« La paix soit avec vous » (Jn 20, 19.21), une tribune de l’abbé José Mpundu

Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa Psychologue clinicien

Introduction

Lorsque les responsables des W’ATHU m’ont demandé de choisir le thème de cette recollection qui se tient en ce temps pascal, j’ai tout de suite pensé à la situation des disciples du Christ, après la mort de celui-ci. De peur de subir le même sort que leur divin Maître, les disciples se sont enfermés dans le Cénacle. Et voilà que subitement, Jésus leur apparaît et, se mettant au milieu d’eux, leur dit : « La paix soit avec vous » (Jn 20, 19.21). 

Ne sommes-nous pas, nous aussi dans la même situation que celle dans laquelle se trouvaient les disciples de Jésus après sa mort ? En effet, ne sommes-nous pas enfermés dans nos différents « Cénacles » par peur des autres ? Avec toutes ces guerres et tous ces conflits armés, ne sommes-nous pas bouleversés et troublés, vivant dans la peur du lendemain ?  

Et en ce qui concerne notre pays, il est important de prendre conscience que la guerre à laquelle nous sommes confrontés ne dure pas seulement depuis deux décennies comme on a l’habitude de le dire mais plutôt depuis des siècles. En effet, cette guerre a commencé depuis la traite négrière, l’esclavagisme ; elle est passée par la colonisation et se poursuit avec la néocolonisation. Elle prend différentes formes et implique divers acteurs. Quelle que soit la forme qu’elle prend à différentes époques et quels que soient les acteurs externes et internes concernés, la guerre que nous vivons dans notre pays a un dénominateur commun : la prédation, la course effrénée à l’avoir, l’enrichissement des uns au détriment des autres. Au centre de toute cette guerre ce sont les ressources naturelles dont regorge notre pays, les richesses du sol et du sous-sol qui attirent tous les prédateurs sous la conduite de « ceux qui se considèrent comme les Maîtres du monde ». 

C’est dans ce monde, dans cette Afrique et dans ce Congo déchiré et meurtri par des conflits armés et des guerres de prédation et d’occupation, où il manque la paix véritable, que Jésus vient nous dire comme il l’a dit à ses disciples après sa résurrection au moment où il leur apparaît : « La paix soit avec vous » (Jn 20, 19).  

Au cours de cette recollection qui est un temps de méditation, de réflexion, de remise en question, je vous propose donc que nous nous penchions sur cette question toujours d’actualité : la paix dans un monde de conflit

Et d’entrée de jeu, nous devons déjà préciser que cette paix, celle de Jésus n’est pas comme celle du monde. En effet, bien avant sa mort, Jésus dira à ses disciples : « C’est ma paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas à la manière du monde » (Jn 14, 27). 

Aussi, allons-nous nous poser deux questions. La première : quelle différence y a-t-il entre la paix selon Jésus et la paix à la manière du monde ? La seconde : que faire pour devenir, en tant que disciples de Jésus-Christ, des artisans comme il nous le recommande ? Mais avant toute chose, je nous invite à contempler Jésus qui est désigné comme le Prince de la paix (Is 9, 5). 

Jésus : Prince de la paix (Is 9, 5)

Lorsque le prophète annonce la naissance de Jésus dans l’Ancien Testament, il le présente de la manière suivante : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné. Dieu lui a confié l’autorité. On lui donne ces titres : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père pour toujours, Prince de la paix »(Is 9, 5). 

Jésus est donc le Prince de la paix. Il est le Roi de la paix. Il est la Paix de Dieu incarnée. La mission que son Père lui confie est celle d’apporter la paix aux hommes. Et parmi les manifestations de cette paix que Jésus apporte au monde, nous avons l’unité du genre humain, la réconciliation et la concorde. En effet, Jésus est mort pour « rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 45-57). Cette unité, il en a fait l’objet de sa prière-testament : « Je prie pour que tous soient un » (Jn 17, 21).

Quand un ange apparaît aux bergers pour leur annoncer la bonne nouvelle de la naissance du sauveur, « tout à coup, il y eut avec l’ange une troupe nombreuse d’anges du ciel, qui louaient Dieu en disant : ‘Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime » (Lc 2, 13-14).

Alors qu’il est le Prince de la paix et qu’il est venu instaurer la paix de Dieu sur terre, Jésus est mort victime de la violence, de la haine et de la méchanceté des hommes. Le Prince de la paix a accepté d’être tué pour payer le prix de cette paix de Dieu qui est différente de la paix selon le monde. 

La paix à la manière du monde

Lorsque Jésus nous dit qu’il nous donne sa paix mais non à la manière du monde, il indique clairement qu’il y a une différence entre la paix selon lui et la paix à la manière du monde. 

Voyons alors comment se présente la paix à la manière monde. 

La paix à la manière du monde, c’est d’abord le respect de l’ordre établi  

Et l’ordre établi, c’est l’ordre des puissants, des grands pour dominer et écraser les petits et les faibles. Généralement, le respect de l’ordre établi ou la soumission à l’ordre établi se fait par la force. 

