Pointée du doigt pour son silence face à l’agression rwandaise, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) vient enfin de s’exprimer sur la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays. Dans un message de compassion et de solidarité, l’institution catholique reconnaît la gravité de la situation marquée par la prise de Goma par la coalition rebelle AFC/M23, soutenue par le Rwanda. Elle déplore les violences, les pillages et les déplacements massifs de populations qui aggravent une tragédie humanitaire persistante depuis plus de trente ans dans cette région.
Une posture prudente face à la crise
Si la CENCO exprime son soutien aux évêques des diocèses touchés, notamment à Mgr Willy Ngumbi de Goma et Mgr François-Xavier Maroy de Bukavu, elle justifie son silence initial par un « temps de recueillement » pour mieux comprendre la situation et discerner les perspectives d’avenir. Toutefois, son communiqué reste mesuré : bien qu’elle évoque un appui rwandais aux rebelles, elle évite toute condamnation directe du régime de Kigali, une retenue qui contraste avec la fermeté du gouvernement congolais et des mouvements citoyens.
Une déclaration qui ne convainc pas tout le monde
Pour beaucoup, cette sortie tardive ne suffit pas à dissiper les interrogations sur la position de l’Église face à l’agression dont la RDC est victime. Le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, avait publiquement critiqué l’absence de prise de position de la CENCO, une attitude qui, selon lui, tranchait avec sa promptitude habituelle à réagir sur d’autres sujets d’actualité nationale. Reste à savoir si cette déclaration, perçue comme prudente, permettra à l’épiscopat congolais de regagner la confiance d’une partie de l’opinion publique qui attendait une dénonciation plus ferme.
Glad NGANGA