Après trois mois de consultations menées dans l’ombre, au pays comme à l’étranger, les chefs des Églises catholique et protestante ont présenté ce samedi 23 juin au Président Félix Tshisekedi le fruit d’un travail de médiation inédit.
Ce projet dit « pacte social » a comme objectif, la promotion d’un pacte social de paix et au bien-vivre ensemble, dans un contexte sécuritaire explosif à l’Est.
Ils avaient quitté la scène médiatique depuis des semaines, laissant derrière eux questions et spéculations. Ce samedi, la délégation conjointe des Églises catholique et protestante, constituée du Pasteur André Bokondoa (président de l’ECC), de Monseigneur Donatien Nshole (Secrétaire général de la CENCO), et du Pasteur Eric Nsenga (Secrétaire général de l’ECC), a refait surface… à la présidence de la République.
Pendant près de deux heures, les trois chefs religieux ont échangé à huis clos avec le Président Félix Tshisekedi, lui livrant en primeur les résultats d’un périple silencieux mais important : des consultations menées dans plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique.
« Le Chef de l’État a été réceptif. Il a pris le temps de nous écouter, et nous l’avons aussi écouté », a confié à la presse Monseigneur Donatien Nshole.
Deux actes forts ont marqué cette rencontre : d’abord, le dépôt d’un rapport de mission très attendu sur la situation sécuritaire en RDC, notamment dans l’Est occupé par les forces rwandaises avec la complicité de l’AFC/M23. Ensuite, l’annonce de la création d’une équipe de suivi conjointe entre l’État et les Églises, censée approfondir la mise en œuvre des recommandations issues des consultations.
« Cette réunion a porté sur deux points : le rapport d’information et la mise en place d’un cadre de travail pour la suite. Nous envisageons une autre étape », a ajouté le Pasteur Eric Nsenga.
Mais si la rencontre a suscité l’intérêt, deux absences n’ont pas manqué d’interpeller : celle du Cardinal Fridolin Ambongo et de Mgr Fulgence Muteba, président de la CENCO. Ce dernier avait récemment admis publiquement avoir bénéficié de soutiens du Rwanda pour ses missions pastorales. Une déclaration qui avait mis Kinshasa en colère.
Ce silence gênant laisse place à de nouvelles interrogations : quels sont les dessous réels de ce “pacte social” ? Quelle est la nature exacte des propositions faites par la CENCO-ECC ? Et comment sera structurée la collaboration avec l’État congolais ?
Alors que le pays s’enlise dans une guerre de haute intensité à l’Est, le rôle des Églises, longtemps perçues comme sentinelles morales de la République, redevient central. La balle est désormais dans le camp du pouvoir exécutif, qui devra transformer cette main tendue religieuse en un levier politique durable.
Glad NGANGA