L’ordre établi nous est imposé par la violence. Rappelons-nous de la Pax Romana, dans l’histoire ancienne. Les Romains qui dominaient le monde à l’époque, ont voulu imposer leur paix à toutes les nations. On a appelé cela la Pax Romana qui était imposée par les armes. 

Pour ceux qui lisent les bandes dessinées, je pourrais évoquer ici les bandes dessinées de Gosciny où il est question de deux personnages : « Astérix et Obelix ». Ils appartiennent à un village gaulois qui a résisté aux Romains et qui a réussi à vivre en dehors de la Pax Romana. Un village des irréductibles gaulois qui a tenu tête aux Romains. 

Aujourd’hui, on ne parle plus de la Pax Romana mais plutôt de la Pax Americana. En effet, ce sont les Américains qui essayent d’imposer leur manière de vivre au monde entier. A ceux qui leur résistent, ils font la guerre et s’imposent de force. Nous avons connu la guerre du Golfe, la guerre de l’Irak, la guerre du Vietnam, la guerre en Afghanistan, la guerre en Syrie, sans compter toutes les guerres que nous vivons en Afrique, en général, et en RDCongo en particulier. 

Donc, la paix selon le monde c’est la soumission à l’ordre établi qui bien souvent n’est qu’un désordre établi au profit des puissants ou de ceux qui se considèrent comme les plus forts et qui se comportent en dictateurs. Ces puissants, ces dictateurs peuvent être les parents, les aînés, les dirigeants politiques, les détenteurs du pouvoir économique, les chefs spirituels, etc. En somme, en chacun de nous, il y a un dictateur, un puissant qui sommeille et qui n’attend que l’occasion propice pour se mettre à l’œuvre et mater les autres. 

Certes, toute société humaine a besoin des lois, des principes et des règles pour gérer les rapports entre les humains. Toute société a besoin d’un certain ordre pour éviter l’anarchie. Lorsque nous parlons de l’ordre établi qui écrase les hommes, nous faisons allusion aux lois inhumaines, injustes que les grands et les puissants imposent aux faibles et aux petits. Au nom de ces lois, on tue les hommes en invoquant la raison d’état. Au nom de cet ordre établi, actuellement l’ordre capitaliste libéral, globalisé et mondialisé, on légitime les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.   

La paix à la manière du monde se trouve dans le silence

Lorsque personne ne proteste, personne ne revendique, personne ne s’oppose aux grands de ce monde, lorsque tout le monde se tait, on dit qu’il y a la paix, la tranquillité. La loi du silence est imposée à tout le monde. Il faut se taire pour éviter les représailles. 

Le silence naît de la peur de la répression. En effet, que de gens ne sont pas morts tout simplement parce qu’ils avaient osé dire le contraire de ce que pensent les puissants et les dirigeants du monde !  

Rappelons-nous une image qui circule dans les réseaux sociaux où l’on voit une personne dont on a bouché les oreilles, on a bandé les yeux et à qui on a mis un sparadrap à la bouche. Ce qui signifie : je ne vois pas, je n’entends pas et je ne parle pas. 

Plusieurs fois à l’époque de Mobutu, lors de la lecture du compte-rendu du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement commençait par ses propos : « le calme règne sur toute l’étendue de la République ». Ce qui signifiait : tout le monde est tranquille, personne ne bouge. 

Ce silence imposé donne lieu à une paix de cimetière. Tout le monde se tait par peur de la répression, par peur des représailles. C’est comme le dit Thierry Michel, ce cinéaste belge, qui a réalisé plusieurs films sur la RDCongo, nous sommes dans « L’empire du silence ». 

La paix à la manière du monde, c’est la résignation  

Pour vivre en paix, il faut se laisser faire, accepter tout et attendre passivement que les choses s’arrangent. La parole qui revient souvent dans la bouche de certaines personnes : « Nzambe akosala » (« Dieu fera…. »). 

Cette résignation, cette passivité, cet attentisme, c’est indigne de l’homme. S’adressant à l’Eglise de Laodicée, « voici ce que déclare l’Ancien, le témoin fidèle et véritable, qui est à l’origine de tout ce que Dieu a créé : je connais ton activité ; je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Si seulement tu étais l’un ou l’autre ! Mais tu n’es ni bouillant ni froid, tu es tiède, de sorte que je vais te vomir de ma bouche ! » (Ap 3, 14-16).Tiédeur, passivité, attentisme, autant d’attitudes que Dieu reprouve parce qu’indignes de l’homme.   

En conclusion, nous pouvons dire que la paix à la manière du monde n’est pas une vraie paix. C’est une paix illusoire, une fausse paix.  

