GAGNER LE DÉBAT FACE À L’ADVERSAIRE.

Quelle est la fonction du débat politique face à l’adversaire ?

La fonction du débat politique c’est de faire triompher notre vérité et il faut savoir aussi que dans un débat politique, les émotions jouent un rôle très important c’est-à-dire la manière de réagir lors de cette dispute intellectuelle.

Le but du débat politique ce n’est pas toujours de dire la vérité – défendre ce qui semble être la vérité de son parti politique.

Et la vérité ne suffit pas toujours – il faut parfois recourir à des armes rhétoriques efficaces – recourir à des artifices rhétoriques pour gagner la confiance de l’opinion.

De ce fait, il faut mettre en place toute une série des techniques pour rendre les propos de l’adversaire moins convaincants – lui opposer des arguments de telle sorte que ses arguments perdent de leur efficacité et de leur puissance de persuasion.

Le champ lexical de débat, c’est un champ guerrier c’est-à-dire de la confrontation d’idées, armes intellectuelles pour gagner le débat – c’est aussi s’inscrire dans l’art de la controverse.

D’où vient notre besoin d’avoir raison face à l’adversaire et davantage face au public ?

C’est tout simplement lié à la nature de l’être humain, à une caractéristique de l’être humain qui est inné à la vanité.

La vanité c’est l’inconsistance, c’est le fait d’être moins intéressé par le fond des choses que par l’apparence extérieure, c’est être intéressé par l’image de nos idées, bref, c’est la logique de l’apparence.

La vanité c’est ce qui fait que l’être humain préférera toujours avoir tort mais remporter les éloges qu’avoir raison et recevoir des approbations – l’être humain préfère la louange à la vérité, il préfère le succès à la sagesse.

C’est pourquoi, il faut jouer aux apparences lors du débat politique pour remporter l’adhésion du public.

On considère le pire lorsqu’on reconnaît l’erreur lors du débat politique.

Il ne faut pas reconnaître l’erreur car ça fait perdre en crédibilité, c’est un aveu de faiblesse – reconnaître l’erreur c’est de prêter le flanc aux attaques de l’adversaire, c’est pourquoi, il faut s’obstiner dans l’erreur, quitte à faire la plus grande mauvaise foi pour sauver les apparences.

L’être humain pense que les apparences le sauvera et que les autres ne détecteront pas la fraude et qu’au moment qu’il défend obstinément ses positions, il finira toujours par s’en sortir.

Bien sûr, c’est une illusion mais c’est un besoin pour prouver que nous avons raison.

Quand on argumente avec zèle, offensivité, agressivité, ce n’est pas l’autre qu’on cherche à convaincre, nous voulons nous convaincre d’abord nous-mêmes, puis l’opinion publique, que notre manière de penser qui est la bonne parce qu’elle en va de notre estime, l’image de nous-mêmes.

C’est pourquoi, nous avons sans cesse besoin de nous justifier avec nous-mêmes pour persuader que nous sommes dans le vrai.

Lorsqu’on construit un système, il est hors de question d’en changer, remettre en cause ce système.

Donc, on préfèrera toujours colmater les fissures, monter les échafaudages pour tenter de rendre cohérent un système politique qui n’existe plus – convaincre que notre système est le bon.

Hors de question de laisser écrouler notre système de croyance car sans lui, nous ne sommes plus à l’abri.

Outre, la malhonnêteté intellectuelle est parfois tolérée lors du débat politique bien que ce soit la mauvaise foi, le mensonge, le déni…

Ce sont parfois des stratégies inconscientes qui répondent d’abord aux besoins des repères pour s’identifier et se définir auprès des autres et de soi-même.

On peut-être à la fois de bonne et mauvaise foi pour justifier le recours à des arguments fallacieux.

On s’identifie à des croyances comme si l’on défendait notre propre vie – et lorsque l’on défend sa vie, on ne se pose la question qui a raison qui a tort ?

Tous les coups sont donc permis à prendre.

L’appréciation de la valeur d’un argument ne va pas se faire par rapport à sa conformité qui est dans le vrai.

Si je me reconnais être dans un parti politique et que je dois défendre nos idées, je vais me refuser à reconnaître les valeurs et les idées de l’autre parti politique.

Tout argument qui émanera de ce parti politique, sera forcément nul et non avenu car c’est la logique même du militantisme.

Le militant ne pense pas parce que penser c’est se donner l’occasion de changer d’avis.

Reconnaître qu’on a tort c’est très difficile – c’est un aveu de faiblesse car nous avons une vision dans la lutte intellectuelle pour être reconnus par l’autre.

Ceci laisse à croire que la vie c’est une guerre parce qu’à la guerre tous les coups sont permis pour notre survie.

Pour conclure, il est souhaitable de se référer à Schopenhauer qui a énuméré plusieurs stratégèmes les plus utilisés pour mieux détecter les rhétoriques afin d’éviter de se faire tomber par l’adversaire lors du débat politique.

Parmi ces stratégèmes, nous en avons choisi uniquement 5 :

1) Fâcher l’adversaire : l’art de la controverse ce n’est pas seulement l’art de manier les armes des rhétoriques, c’est savoir provoquer les émotions, c’est savoir exciter l’adversaire, le faire sortir de son calme et le faire sortir de sa raison.

Mettre l’adversaire en colère, c’est faire preuve de mépris envers sa personne et envers les propos qu’il tient – le mépriser passe aussi par les mots et attitudes en ignorant même son regard.

Donc qu’il faut provoquer la colère de votre adversaire : la colère voile le jugement et il perdra de vue où sont ses intérêts.

Il est possible de provoquer la colère de l’adversaire en étant injuste envers lui à plusieurs reprises, ou par des chicanes, et en étant généralement insolent.

2) Choisir les métaphores favorables :

Si la conversation c’est autour d’une conception générale qui ne porte pas de nom mais requiert une désignation métaphorique, il faut choisir une métaphore favorable à votre thèse.

Par exemple, le terme protestant fut choisi par les protestants, ainsi que le terme évangéliste par les évangélistes, mais les catholiques les appellent des hérétiques.

3) Interrompre et détourner le débat :

Si nous nous rendons compte que l’adversaire a entrepris une série d’arguments qui va mener à notre défaite, il ne faut pas lui permettre d’arriver à la conclusion mais l’interrompre au milieu de son argumentation, le distraire, et dévier ce sujet pour l’amener à d’autres.

4) Trouver une exception :

Il s’agit d’une apagogie à travers une instance, un exemplum in contrarium.

L’introduction, nécessite un grand nombre d’instances bien définies pour s’établir comme une proposition universelle tandis que l’anonymat ne requiert qu’une seule instance à laquelle la proposition ne s’applique pas et qui la réfute.

5) Principe de l’association dégradante :

Lorsque l’on est confronté à une assertion de l’adversaire, il y a une façon de l’écarter rapidement, ou du moins de jeter l’opprobre dessus en la plaçant dans une catégorie péjorative, même si l’association n’est qu’apparente ou très tenue.

GM

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