Kinshasa en ébullition : entre colère populaire et enjeux diplomatiques

La capitale congolaise s’est réveillée sous tension ce mardi, plongée dans une mobilisation massive en soutien aux populations de l’Est et aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Alors que des appels à une “journée ville morte” circulaient depuis lundi soir, Kinshasa s’est transformée en un théâtre de manifestations populaires, mêlant revendications pacifiques et violences sporadiques.

Dans les quartiers de Limete, Barumbu et Gombe, les manifestants ont bloqué les routes, érigé des barricades, et brûlé des pneus. Devant plusieurs missions diplomatiques, notamment les ambassades de France, des États-Unis, et du Rwanda, la tension a atteint son paroxysme. À l’ambassade de France, un début d’incendie causé par des pneus enflammés a suscité une condamnation ferme des autorités françaises, tandis que des actes de vandalisme ont également touché les ambassades de Belgique et du Rwanda.

Appels au calme : des réactions fermes mais mesurées

L’ambassadeur du Japon en RDC, Hidetoshi Ogawa, a déploré les violences dans un communiqué clair. « Ces actes de vandalisme ne servent qu’à diviser. Ils blessent nos amis tout en réjouissant nos adversaires. La RDC a besoin de solidarité, pas de chaos. » M. Ogawa a rappelé l’importance du dialogue et de la diplomatie dans un contexte aussi complexe.

De son côté, la vice- ministre en charge de l’Intérieur a pris la parole dans l’après-midi pour appeler à l’apaisement. « Nous comprenons la colère de nos concitoyens face à l’agression de l’Est, mais ces violences ne font qu’affaiblir notre position. Votre message a été entendu. Maintenant, rentrez chez vous et concentrons-nous sur la défense de notre territoire et sur la recherche d’un soutien diplomatique fort. »

Une mobilisation entre solidarité et débordements

Si la majorité des manifestants a affiché un esprit de solidarité, des actes plus radicaux ont mis à mal l’objectif initial. À Limete, des jeunes ont scandé des slogans réclamant l’intervention de la Russie, qu’ils perçoivent comme une alternative face à ce qu’ils qualifient d’“hypocrisie de l’Occident.” Certains tracts retrouvés portaient des messages explicites : « Non à l’agression de notre pays par le Rwanda », « Non au silence complice de la communauté internationale. »

Le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a dénoncé les débordements tout en réaffirmant la légitimité des revendications. « Ces actes de vandalisme risquent d’éloigner nos partenaires. Restons vigilants : nos ennemis pourraient exploiter ces incidents pour saboter nos relations diplomatiques. »

Kinshasa paralysée, les conséquences se font sentir

Des quartiers entiers de Kinshasa, notamment autour du carrefour Mandela, de l’avenue Luambo Makiadi et du boulevard Lumumba, ont vu leur circulation stoppée. Les écoles comme le Collège Saint-Esprit et le Groupe Scolaire du Mont-Amba ont renvoyé leurs élèves dès le matin. Les commerces, par mesure de précaution, ont baissé leurs rideaux, et des motos-taxis ornées de rameaux, symboles de paix, étaient les seuls moyens de transport visibles.

Face à l’ampleur des manifestations, la police a été déployée massivement pour contenir les débordements. « Nous devons protéger la population, les biens publics et privés, ainsi que le corps diplomatique », a souligné un porte-parole des forces de l’ordre.

Un message adressé à la communauté internationale

Ces événements marquent un tournant dans la mobilisation nationale. Alors que la crise dans l’Est perdure, Kinshasa a envoyé un signal fort, bien que parfois brouillé par la violence : l’unité nationale reste intacte face à l’adversité. La question demeure cependant : cette colère populaire parviendra-t-elle à convaincre la communauté internationale d’agir pour ramener la paix en République démocratique du Congo ?

Glad NGANGA

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