L’adage latin qui dit « si vis pacem, para bellum » (« si tu veux la paix, prépare la guerre ») est éclairant à ce sujet. Il montre bien que la paix qui est au bout du canon n’est pas une vraie paix. C’est plutôt le règne de la peur de l’autre, des autres, qui nous pousse à chercher à être toujours les plus forts. Ce qui justifie la course aux armements. Or, comme nous le dit le Catéchisme Catholique, « la course aux armements n’assure pas la paix » (Catéchisme catholique, n° 2315). Et au n° 2329, il reprend le texte de Gaudium et Spes qui dit : « La course aux armements est une plaie extrêmement grave de l’humanité et lèse les pauvres d’une manière intolérable » (GS 81, § 3). 

Pour le monde, la paix appartient aux plus forts et aux puissants. Les autres doivent subir la loi du plus fort. Et comme les rapports de force changent, les plus faibles d’aujourd’hui chercheront à devenir les plus forts de demain et à prendre leur revanche sur ceux qui les ont opprimé et brimé en se croyant les plus forts éternellement. 

Qui veut la paix, prépare la paix et non la guerre ! Aucune guerre n’apporte la paix véritable. Même si le Catéchisme actuel de l’Eglise Catholique (n°2309) donne les principes pour la légitime défense qui peut recourir à la force armée, principes qui rappellent ceux de la doctrine de la guerre juste, il nous faut le dire très clairement : aucune guerre n’est juste. A ce sujet, je vous propose d’écouter ce que dit le Compendium de La Doctrine Sociale de l’Eglise : « Le Magistère condamne « la barbarie de la guerre » et demande qu’elle soit considérée avec une approche complètement nouvelle. De fait, « il devient humainement impossible de penser que la guerre soit, en notre ère atomique, le moyen adéquat pour obtenir justice ». La guerre est un « fléau » et ne constitue jamais un moyen approprié pour résoudre les problèmes qui surgissent entre les nations : « Elle ne l’a jamais été et ne le sera jamais », car elle engendre des conflits nouveaux et plus complexes. Quand elle éclate, la guerre devient un « massacre inutile », une « aventure sans retour », qui compromet le présent et met en danger l’avenir de l’humanité : « Avec la paix, rien n’est perdu ; mais tout peut l’être par la guerre ». Les dommages causés par un conflit armé ne sont pas seulement matériels, mais aussi moraux. La guerre, en définitive, est « la faillite de tout humanisme authentique », « elle est toujours une défaite de l’humanité » : « Jamais plus les uns contre les autres, jamais, plus jamais ! (…) jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! » (CDSE, n° 496)

Il faut donc tout faire pour éviter la guerre en recourant à des moyens pacifiques, essentiellement au dialogue de négociation, pour résoudre les conflits entre les personnes, entre les groupes de personnes et entre les nations.

Toutefois, le patriarche de Constantinople, Athënagoras, nous indique une guerre qui mène à la paix : c’est la guerre contre soi-même. 

Ecoutons-le : 

Une guerre qui mène à la paix

Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même.

Il faut arriver à se désarmer.

J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible.

Mais je suis désarmé.

Je n’ai plus peur de rien, car l’Amour chasse la peur.

Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes jalousement crispé sur mes richesses.

J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur.

C’est pourquoi, je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur.

Si l’on désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible.

Athënagoras

Patriarche de Constantinople

La paix à la manière de Jésus

La paix selon Jésus c’est d’abord et avant tout l’AMOUR pour tous  

Pour Jésus, en effet, là où il y a l’amour, là se trouve la vraie paix. Là où les hommes s’aiment, là il y a la paix véritable.  

Cet amour qui est synonyme de la paix doit se vivre en acte comme le dit Saint Jean dans sa première lettre : « Mes enfants, n’aimons pas seulement en paroles, avec de beaux discours ; faisons preuve d’un véritable amour qui se manifeste par des actes » (1 Jn 3, 18).

Jésus lui-même, en conclusion de son discours sur la montagne, dira clairement : « Ce ne sont pas ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7, 21). 

Les trois verbes d’action qui traduisent l’amour sont : donner, se donner et pardonner. C’est ce que nous apprends Jésus par l’exemple de sa propre vie qu’il a passé en faisant le bien comme le dit Saint Pierre dans son discours chez Corneille : « Vous savez aussi comment Jésus a parcouru le pays en faisant le bien » (Ac 10, 38).

Donner

Jésus a donné tout ce qu’il avait reçu de son Père. Et il l’a donné gratuitement. Aussi recommande-t-il à ses disciples : «Vous avez gratuitement, donnez aussi gratuitement » (Mt 10, 8).

Se donner

Jésus s’est donné lui-même. Lors du repas qu’il prend avec ses apôtres avant de quitter ce monde, il leur dit en leur donnant le pain : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous » (Mt 22, 19). Jésus est le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis : « Le bon berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 14). 

A ces disciples, Jésus dira : « Le plus grand amour que quelqu’un puisse montrer, c’est de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Il nous invite donc à donner notre vie, à nous donner pour le bien des autres. 

Pardonner

Jésus, avant de remettre son esprit entre les mains de son Père, va prier pour ses ennemis, ses bourreaux, ceux qui l’ont maltraité, humilié et tué en ces termes : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 24). Il a demandé à son Père de leur pardonner car seul le Père pardonne. Et son pardon est sans limite : il pardonne tout et pardonne à tous sans exception.   

