Le retour annoncé de l’ancien président Joseph Kabila Kabange en République démocratique du Congo, précisément par la partie orientale du pays, ne doit rien au hasard. Cette région, aujourd’hui sous occupation rwandaise par l’entremise de ses patins de l’AFC/M23, constitue l’épicentre des tensions et des ambitions régionales. Dans un contexte où les masques tombent et où les alliances se révèlent au grand jour, le timing de cette réapparition publique s’inscrit dans une manœuvre politique d’une précision calculée. Pour de nombreux observateurs avertis, il s’agit là du véritable propriétaire de l’AFC/M23 qui s’apprête à reprendre symboliquement possession de son fief à Goma. Ce retour soigneusement chorégraphié vise à donner corps à l’illusion d’une insurrection congolaise née de l’intérieur, alors qu’elle n’est, en réalité, que l’énième avatar d’une stratégie d’agression et de déstabilisation pilotée depuis Kigali. Dans cette mise en scène où rien n’est laissé au hasard, l’heure n’est plus à l’innocence, et ceux qui ont pactisé avec l’oppresseur avancent désormais à visage découvert, ou presque. Ce qui rappelle une phrase : « l’AFC, c’est lui ».
Pendant des années, Paul Kagame a porté, seul ou presque, le fardeau d’une vérité que la diplomatie congolaise, au prix d’efforts constants, a fini par rendre éclatante aux yeux du monde : celle d’être le principal perturbateur de la paix dans l’est de la République démocratique du Congo. Mais à mesure que les pressions internationales montent et que les preuves défilent à un rythme accablant, le stratège de Kigali semble lassé de porter seul l’opprobre.
L’injonction aurait donc été donnée à ses patins congolais de s’assumer ouvertement, de donner à la fausse rébellion M23, aujourd’hui camouflée sous le sigle AFC, une allure indigène, plus à même de diluer la responsabilité directe du Rwanda dans cette agression qui n’a plus rien de sournois.
L’heure est à la “congolisation” de la crise, une opération de communication cynique pour brouiller les cartes à l’échelle internationale et rendre inaudibles les accusations de Kigali comme agresseur principal.
La dernière manœuvre en date est aussi éloquente que révélatrice : à seulement vingt-quatre heures de la rencontre de Doha, décisive pour l’avenir de la région, l’ancien président Joseph Kabila Kabange annonce son retour en République démocratique du Congo par sa partie orientale. Cette même partie aujourd’hui sous occupation rwandaise, par l’entremise de ses patins de l’AFC/M23. Le timing, lui non plus, ne doit rien au hasard. Pour des observateurs avertis, c’est le véritable propriétaire de l’AFC/M23 qui s’apprête à récupérer son siège à Goma. Une synchronisation d’une précision chirurgicale, à laquelle il est difficile d’attribuer la moindre part de hasard. Ce retour en scène, soigneusement chorégraphié, vise à crédibiliser l’illusion d’une insurrection congolaise émanant de l’intérieur. Ce n’était déjà pas un hasard : Joseph Kabila, dans l’une de ses rares apparitions médiatiques, avait révélé sa position. Incapable de condamner les massacres de ses compatriotes à Goma, perpétrés par les forces rwandaises, l’ancien président laissait transparaître une ambiguïté lourde de sens. Un silence coupable, devenu aujourd’hui une confirmation éclatante de ses accointances. La ficelle est grosse, mais elle n’en reste pas moins dangereuse. L’objectif est double : sur le terrain diplomatique, il s’agit d’éroder le consensus naissant autour de la condamnation de l’agression rwandaise. Sur le terrain militaire, il s’agit de donner à la rébellion une légitimité factice qui rendra toute intervention contre elle politiquement plus coûteuse.
Il est donc clair, pour Joseph Kabila, que le contexte ne laisse plus place à l’innocence. Désormais, tous les acteurs ayant pactisé avec Paul Kagame avancent à visage découvert, ou presque.
L’avantage pour Kinshasa, c’est que l’agression, auparavant niée, est aujourd’hui documentée. La rébellion, auparavant déguisée, cherche à se donner un passeport congolais. Et la communauté internationale, longtemps complaisante ou distraite, commence à ouvrir les yeux. Il ne faudrait pas que ce brusque éclaircissement soit aveuglé par les vieilles habitudes de réalisme cynique, ce réflexe qui veut que la paix se construise au prix du renoncement à la vérité. La République démocratique du Congo paie, depuis trop longtemps, le prix de cette “realpolitik” à courte vue qui abandonne les peuples pour sauver les apparences.
Aujourd’hui, à Doha comme ailleurs, il faudra rappeler haut et fort que les faits sont têtus : l’agresseur est connu, la manœuvre est visible, les masques sont tombés. Et que la justice et la paix ne sauraient s’établir sur des mensonges.
Car derrière la façade des communiqués diplomatiques, derrière les sourires de circonstances, se joue une tragédie humaine dont les victimes, dans les villages de Rutshuru, Masisi, ou encore Nyiragongo, n’ont que faire des subtilités de langage. Elles veulent être vues, écoutées, et surtout, défendues.
Le temps est venu de choisir entre le confort du mensonge et l’exigence de la vérité. L’Histoire, elle, a déjà commencé à écrire le nom des responsables de ceux qui ont mis le pays à feux et à sang !
Infos27