Interdiction de la conférence scientifique du Dr Mukwege à Kisangani : une entorse à l’hospitalité légendaire des Boyomais !

Ville de Kisangani

La ville de Kisangani réputée ville martyre vient encore d’être martyrisée par une décision inique interdisant la conférence scientifique du Prix Nobel de la Paix, Dénis Mukwege, programmée depuis plus d’un mois à l’université de Kisangani considérée comme la troisième du pays.

Le comité de gestion de cette institution d’enseignement supérieur et universitaire justifie sa position par la situation sécuritaire qui s’observe dans ce milieu. Cependant, à deux jours de cette importante conférence, le même comité de gestion annonçait la reprise des activités après la contestation des étudiants finalistes sur les frais de retrait des diplômes qui a connu une augmentation de 20.000 FC(10$).

Des instructions venues de Kinshasa

Selon certaines indiscrétions, le recteur nommé par Muhindo Nzangi, le Professeur Jean-Faustin Bongilo, aurait reçu l’ordre de sa hiérarchie depuis Kinshasa de barrer la route au réparateur des femmes qui fait déjà peur pour les élections de 2023. Les raisons d’ordre sécuritaire et logistique évoquées par le recteur nommé grâce à l’intervention au SG du parti politique Ensemble, Dieudonné Bolengetenge, qu’il vient de trahir, n’est qu’un échappatoire :

« L’Université de Kisangani n’est pas en mesure d’assurer la sécurité et la protection des infrastructures et des personnes en cas de débordement. Tout comme, elle n’est pas à même de garantir les conditions matérielles et techniques du déroulement des activités », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Plusieurs lieutenants ont même été recrutés depuis Kinshasa pour soutenir la décision du recteur dans les réseaux sociaux à travers les groupes WhatsApp initiés par les ressortissants de la Tshopo. Parmi les commentaires que l’on peut lire dans un groupe réunissant les élites de la Tshopo,l’on retrouve ces extraits de commentaires :

Un membre du cabinet du ministre des Finances à Kinshasa réagit ainsi :
« MUKWEGE a fait quoi ici?
Plusieurs conflits sont toujours identifiés autour de PANZI,son environnement immédiat
.

Et la réponse n’a pas tardé d’une personne se trouvant sur place à Kisangani :

« Mon frère, pourquoi vous êtes entrain de vous fatiguer pour rien.
Un fanatique n’est pas différent d’un drogué ( bombé).
Pour lui ce qui compte ce n’est que les miettes qu’on lui a promis. Rien de raisonnable ou d’objectif n’est peut sortir dans sa bouche.
Les politiciens ont vraiment détruit la jeunesse !

A ne prendre que ces quelques deux petits extraits, on peut facilement déduire que la décision d’interdiction de la conférence scientifique du Prix Nobel de la Paix, Dénis Mukwege, n’a pas fait l’unanimité au sein de la population tshopolaise, en général, et des étudiants, en particulier.

Qu’à cela ne tienne, il y a lieu de rappeler que depuis la nuit des temps, la ville de Kisangani a toujours été hospitalière, un carrefour où plusieurs cultures se foisonnent. C’est l’unique ville où deux grandes langues nationales sont parlées par la population : le swahili et le lingala. C’est cette même ville qui a porté Lumumba sur la scène politique. Mobutu y passait une grande partie de son temps dans sa résidence à côté de la chute Wagenia, M’zee y a puisé du souffle pour foncer vers Kinshasa, Kabila Joseph y a érigé une tente en pleine commune réputée chaude de la Tshopo où il a été surnommé » Bébé Rico, nakozua yo wapi », avant d’être élu avec une majorité écrasante par cette population, Tshisekedi père y est passé lors de son incarcération à Isangi et y a gardé des bons souvenirs, Fayulu a été voté par plébiscite, Kimbembe Mazunga, originaire du Kongo central et ancien conseiller de Joseph Kabila, y a construit un Logde au bord du fleuve Congo.

Cette germe de haine que veulent inoculer les politiques ne seraient la bienvenue dans une ville où l’harmonie entre les communautés a toujours été saluée. Ceux qui y sont passés ont gardé des bons souvenirs. C’est le cas du chef du service de neurochirurgie des Cliniques universitaires St-Luc à Bruxelles, le professeur Christian Raftopoulos, qui a opéré le chef de l’état, né et grandi à Kisangani, le responsable de Rawbank et HJ Hospital, les membres de l’association dénommée  » Boyoma simama », etc.

Tout compte fait, c’est un grand rendez-vous manqué pour une ville qui a du mal à retrouver ses lettres de noblesse d’antan après plusieurs années de troubles dûs aux guerres à répétition. Des décisions aussi impopulaires devraient être prohibées dans un état qui se veut de droit surtout pour une conférence scientifique qui n’a rien à faire avec la politique.

« Kisangani ne tombera pas »

Sam Nzita

One thought on “Interdiction de la conférence scientifique du Dr Mukwege à Kisangani : une entorse à l’hospitalité légendaire des Boyomais !

  1. Le Dr. Mukwege fait de l’amalgame, qu’il prenne une position claire, par rapport à ce qu’il veut faire …

    Qu’il dise clairement, s’il veut continuer avec sa carrière médicale avec vocation de réparer les femmes, sexuellement mutilées par le fait des guerres à l’Est de la RDC.

    Cependant, il ne devrait pas profiter du travail noble qu’il fait, depuis des années, pout faire de la politique. Nous savons tous qu’il est partisan de LAMUKA, depuis Génève, or nous savons qui est derrière cette coalition…

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