« Alors Pierre s’approcha de Jésus et lui demanda : « Seigneur combien de fois devrais-je pardonner à mon frère s’il se rend coupable envers moi ? jusqu’à sept fois ? »- « Non, répondit Jésus, je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 21-22). Cela signifie qu’il faut toujours pardonner. 

Il n’y a pas de paix véritable sans pardon. Les deux vont ensemble. Le pardon apporte la paix dans le cœur de celui qui pardonne et dans le cœur de celui qui reçoit le pardon. Le pardon ouvre le chemin de la réconciliation et garantit la paix sociale. 

La seule loi que nous donne Jésus et qui résume tous les commandements est la loi de l’amour. Le nouvel ordre que vient établir Jésus et que nous appelons le Royaume de Dieu ou le Règne de Dieu n’est régi que par une seule loi : la loi de l’amour. C’est ce que Saint Paul a très bien compris et rappelle à tous les disciples du Christ en ces termes : « N’ayez de dette envers personne, sinon l’amour que vous vous devez les uns aux autres. Celui qui aime les autres a obéi complètement à la loi. En effet, les commandements « Ne commets pas d’adultère, ne commets pas de meurtre, ne vole pas, ne convoite pas », ainsi que tous les autres se résument dans ce seul commandement : « Tu dois aimer ton prochain comme toimême ». Celui qui aime ne fait aucun mal à son prochain. En aimant, on obéit donc complètement à la loi » (Rm 13, 8-10).

Décrivant les personnes qui vivent dans l’amour, Saint Paul nous dit : « Qui aime est patient et bon. Il n’est pas envieux, ne se vante pas et n’est pas prétentieux ; qui aime ne fait rien de honteux, n’es pas égoïste, ne s’irrite pas et n’éprouve pas de rancune ; qui aime ne se réjouit pas du mal, il se réjouit de la vérité. Qui aime supporte tout et garde en toute circonstance la foi, l’espérance et la patience » (1 Cor 13, 4-7).  

La paix à la manière de Jésus, c’est la justice pour tous

Il n’y a pas de paix véritable sans justice. Mais ici, il faut faire la distinction entre la justice des Maîtres de la loi et des pharisiens et la justice que Jésus nous apporte et accomplit dans sa vie. « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez certainement pas dans le Royaume des Cieux » (Mt 5, 20), nous dit Jésus. Cela signifie qu’il y a une différence entre la justice telle que conçue et pratiquée par les Maîtres de la loi et les pharisiens et celle que nous enseigne et pratique Jésus. 

La justice des Maîtres de la loi et des pharisiens relève d’une perception de Dieu. Il s’agit du Dieu de la rétribution qui punit les méchants et récompense les bons. Cette justice rétributive peut conduire les coupables à la mort car la peine de mort fait partie des punitions extrêmes que l’on peut infliger à celui qui commet une infraction. Dans la pratique, cette justice rétributive se trouve être souvent partiale, une justice à double vitesse, à la tête du client. 

Tandis que la justice prêchée et recommandée par Jésus est une justice fondée sur la perception d’un Dieu-Père Miséricordieux qui aime tous ses enfants. Et Jésus recommande à ses disciples d’être miséricordieux comme notre Père est miséricordieux : « Vous donc, soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux » (Mt 5, 48).

L’illustration la plus parfaite de la pratique de cette justice-miséricorde que nous enseigne et nous recommande Jésus, nous en trouvons une belle illustration dans le récit de la « femme adultère » dans l’Evangile selon Saint Jean (Jn 8, 1-11). Nous connaissons l’histoire.  

Les Maîtres de la loi et les pharisiens amènent à Jésus une femme qui a été surprise en flagrant délit d’adultère et que la loi de Moïse condamne à la peine de mort par lapidation. Voilà la justice rétributive qui juge, qui condamne et qui peut même tuer. Ils demandent à Jésus sa position étant donné qu’il prêche une justice différente de la leur, une justice-miséricorde qui pardonne les péchés. 

En fait, en posant la question à Jésus, ils lui tendent un piège pour avoir un motif d’accusation contre lui. En effet, s’il répond : « oui, condamnez-là », il s’inscrira en faux contre son propre enseignement et on va le traiter de menteur, de démagogue. Par contre, s’il dit : « non, ne la condamnez pas », on va l’accuser d’anarchiste, de rebelle qui viole la loi de Moïse. Dans les deux cas, il peut être poursuivi, jugé et condamné. Comprenant leurs intentions, Jésus ne répond pas à leur question ou préoccupation par oui ou par non. 

Au contraire, on nous dit qu’il s’est penché et a commencé à écrire avec son doigt sur le sol. Il garde sa sérénité et son calme face à la provocation de ses adversaires. Il ne s’agite pas et fait preuve d’une grande maîtrise.  

