La République Démocratique du Congo perd l’un de ses penseurs les plus respectés. Le professeur Gaston Dyndo Zabondo, figure éminente de la philosophie et défenseur infatigable de la démocratie en Afrique est décédé à Kinshasa, emporté par une longue maladie. Né en 1962 à Lisala, dans la province de la Mongala, ce philosophe et homme politique engagé laisse derrière lui un héritage intellectuel et militant qui marquera durablement l’histoire du pays.
Docteur en philosophie de l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg, Dyndo Zabondo a d’abord fait rayonner ses idées aux États-Unis, où il a enseigné dans des universités de renom, avant de revenir en RDC pour partager son savoir. Professeur à l’Université Pédagogique Nationale (UPN) jusqu’à son décès, il était surtout connu pour ses travaux novateurs sur l’adaptation de la démocratie aux contextes africains, un sujet qu’il abordait dans son livre phare, Démocratie africaine, démocratie consensuelle. À travers cet ouvrage, il interrogeait les possibilités de concilier valeurs traditionnelles africaines et principes démocratiques universels, un rêve qui restera inachevé.
Mais Gaston Dyndo Zabondo n’était pas qu’un intellectuel. Homme d’action, il a aussi été un acteur de la vie politique congolaise, jouant un rôle clé aux côtés d’Étienne Tshisekedi, figure historique de l’opposition, notamment comme directeur de campagne lors de l’élection présidentielle de 2011. Cinq en arrière, soit en 2006, il a collaboré à la campagne de Jean-Pierre Bemba, continuant de défendre les idéaux démocratiques et d’exprimer son désaccord face aux irrégularités électorales.
Son parcours prend un tournant en 2023 lorsqu’il annonce sa propre candidature à la présidentielle, se positionnant comme un fervent défenseur de la justice sociale et de l’éthique en politique.
À la tête de la coalition pour la justice sociale, il militait pour une politique plus juste, ancrée dans ses profondes convictions philosophiques. Sa vision d’une “démocratie consensuelle” et son plaidoyer pour l’émancipation politique de l’Afrique résonnent aujourd’hui comme un appel inachevé. En mêlant éthique et engagement, Gaston Dyndo Zabondo a incarné un modèle d’intégrité et d’exigence, dans un monde politique souvent fragilisé par la corruption et les compromis.
Son décès laisse un vide immense dans la sphère académique et politique. Mais son combat pour une Afrique libérée des entraves de l’injustice et de la corruption continue de vivre dans ses écrits, qui inspireront les générations futures. La RDC perd un de ses sages, mais son héritage demeure, puissant et indélébile.
Glad NGANGA
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