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Filles mineures à chaleur ou à calvaire: Enquêtes au cœur d’une capitale sans foi ni loi

Il est 21 heures à Kinshasa sur avenue Nyangwe dans la commune de Lingwala non loin du rond-point des Huileries, l’un des points chauds d’ambiance de la capitale de la République Démocratique du Congo, Kin la racaille. Une marée humaine composée de la junte féminine traîne encore dans la rue avant que les Dj des bistrots environnants puissent balancer l’hymne national signifiant la fin de la partie. Seulement voilà, c’est une journée sabbatique : « Samedi, mokolo ngulu aliyaka mwana na ye », une journée dédiée à la déesse Aphrodite, le sexe ou rien.

Cependant, la majorité des clients dans ces débits de boisson est composée des filles mineures pas prêtes à plier bagage.

Phénomène sauts

« Dégâts »

Pour une journée aussi spéciale, la table doit être bien garnie des boissons alcoolisées importées comme des boissons fabriquées sur place. Pour attirer, généralement, l’attention des autres, certains clients s’approvisionnent au quartier industriel dans la commune de Limete où la contrebande bat son plein. De là sortent des bouteilles de whisky de toutes les marques : Johny mutambula pipa (le marcheur), J&B aboya pongi (le veilleur), Jack Daniel mutu malamu(le bienfaiteur) et autres. A chaque marque sa signification :

 « Eza mbata, Kingabwa », lâchent certains connaisseurs pour contester la marque qui vient de Limete et qui n’a rien à faire avec les vrais qui sont vendus dans les grandes surfaces dont les supermarchés. Pour convaincre les autres clients que l’on est à la hauteur de la soirée, il faut se taper un seau des bières de grande marque.

C’est le nœud du problème pour attirer l’attention des jeunes filles, des jeunes garçons, si pas, des vieux tontons qui rodent non loin à la recherche des âmes à perdition :

« Soda akufaka na munduki naye na maboko, lâche un vieux commentateur après plusieurs gorgées de bière brune pour dire « sexe jusqu’à la tombe ».

Pour y parvenir et s’assurer une attirance d’éventuels séducteurs, les jeunes filles se cotisent toute la semaine pour un « dégât » dans leurs milieux de prédilection. L’on peut, ainsi, assister à une vraie démonstration de force à l’achat des sauts de bière au cours de la soirée.

Ecurie Bana balia ngando

Chaque saut contenant 10 à 20 bouteilles de bière coûte entre 10 ou 20$ selon les milieux. Si hier, les filles d’écurie sans calebars, « sans caleçons » ont remporté la partie surtout soutenues par certains pourvoyeurs circonstanciels trouvés sur place, les autres filles mineures comme celles d’écurie «  Biberon », sans soutien-gorge, ou « Caneton », les plus jeunes, « Bana ba lia ngando », les accoutumées du sexe, voudront prendre leur revanche et alors là, tous les spectacles sont permis en commençant par leur accoutrement.

D’où viennent ces mineures ?

Filles sur l’avenue de la Libération, ex 24 novembre

Si hier, ces filles venaient des quartiers pauvres de Kinshasa comme Paka djuma vers l’avenue du poids-lourd dans la commune de Limete, du camp Luka dans la commune de Ngaliema, de Mososo dans la commune de Kalamu, du camp Kokolo, camp Lufungula sans compter ces belles petites à la beauté sauvage qui débarquent de Kikwit habitant Tshangu, la tendance n’est plus la même. Désormais, ces jeunes filles mineures se recrutent dans toutes les rues et quartiers de Kinshasa.

L’on se souviendra de l’épisode de la jeune élève du collège Révérend Kim violée par ses collègues qui fit la une des médias et dont la suite reste classée. Cette scène s’est produite en pleine commune de la Gombe. A chaque écurie son modus opérandi.

élèves dans la cour d’une école à Kinshasa

Certaines filles louent dans les hôtels de fortune à 5$ la nuitée où elles s’organisent en écurie pour couvrir leurs besoins en nourriture comme en habillement. Le « passage » des certains clients la journée leur permet de se taper des sauts lors des « dégâts » du week-end.