Qu’écrivait-il ? Nous ne le savons pas. Mais, nous pouvons le deviner. Peut-être était-il en train d’écrire : Votre justice est injuste et partiale. Où est l’homme avec lequel cette femme a commis l’adultère ? Vous punissez la femme et vous innocentez l’homme conformément à une loi faite par les hommes au profit des hommes. En fait, il dénonçait le péché des structures ou les structures de péché dont parlait le Pape Jean-Paul II, le péché collectif, la violence institutionnelle et structurelle, le crime d’Etat. 

En voyant leur insistance, Jésus se redresse, les regarde tous et leur lance un défi en ces termes : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! » (Jn 8, 7). Par ces paroles, Jésus remettait chacun des accusateurs de la femme devant sa propre conscience. Notons qu’il ne dit pas : celui qui n’a jamais commis l’adultère comme cette femme mais celui qui n’a jamais péché. Une façon d’élargir l’horizon de la réalité du péché et du mal chez les accusateurs des autres. Il leur montre que le péché ne se réduit pas au seul fait d’enfreindre le sixième commandement comme cette femme l’a fait. Le péché est multiforme, a plusieurs visages.  

Après leur avoir lancé ce défi, il reprend sa posture ; il se baisse de nouveau et se remit à écrire sur le sol. Qu’écrivait-il ? Nous ne le savons pas. Mais, nous pouvons deviner. Il était, peut-être cette fois-ci, en train d’écrire le péché personnel, individuel de chacun des accusateurs de la femme adultère. 

L’examen de conscience a amené tout le monde à se reconnaître pécheur et à se retirer, en commençant par les plus vieux, dit l’Evangéliste. Les jeunes n’ont certainement pas attendu de voir Jésus écrire leurs péchés. Ils ont pris la poudre d’escampette.  

Resté seul avec la femme, Jésus aurait pu la condamner et lui jeter la pierre car il était le seul à ne pas avoir commis de péché : « il a pris notre condition humaine en toute chose, excepté le péché » (Prière eucharistique n°4). Et pourtant, comme le dit Saint Paul, « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché, afin que, par lui, nous ayons part à l’œuvre salutaire de Dieu » (2 Cor 5, 21). 

Il aurait pu aussi chercher à tirer profit de la situation en abusant de cette femme qui n’en serait certainement pas à son premier coup. Bien au contraire, Jésus s’adressa à la femme en lui posant la question : « Femme, personne ne t’a condamné ? » – « Personne », répondit-elle. C’est alors que Jésus lui adresse  une parole de libération, une parole de paix, une parole qui ouvre à un avenir meilleur, une parole qui donne la chance : « Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus » (Jn 8, 10-11). 

En prononçant ces paroles, Jésus applique à la lettre la justice-miséricorde qui sauve l’homme malfaiteur et combat le mal sous toutes ces formes et avec la dernière énergie. Jésus fait la distinction entre le mal et celui ou celle qui commet le mal. Il ne réduit personne au mal qu’il fait. Tu as fait le mal mais tu n’es pas ce mal. Ainsi, il se comporte comme cette maman sage qui, après avoir lavé son enfant qui est revenu tout sale au début de la soirée, tout crasseux, ne jette pas le bébé avec l’eau sale. La justice-miséricorde sauve le malfaiteur et détruit le mal. 

La paix à la manière de Jésus, c’est la vérité pour tous

« Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, vous connaîtrez alors la vérité et la vérité vous fera libres » (Jn 16, 31-32). 

Vous connaîtrez la vérité sur Dieu : Dieu est AMOUR. Il est le Père miséricordieux qui aime tous ses enfants sans discrimination et qui pardonne tous les péchés pour nous réconcilier avec nous-mêmes, avec LUI et avec les autres, ainsi qu’avec la nature.  

Vous connaîtrez la vérité sur l’homme : tout homme est image de Dieu et sauvé par le sang de Jésus. Tous les hommes sont des frères parce que n’ayant qu’un seul Père. L’homme est sacré. Il est la seule valeur absolue.  

Vous connaîtrez la vérité sur les biens de la terre : tous les biens de la terre ont été mis à la disposition de tous les hommes pour qu’ils puissent en jouir et mener une vie agréable. Les biens matériels sont des moyens et non des fins.

Ils sont au service de l’homme et non le contraire.  

Vous connaîtrez la vérité sur la nature : la nature est à protéger, à sauvegarder et non à détruire. L’homme est appelé à vivre en harmonie avec la nature à travers laquelle Dieu se manifeste aussi. 

Vous connaîtrez la vérité sur le pouvoir : le pouvoir est service. Le chef est celui qui sert les autres, qui est au service des autres. Le vrai chef est donc serviteur et non un maître que tout le monde doit servir. Le vrai chef n’est pas un dictateur ni un despote.  

Vous connaîtrez la vérité sur la gloire : la vraie gloire réside dans l’humilité. C’est celui qui s’abaisse qui sera élevé. Celui qui s’élève sera abaissé. Dieu a glorifié son fils parce qu’il s’est fait humble, il s’est abaissé jusqu’à se faire l’esclave de tous, jusqu’à la mort (Phil 2-1-11). 

