suffisamment brave et téméraire pour arracher les artifices cachant les traits des visages de leurs véritables bourreaux, totalement méconnus et ignorés depuis 115 ans en vue de les exposer à la face du monde ? Qui ?

Léon Moukanda

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