Quand la pauvreté s’y mêle

Vagabondage à outrance

La plupart de ces jeunes filles présentent quelques signes de manque de croissance dû à une malnutrition très avancée, bien que pour certains ce sont des mannequins, surtout qu’elles sont généralement en pantalon Jeans serré « taille » avec des singlets  exhibant la fraîcheur de leur poitrine encore attrayant devant laquelle aucun homme averti ne passe et ne repasse :

« Bana mabe, bayokela ba tata na bango mawa te », lâche un vieux accroché à  sa dernière bouteille de la soirée, pour dire : « Des mauvaises petites qui n’ont pas pitié de leurs  vieux tontons aux poches trouées par l’Etat».

C’est quand on se pointe dans les petits restaurants appelés communément « MALEWA » tiré du nom d’un ancien pousse-pousseur très épris par ces mets proposés à ciel ouvert dans les rues et quartiers de « Bella », Kinshasa, que l’on se rend bien compte du calvaire de ces filles à chaleur.

 Le dîner est souvent entre coupé des commentaires de ces jeunes filles mineures qui mangent avec un appétit sans précédent. Certaines racontent leurs succès de la nuit vantant la somme considérable perçue sans oublier de revenir sur les ébats à longue durée du pourvoyeur. D’autres sont tombées sur des téléphones chipés aux milles couleurs mais qui ne fonctionnaient pas le lendemain après le départ du propriétaire qui a pris aussi assez du temps : « Nako zua ye kaka », je l’aurai un jour. D’autres encore sont tombées sur des militaires et en ont pris pour leur compte.

De la responsabilité des parents et de l’Etat

Allez, c’est parti!

Devant ce tableau aussi sombre, il y a lieu de s’interroger sur la responsabilité des parents de ces filles mineures qui viennent des familles bien identifiées et de l’Etat qui reste dans une impasse qui ne dit son nom. Si  certains parents se disent dépassés par cette triste réalité vue la conjoncture actuelle, d’autres par contre, évoquent l’arrivée des nouvelles technologies de l’information surtout les smartphones qui a ouvert un boulevard de débauche à cette génération. Certains parents parlent de l’envoutement, si pas, des signent précurseurs de la fin du monde. Une excuse ! L’Etat congolais n’a pris aucune mesure pour stopper cette dépravation des mœurs. Pire encore, la plupart des pourvoyeurs se comptent parmi les hauts placés. Ces jeunes filles sans emplois se tapent généralement des smartphones de dernier cri, de quoi susciter l’envie de leurs semblables. Dans tout ceci, les lesbiennes sont les mieux servies par leurs partenaires du même sexe. Un parent retrouvé dans sa parcelle avec sa fille mineure mère de cinq enfants ne sait plus à quel saint se vouer :

« Les trois premiers ,elle les a fait avec le voisin du mur mitoyen qui fut certainement le premier passant. Le  petit garçon avant la dernière viendrait du commandant de la police du coin et l’homme qui se  soucie  un peu de son rejeton c’est le tenancier du bar d’à côté qui  passe de temps à autre jeter un coup d’œil ».

Les bleusblancs dans la  danse

Élèves finalistes de Kinshasa

Il n’est plus anormal de rencontrer des couples des jeunes écoliers collés l’un sur l’autre ou, généralement, la jeune fille en uniforme toujours derrière son amant comme si elles n’ont pas été assez prêché sur l’égalité entre homme et femme. Une maman qui fut ému par les images à caractère pornographique interpella sa fille écolière et lui posa la question :

« Dis donc, as-tu déjà subi tout ça » ? Et la petite broncha. Pauvres nous !

Les lesbiennes sont les mieux payées

Que faire ?

Quand on observe à longueur de  journée ces spectacles désolants dans les rues et quartiers de Kinshasa, l’on peut s’apercevoir que les jeunes de la République Démocratique du Congo sont sans repère et les jeunes filles sont abandonnées à leur triste sort dans une société sans foi ni loi. Que font finalement ces organisations de défense des droits de la femme qui pullulent dans le pays de Lumumba ? Rien évidement. C’est plus les positionnements pour d’éventuels postes politiques qui intéressent ces dernières.

Dans les églises, c’est la même danse avec tous les scandales enregistrés surtout dans les églises de réveil.

Toutes les dispositions législatives à la protection sont restées des lettres mortes.

Qu’à cela ne tienne, une remise en question sur des questions existentielles doit être de mise car une société  sans filles vierges est appelée à la perdition : « On est plus le fils  de son époque que le fils  de son père  », dit-on.

Sam Nzita

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