C’est pour avoir non seulement dit cette vérité mais surtout pour l’avoir incarnée que Jésus a été crucifié. En effet, au cours de son procès, répondant à Pilate sur sa mission, Jésus s’exprimera en ces termes : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ce que je dis » (Jn 18, 37). Et à la question que lui pose Pilate à savoir : « Qu’estce que la vérité » (Jn 18, 38), Jésus ne répond pas car la vérité n’est pas une doctrine, une théorie, un dogme. S’adressant à Thomas, Jésus dira : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).  Sa mort sur la croix, c’est le prix que Jésus a payé pour la vérité. On ne peut donc pas être disciple de Jésus-Christ, c’est-à-dire disciple de la Vérité, à l’école de la Vérité, sans subir le même sort que le Maître. 

Le Cardinal Malula avait donc raison de dire : « Mieux vaut être crucifié pour la vérité que de crucifier la vérité » (Cardinal MALULA)  

C’est ici le moment d’évoquer la chanson de cet artiste-compositeur français, Guy BEART, qui s’intitule : « La Vérité » dont je vous donne ici les paroles. Vous pouvez l’écouter dans YouTube :  

Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié, 

D’abord on le tue, puis on s’habitue 

On lui coupe la langue on le dit fou à lier 

Après sans problèmes, parle le deuxième 

Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté

J’affirme que l’on m’a proposé beaucoup d’argent 

Pour vendre mes chances dans le Tour de France 

Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens 

Et dans le spectacle, y a pas de miracle 

Le coureur a dit la vérité la vérité, il doit être exécuté.

A Chicago, un journaliste est mort dans la rue 

Il fera silence sur tout ce qu’il pense 

Pauvre Président, tous les témoins ont disparu 

En chœur ils se taisent, ils sont morts, les treize 

Le témoin a dit la vérité, il doit être exécuté. 

Le monde doit s’enivrer de discours pas de vin 

Rester dans la ligne, suivre les consignes 

A Moscou, un poète à l’Union des écrivains 

Souffle dans la soupe où mange le groupe 

Le poète a dit la vérité, il doit être exécuté

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha 

La foule sans tête était à la fête 

Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas 

C’est plus juste en somme d’abattre un seul homme 

Ce jeune homme a dit la vérité, il doit être exécuté.

Combien d’hommes disparus qui un jour ont dit non 

Dans la mort propice, leurs corps s’évanouissent 

On se souvient ni de leurs yeux, ni de leur nom  Leurs mots qui demeurent chantent « juste » à l’heure  L’inconnu a dit la vérité, il doit être exécuté.

Ce soir avec vous, j’ai enfreint la règle du jeu 

J’ai enfreint la règle des moineaux, des aigles 

Vous avez très peur pour moi, car vous savez que je 

Risque vos murmures, vos tomates mûres 

Ma chanson a dit la vérité, vous allez m’exécuter  Ma chanson a dit la vérité, vous allez m’exécuter 

(Guy BEART, La Vérité, 1969)

La vérité n’est pas une doctrine ni un dogme ni un enseignement quelconque. La vérité c’est une personne, c’est Jésus-Christ lui-même qui se présente à nous en disant : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Jésus est donc la Vérité qui libère l’homme du péché, du mal sous toutes ses formes. Il nous libère essentiellement de l’égoïsme, de la cupidité, de l’avidité, de la convoitise, de la corruption, du mensonge, de la haine, de la division, du tribalisme, du sectarisme, etc.  

Là où il y a le mensonge, il ne peut y avoir la paix véritable. 

« Le développement est le nouveau nom de la paix » 

A ces trois noms de la paix qui se dégagent de l’enseignement et de la pratique de Jésus-Christ, il sied d’ajouter le nouveau nom de la paix qu’est le développement. C’est le Saint Pape Paul VI qui, dans son encyclique Populorum progressio, déclare que « Le développement est le nouveau nom de la paix » (PP n° 76).

Pour le Pape Paul VI, « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme. Comme l’a fort justement souligné un expert : « Nous n’acceptons pas de séparer l’économique de l’humain, le développement des civilisations où il s’inscrit. Ce qui compte pour nous, c’est l’homme, chaque homme, chaque groupement d’hommes, jusqu’à l’humanité tout entière » (PP 14). 

Plus loin, le Pape poursuit en disant : « Les disparités économiques, sociales et culturelles trop grandes entre peuples provoquent tensions et discordes, et mettent la paix en péril (…). La paix ne se réduit pas à une absence de guerre, fruit de l’équilibre toujours précaire des forces. Elle se construit jour après jour, dans la poursuite d’un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes » (PP 76).

Avec le Pape Paul VI, nous pouvons donc dire que la paix c’est le développement intégral de l’homme, de tout homme et de tout l’homme. Il n’y a donc pas de paix véritable là où l’homme n’est pas promu dans toutes les dimensions de son existence. 

