Du haut de la chaire de l’Église La Borne, le pasteur Joseph Bondo Kasongo n’a pas mâché ses mots. Face à une assistance attentive, il a peint un tableau sombre de l’évolution anarchique de la capitale congolaise, pointant du doigt la “folie immobilière” qui gangrène Kinshasa. Son message, puissant et sans détour, sonne comme un appel à la conscience collective.
« La ville de Kinshasa assiste à une folie immobilière », a-t-il lancé d’entrée de jeu, dénonçant un urbanisme laissé à la dérive, où chaque espace libre devient un chantier, au mépris total des règles élémentaires d’aménagement.
« Aujourd’hui, nous pleurons les routes, nous pleurons les maisons, nous pleurons nos proches », a-t-il poursuivi, en évoquant les conséquences tragiques de cette urbanisation sauvage, exacerbée par les aléas climatiques.
Le pasteur a regretté la disparition progressive de ce qui faisait jadis la beauté de la capitale : ses espaces verts, ses terrains de sport, ses zones de loisirs. « Autrefois, on allait vers la Cité verte… on l’appelait ainsi parce qu’il y avait de la verdure. Mais aujourd’hui, plus rien ! Faut-il encore l’appeler Cité verte ? »
En comparant l’époque coloniale à la situation actuelle, il rappelle qu’« Les Belges avaient un plan d’urbanisme clair. Ils savaient où construire, où planter les arbres. Aujourd’hui, on ne respecte aucune norme. » Une dénonciation ferme d’une gestion urbaine qu’il qualifie d’irresponsable.
La SNEL en bouc émissaire ?
Le pasteur n’a pas non plus épargné les critiques injustifiées contre la Société Nationale d’Électricité (SNEL). « Votre voisin peut se réveiller un matin et morceler sa maison en quatre ou cinq parcelles, sans informer qui que ce soit. Et on en veut à la SNEL qui, du reste, n’est pas informée des morcellements. » Avant d’ajouter avec gravité : « C’est la même énergie qu’on fournissait pour 10 immeubles qu’on veut désormais étendre à 15 ! »
En toile de fond, c’est toute une société de surconsommation que le pasteur remet en cause. Plastiques jetés, vêtements gaspillés, maisons construites sans conscience : « Ce consumérisme, nous en sommes responsables. Cette philosophie qui consiste à consommer à tout prix nous tue à petit feu. »
Face au changement climatique et à la montée des catastrophes naturelles, Joseph Bondo interpelle : « On n’a pas besoin d’être prophète pour savoir qu’il y aura de plus en plus de tornades, de pluies torrentielles. L’homme a tourné le dos à son créateur. »
Un message poignant, une parole lucide, dans un Kinshasa qui semble courir vers sa propre asphyxie urbaine. Un appel pressant à revenir à l’essentiel : la responsabilité, la prévoyance, et le respect de l’ordre naturel.
Glad NGANGA