Haut-Uélé : Blanchiment des capitaux à ciel ouvert !

Des chinois à la conquête du Haut-Uele

Depuis le début de la semaine dernière , il s’observe une frénésie suspecte dans l’exploitation minière dans la province du Haut-Uélé. Depuis plusieurs mois, en effet, plusieurs sources ont fait état d’une anarchie dans cette exploitation largement illicite qui faisait perdre des recettes aussi bien à la province qu’à l’Etat congolais, et cela dans tous les domaines : DGI, DGRAD, Emploi et travail, Hydrocarbures, foresterie, etc.

Saisi de la question,  le Président de la République a, au cours du conseil des ministres du vendredi 12 août 2022, exprimé son inquiétude sur cette situation où il est « signalé la présence des sujets étrangers exploitant les minerais d’or au moyen d’engins lourds ».

Le compte rendu de ce Conseil des ministres renseigne que « ces activités minières illicites s’effectuent soit dans les zones d’exploitation artisanale, en complicité avec les coopératives minières qui laissent les étrangers accéder avec des engins lourds sur les sites pourtant réservés exclusivement à l’exploitation artisanale et aux nationaux, soit dans les périmètres de recherches non encore transformés en permis d’exploitation ou encore dans les aires protégées ».

Le Chef de l’état très inquiet

Félix Tshisekedi, Chef de l’état

Choqué par ces informations, le Président Félix Tshisekedi a, toujours selon le compte rendu, « rappelé que ces pratiques violent les dispositions du Code Minier relatif à l’éligibilité, à l’exploitation artisanale et celles relatives aux aires protégées ». Et de poursuivre :

« Tout en rappelant ses instructions données lors de la 29ème réunion du Conseil des Ministres en rapport avec la lutte contre la fraude minière, notamment la poursuite de l’identification des périmètres de recherches où s’effectuent les activités minières illicites, et compte tenu de la recrudescence de ce phénomène dans la partie Est de notre pays, le Président de la République a instruit le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières à prendre des mesures urgentes pour stopper, sans délai, ces exploitations illicites ». Il avait également requis l’implication étroite de « la Ministre d’Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux ainsi que de la Ministre des Mines (…) afin d’initier une mission d’enquête sur les activités illicites dans cette partie du territoire national et de lui faire un rapport, assorti des recommandations, lors du premier Conseil des Ministres du mois de septembre prochain ».

Une décision sans effet pour l’administration Nangaa

Des chinois accélèrent l’exploitation

En attendant le déploiement de cette mission, il a, en effet, été observé une frénésie aussi bien dans l’administration minière de la province qu’au niveau même des exploitations, comme pour, d’une part, d’en mettre les poches avant la fin de la récréation, et, d’autre part, effacer les traces de l’illicité des activités pourtant déjà connues de l’autorité suprême la mieux informée de la république.

En effet, lorsque les enquêteurs descendront dans le Haut-Uélé, ils se rendront compte des cadavres du placard du Gouverneur Baseane Nangaa qui, selon les informations disponibles, auraient tissé une véritable nasse de prédation minière et fiscale. Ces enquêteurs devront, par exemple, élucider le manque à gagner et les activités de blanchiment des capitaux liés à ces louches activités menées au moyen, toujours selon nos sources, de plus de 400 gros engins amenés dans les sites d’exploitation par au moins 600 exploitants étrangers, majoritairement chinois.

Un tout petit et simple calcul sur plus de 400 engins qui coûterait à moyenne 200. 000$ par engin ferait une grande recette à la DGDA qui a du mal à voir clair dans la traçabilité de ces recettes qui devraient aller tout droit dans le trésor public. La Brigade douanière de cette régie financière a-t-elle été saisie pour ce marché aussi juteux surtout quand le gouverneur de cette province charge toutes les institutions de Kinshasa ? Si chaque chinois présent devrais payer 6 à 10.000 $ par mois cela rapporterait à l’état congolais des milliers de dollars américains dont la traçabilité pose problème jusqu’à lors.

Un véhicule du gouvernorat repéré sur le site minier

Dans ce nouveau El Dorado, les flics du fisc et des mines devront demander à Basene Nangaa de clarifier les choses sur un important pactole fiscal lié, par exemple, au recouvrement de la taxe de la DGRAD pour laquelle un inspecteur délégué de Kisangani a été récemment refoulé par le Gouvernement provincial du Haut-Uélé. Toujours selon nos sources dans la province, cet inspecteur devait retracer pas moins de Usd 3 millions, rien que pour les deux derniers exercices.

L’ancien secrétaire particulier de Corneille Naanga, Didier Nangaa, très joyeux de l’aubaine

Ce n’est pas tout. La permissivité observée dans la gestion de la province du Haut-Uélé, a soulevé les oreilles de la DGI qui veut également voir clair dans les dividendes qui lui sont dus, notamment en termes d’impôts sur les revenus, les IPR, etc. Autant pour la DGDA qui n’a rien vu dans ses comptes au sujet des engins entrés en territoire congolais, autant que la DGRAD qui attend encore le retour financier sur l’utilisation faite des plus de 400 engins en activité dans cette province. Le Ministère des Hydrocarbures dit être surpris par ces nouveaux conquistadors qui sont secondés par des firmes somaliennes en terme des carburants à partir de l’est de la République démocratique du Congo, des gros engins qui tournent 24 sur 24 heures. Encore un manque à gagner énorme pour le trésor public.