Avec Jésus, devenons les « artisans de paix »

« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9)

Par ces paroles, Jésus invite tous ses disciples et tous les hommes de bonne volonté à devenir des artisans de paix, les constructeurs de la paix, les bâtisseurs de paix. Le vrai bonheur est dans la paix que l’on donne et que l’on reçoit.  

Lorsque Jésus envoie ses douze apôtres en mission, parmi les instructions qu’il leur donne, nous lisons ceci : « Quand vous entrerez dans une maison, dites : « La paix soit avec vous » (Mt 10, 12). 

Un artisan de paix est un non-violent 

Un artisan de paix lutte pour la paix avec les armes de la non-violence que sont l’amour et la vérité. L’amour est une arme qui touche le cœur de l’homme pour détruire le mal. La vérité est une arme qui attaque la conscience de l’homme pour éliminer les raisons de faire le mal. 

Lorsque Jésus s’adresse à celui qui venait de le gifler lors de son procès, il lui dira : « Mon ami ». Une parole qui exprime l’amour et touche le cœur. Jésus nous apprend que même celui qui te fait du mal, reste ton ami, ton frère. 

Il attaque la conscience de son bourreau en lui adressant ces paroles qui interpellent : « Si j’ai mal parlé, montre où est le mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18, 23). Face à cette interpellation, deux réactions sont possibles : ou bien on cesse de faire ce mal ou bien on redouble de faire ce mal parce qu’on est vexé. C’est alors que pourra intervenir la deuxième gifle dont parle Jésus : « quelqu’un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l’autre » (Mt 5, 39). C’est le prix à payer lorsqu’on dit la vérité à celui qui fait le mal. 

Un artisan de paix est un homme des principes et des convictions

Un artisan de paix se conforme aux trois principes suivants : le respect absolu de l’homme, l’amour des ennemis et le pardon des offenses.

Un artisan de paix est une personne qui respecte tout être humain d’une manière absolue. Car, tout être humain est image et ressemblance de Dieu et tout être humain est sauvé par le sang du Christ. Quel que soit son côté sombre et obscure, tout être humain est et restera toujours une image de Dieu et sa ressemblance : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance » (Gn 1,26), dit Dieu avant de créer l’homme à son image (Gn 1, 27). Même si cette image est défigurée par le péché, elle n’est jamais détruite totalement.

Un artisan de paix est une personne qui aime ses ennemis. Jésus n’est pas venu nous apprendre l’amour du prochain. En effet, l’amour du prochain était connu et enseigné bien avant lui, par nos ancêtres. C’est pourquoi, il dira : « Vous avez entendu dire : Tu dois aimer ton prochain et haïr ton ennemi. Eh bien, moi, je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5, 43-44). C’est là que réside la nouveauté de l’amour que Jésus vient nous apprendre : aimer les ennemis. Cela n’a jamais été enseigné avant lui.  

L’amour des ennemis n’est pas une affaire de sentiments. Il s’agit de vouloir du bien à son ennemi. Il s’agit de faire le bien à celui qui nous fait du mal. Aimer son ennemi signifie ne pas rendre le mal pour le mal. Aimer son ennemi c’est dire à l’ennemi la vérité du mal qu’il nous fait mais le lui dire avec amour dans le but de le sauver. 

Un artisan de paix est une personne qui pardonne toutes les offenses. Le pardon est le chemin qui conduit à la paix véritable : la paix du cœur et la paix sociale.

Un artisan de paix est un homme d’action

Un artisan de paix est une personne qui agit, qui pose des actes et mène des actions. Et en premier lieu, nous citerons les actions de dénonciation. Face à l’injustice, à toute situation dégradante de la personne humaine, un artisan de paix ne se tait pas : il dénonce dans son discours et dans ses attitudes. Jésus a dénoncé l’hypocrisie des scribes et des pharisiens (Mt 23, 13-26).

A l’égard de ceux qui sont auteurs des injustices, pour les pousser à arrêter leurs méfaits ou tout simplement à apprendre à faire le bien, l’artisan de paix peut recourir à des actions de pression. C’est le sens du geste que Jésus a posé en chassant les vendeurs du Temple (Jn 2, 13-17). 

Pendant dix-huit ans, il a eu l’occasion de dire aux vendeurs du Temple que la maison de Dieu est une maison de prière et non un lieu de négoce. Comme il ne semblait pas vouloir comprendre cette interpellation de leur conscience, Jésus s’en est pris à leurs intérêts : il jette les tables de change, fouettent les bêtes qu’ils vendaient pour les sacrifices, etc. Ce faisant, Jésus les oblige à suivre leurs biens délogés.

Un artisan de paix mène des actions constructives d’un nouvel ordre, d’une nouvelle manière de vivre ensemble. Il mène des actions de construction alternative

Ce fut le cas avec Gandhi qui fut un apôtre de la non-violence en Inde. Pour vivre ce qu’il prêchait, il a créé les » Ashram » comme des communautés où l’on vit différemment, une préfiguration d’un nouveau monde, d’un autre monde plus simple, plus convivial et plus fraternel.

