Le député national et ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, se retrouve au centre d’un séisme politico-judiciaire retentissant. Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a adressé ce jeudi un réquisitoire formel au bureau de l’Assemblée nationale, sollicitant la levée de ses immunités parlementaires. En ligne de mire : des accusations lourdes de conséquences : divulgation de secrets d’État et propagation de faux bruits.
Selon le document transmis, Kazadi aurait diffusé publiquement des informations confidentielles ayant trait à la sécurité nationale et à des questions stratégiques de gouvernance. Ces révélations ont été faites au cours d’une émission relayée massivement sur les réseaux sociaux, où l’ancien argentier du pays a dénoncé, sans détour, des pratiques de détournement de fonds publics au sommet de l’État.
Des propos explosifs
« Lorsque l’argent des projets arrive, on se le partage d’abord, puis on réfléchit après », avait lancé Nicolas Kazadi, visiblement déterminé à briser l’omerta autour de certaines pratiques internes au pouvoir. Il est même allé jusqu’à qualifier les conseillers du chef de l’État de « jouisseurs », une déclaration qui a immédiatement enflammé l’opinion publique et provoqué des remous au sein de la présidence.
Un bras de fer politique et judiciaire en perspective
Avec ce réquisitoire, le parquet ouvre une brèche sans précédent dans la sphère du pouvoir. La balle est désormais dans le camp du bureau de l’Assemblée nationale, qui devra décider s’il autorise ou non la levée des immunités du député. Un tel acte ouvrirait la voie à des poursuites judiciaires formelles contre un proche du cercle présidentiel, devenu critique acerbe de son ancienne équipe.
D’aucuns y voient une tentative de museler une voix dissidente dans un contexte de crispation politique post-électoral.
Une affaire à suivre de très près
L’affaire Kazadi ne fait que commencer, mais elle révèle déjà les tensions souterraines au sein des institutions congolaises. Alors que la République démocratique du Congo tente de redorer son image sur la scène internationale et de rassurer les partenaires sur sa gouvernance, cette affaire vient ternir le tableau et pose la question : jusqu’où peut aller la transparence dans un système encore marqué par l’opacité ?
Le peuple, lui, observe. Et attend.
Glad NGANGA