Des gros engins en activité 24/24

Et lorsque Baseane Nangaa, le tout puissant Gouverneur du haut-Uélé, aura élucidé la lanterne de l’Etat sur tous ces sujets, il devra ensuite ouvrir ses livres pour éclairer la république et son Chef de l’Etat sur la contrepartie attendue de l’exploitation minière par rapport à l’impact environnemental. On parle, en effet, d’une grave dégradation de la faune et de la flore par ces engins qui creusent partout et auraient déjà laissé plus de 200 cratères béants. Des cratères qui affectent des espaces d’exploitation agricole et livre la province à de graves risques d’érosions.

Des mineurs exploités dans des cratères béants

Outre ces détails liés directement à l’exploitation minière, l’enquête ordonnée par le Président Tshisekedi va devoir toucher d’autres domaines administratifs et même sécuritaires que la gouvernance du Haut-Uélé a maintenus dans l’opacité la plus total. Il s’agit, par exemple, des migrations où, selon nos sources, on parle de plus ou moins 400 étrangers qui opèrent dans les zones minières de cette province dans l’irrégularité. Sans visa de séjour ni permis de travail, la plupart de ces étrangers travaillent juste avec les visas aéroportuaires.

Un sujet chinois très préoccupé par sa nouvelle conquête

Bref, le Président de la République a véritablement tapé dans la termitière pour permettre au pays de rentrer dans ses droits aliénés par une poignée d’impénitents qui, en plus de tout ce qui précèdent, entretiennent l’opacité sur le dû de l’Etat dans les activités du SAEMP et de de CENAREF. A ce sujet, il nous revient qu’un groupe s’agents dits spéciaux chargés du recouvrement du pourcentage mensuel sur ce revenu dans au moins 400 carrières minières à travers la province obéiraient au seul doigt et au seul œil du Gouverneur, sans obligation de rendre compte au Gouvernement central.

Le tout puissant Baseane Nangaa

Toutes ces activités que nous venons de relever et tant d’autres entrainent des tiraillements dans la province du Haut-Uélé où l’on a déjà enregistré des pertes en vies humaines dans des conditions louches. Mais malgré cela, et après les instructions du chef de l’Etat, les activités minières ont redoublé d’ardeur autour de structures présentées comme des coopératives mais contrôlées par le Gouverneurs à travers des proches collaborateurs et même des proches parents.

Pire encore, un groupe d’individus se présentant au nom du premier citoyen de cette province à problème rejette toute cette situation sur les autorités de Kinshasa.

Deux individus se présentant au nom du gouverneur

En dans un point de presse tenu le vendredi 19 août 2022 par Me. Héritier Mutupeke et Me. Prosper Madilu, respectivement commissaire provincial en charge des mouvements associatifs et conseiller principal du gouverneur en charge des Mines. Ces deux personnalités ont commencé par saluer la décision prise par le Président de la République, celle de stopper sans délais l’exploitation minière dans les zones d’exploitation artisanale au moyen d’ engins lourds, ceci en complicité avec des coopératives minières de la province.

Pour elles , chaque chinois qui se retrouve dans ces zones d’exploitation a ses pairs à Kinshasa et que la province n’est ni de près ni de loin concernée comme estiment les ennemis du développement de la province.

Cependant, elles notent que , nulle part dans le code minier, la province a la compétence de délivrer un permis d’exploitation à une quelconque personne.

Ces proches de l’exécutif provincial se disent attendre avec patience, la délégation qui doit venir de Kinshasa pour mener des enquêtes et établir les responsabilités:

« Ceux qui ne cessent d’accuser le gouvernement provincial à tort ou à raison, ont chacun un chinois en province et nous attendons la délégation à provenance de Kinshasa pour leur fournir des preuves« .

Les personnes averties se demandent pourquoi les véhicules du gouvernorat devraient contribuer à ce vaste chantier et pourquoi le jeune frère du gouverneur, qui semble ne rien connaître alors que tout se passe à ciel ouvert, Didier Nangaa Ilaani, travaille d’arrache-pied avec ces nouveaux explorateurs ?

Si toute cette gabegie financière a comme finalité le positionnement sur le plan politique en 2023 avec un parti familial que vient de mettre sur pied la  » Nanganie », eh bien, c’est vraiment une mauvaise lecture de chose surtout dans un coin où ce nom de famille n’évoque pas des bons souvenirs. Chercher à rempiler en vendant ses propres terres aux expatriés révèle d’une lecture très erronée de la situation actuelle du pays.

Tout compte fait, ce que plus d’un dénomme, désormais, « Nangaa Gate » devient le pire scandale du siècle qu’ait connu la République démocratique du Congo, après le Congo Hold-up.

Dossier à suivre.

P.O

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