Un artisan de paix est un unificateur et réconciliateur

Un artisan de paix, à la manière de Jésus et à sa suite, est une personne qui œuvre dans le sens de l’unité et de la concorde entre les hommes. Il construit l’unité des êtres humains sur la base de l’égalité de tous les hommes de par leur nature d’image de Dieu. Il se bat pour que tous soient un autour d’une vision commune, celle du Royaume de Dieu qui est un Royaume d’amour, de vérité, de justice et de liberté. 

Là où il y a le conflit et la division, l’artisan de paix sera celui qui agira dans le sens de favoriser la réconciliation en aidant les ennemis à se parler et à se comprendre en vue de dissiper les causes du conflit. Cette réconciliation, pour être durable, doit se faire dans la justice et la vérité telle que nous les avons définis plus haut. 

En guise de conclusion

A la suite de Jésus, notre divin maître, nous sommes tous appelés à être des artisans de paix dans nos différents milieux de vie ; en famille, dans la communauté ecclésiale, dans le milieu professionnel, dans le milieu scolaire et académique, dans les différents groupes de vie dans lesquels nous évoluons (partis politiques, associations culturelles, etc.). 

Toutefois, ne nous faisons pas d’illusion. La paix qu’apporte Jésus ne signifie pas qu’il n’y aura plus de conflits entre les hommes. Et d’ailleurs de façon assez paradoxale, n’est-ce pas le même Jésus, Prince de la paix, qui a dit qu’il nous laissait la paix et qu’il nous donnait la paix à sa manière, qui dira à ses auditeurs de l’époque : « N’allez pas croire que je suis venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). 

Jésus a été au cœur d’un grand conflit entre deux façons de vivre et de voir les choses. Une façon qui donne la primauté à l’ETRE et l’autre qui accorde le primat à l’AVOIR. Jésus a choisi une vie fondée sur le primat de l’ETRE. Il a été en conflit permanent avec tous ceux qui ont fait le choix du primat de l’AVOIR. Il a dit : « Nul ne peut servir deux maîtres à la fois : ou il haïra l’un et aimeras l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Mt 6, 24). 

Lorsque nous choisissons de marcher à la suite de Jésus, nous devons nous attendre à ce que nous soyons considérés comme des opposants, des ennemis à abattre par tous ceux qui ont fait un choix contraire à celui de l’amour.  

Pour résoudre ce conflit, Jésus n’a pas recouru à la violence ni à la force armée mais plutôt à la force de la vérité et de l’amour. Il a osé dire la vérité dans l’amour à tous ses ennemis et à tous ceux qui voulaient en finir avec lui.

N’ayons donc pas peur du conflit ! Regardons-le en face ! Et engageons-nous dans la résolution pacifique des conflits dans notre vie et dans la vie de la société.

Au terme de cette exhortation, nous pouvons dire que suivre Jésus-Christ sur le chemin de la paix véritable n’est pas une mince affaire, une sinécure. Nous ne pouvons réussir à relever ce défi que si nous nous laissons guider par l’Esprit de Dieu comme Jésus-Christ l’a été tout au long de sa vie. Et avec Jésus, nous devons être prêts à payer le prix fort, celui de notre sang, de notre vie, pour la vérité. Rappelons-nous toujours ses paroles : « Le disciple n’est pas au-dessus du Maître. Ce qu’on a fait au Maître, on le fera aussi aux disciples ». 

Je vous invite à terminer cette méditation en priant avec vous cette prière de François d’Assise, prière qui demande au Seigneur de faire de nous des ouvriers de paix :  

Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix,  Seigneur, fais de nous des bâtisseurs d’amour

  1. Là où se trouve la haine      4. Là où s’attarde le doute,  

     Que nous apportions l’amour.       Que nous apportions la foi, 

Là où se trouve l’offense   Sur les chemins du désespoir,  Que nous mettions le pardon.      Que nous portions l’espérance

  • Là où grandit la discorde           5. Donne-nous de consoler 

           Que nous fassions l’unité.     Plutôt que d’être consolés.  

Là où séjourne l’erreur           Donne-nous de comprendre 

    Que nous mettions la vérité.      Plus souvent que d’être compris

  • Là où persistent les ténèbres           6. Car il faut savoir donner, 

    Que nous mettions la lumière    Pour pouvoir être comblés. 

Là où règne la tristesse        Car il faut s’oublier  

           Que nous fassions chanter la joie.   Pour pouvoir se retrouver.

7. Il faut savoir pardonner Pour obtenir le pardon.

Il faut apprendre à mourir

Pour obtenir l’éternelle vie.

Je vous remercie pour votre attention et reste disposé à répondre à toutes vos questions. 

Fait à Kinshasa, le 07 mai 2023

José MPUNDU

Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa

Psychologue clinicien

Tél. : +243818133765/+243856467887/+243997030932

Adresse électronique : [email protected]    

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