Fécofa : indispensable assemblée statutaire en décembre

La Fédération congolaise de football association (Fécofa) tient son assemblée générale extraordinaire élective en décembre prochain. Mais l’opinion sportive penche plutôt pour la tenue préalable d’une assemblée statutaire avant l’organisation des élections au sein de l’instance faîtière du football congolais. En effet, les textes régissant ce football devront se conformer aux statuts de la Fédération internationale de football association (Fifa), aux exigences de la Confédération africaines de football (Caf) et aussi à la loi sportive congolaise qui limite à deux mandats à la tête d’une instance sportive.

Dans une réflexion, le journaliste et analyste sportif Franklin Mahuku indique : « Cette assemblée élective a un enjeu très important, celui de la rupture entre un passé amateur et l’entrée du football congolais vers une administration footballistique moderne digne d’un grand pays, au vu des ajustements qui vont se présenter dans un futur proche pour le sport congolais… et cette rupture doit commencer par les textes régissant la pratique du football dans le pays, ainsi que les statuts de la Fécofa qui doivent impérativement correspondre avec ceux édictés par la  Fifa ». Au lieu de se conformer aux statuts types de la Fifa, le comité exécutif de la Fécofa sous l’ère du président Constant Omari (qui a démissionné depuis juin 2021), souligne Franklin Mahuku, « a vilainement  tropicalisé ses textes en excluant succinctement du centre des décisions les personnes qui vivent le football au quotidien, à savoir les clubs, les joueurs, les arbitres, etc.». La Fécofa est restée de marbre sur la recommandation de la Fifa, refusant de « changer même  d’une virgule ses statuts juridiques qui sont ni conformes aux statuts types de la Fifa, encore moins à celle de la loi sportive congolaise ».

Tenez, selon les statuts type de la Fifa, l’assemblée générale (le Congrès) doit avoir en son sein : « a) pour chaque club : un ou deux délégués ; b) pour chaque association régionale (entente urbaine ou provinciale) : … [à déterminer par l’association] délégués ; c) pour chaque ligue : … [à déterminer par l’association] délégués ; d) … [à compléter par l’association].  Les délégués doivent faire partie de l’association membre qu’ils représentent et être nommés ou élus par l’instance compétente de cette association membre. Ils doivent être en mesure d’en produire la preuve sur demande. Chaque délégué de la même catégorie de membre dispose d’un nombre égal de votes au congrès. Seuls les délégués présents peuvent voter. Ils ne peuvent voter ni par procuration ni par correspondance. Les délégués doivent faire partie de l’association membre qu’ils représentent et être nommés ou élus par l’instance compétente de cette association membre. Ils doivent être en mesure d’en produire la preuve sur demande. Chaque délégué de la même catégorie de membre dispose d’un nombre égal de votes au congrès. Seuls les délégués présents peuvent voter. Ils ne peuvent voter ni par procuration ni par correspondance. Le Comité exécutif et le secrétaire général peuvent participer au congrès en qualité d’observateurs. Pendant la durée de leur mandat, les membres du Comité exécutif ne peuvent être désignés commedélégués de leur association ».

Statuts dichotomiques de la Fécofa…

Mais l’assemblée de la Fécofa demeure trop sélecte de toutes les assemblées des associations membres de la Fifa, elle est la moins représentative. Elle est constituée seulement des membres du comité exécutif de la fédération, de deux officiels correspondants des ligues provinciales (président et secrétaire général) et de deux correspondants  officiels. L’on remarque ici une forte dichotomie par rapport aux statuts type de la Fifa où les membres du comité exécutif n’ont pas droit de vote, mais ceux de la Facofa ont droit de vote.

« Une assemblée de moins de 50 personnes décide sur une discipline très populaire dans un pays de plus ou moins 80 millions d’habitants. S’il faut revenir à la réalité de la RDC, en quoi un membre du comité exécutif de la Fécofa serait-il plus près des réalités du football qu’un dirigeant de l’AS V.Club, du DCMP, du TP Mazembe ou du FC St Eloi Lupopo, et pourquoi cet apartheid envers les clubs et les dirigeants du club ? Pourquoi avant de briguer la présidence de la fédération, il faut impérativement être un membre du comité exécutif ou président de ligue nationale de football (Linafoot) ? Et d’ailleurs, au sein de l’actuel comité exécutif, aucun d’entre eux n’a eu à diriger un grand club, ni un club moyen dans ce pays. Un entraineur, un footballeur qui vit ou a vécu le foot au quotidien avec une expérience cumulée de plusieurs années dans cette discipline, selon ces statuts laxistes de la Facofa, ne peut postuler dans un poste au sein de la Fecofa !», se préoccupe Franklin Mahuku.

Absences des commissions permanentes…

A la Fécofa, il y a moins de commissions telles que prévues dans les statuts types. Les textes des ces statuts types sont pourtant plus clairs là-dessus. « Les commissions permanentes de X sont : a) la Commission des finances ; b) la Commission d’audit Interne ; c) la Commission d’organisation des compétitions de X ; d) la Commission technique et de développement ; e) la Commission des arbitres ; f) la Commission des questions Juridiques ; g) la Commission du football féminin ; h) la Commission du football juniors ; i) la Commission du futsal ; j) la Commission de médecine sportive ; k) la Commission du statut du joueur ; l) la Commission d’éthique et de fair-play ; m) la Commission des médias ; n) la Commission du football ; o) la Commission d’études stratégiques ; p) le Conseil pour marketing et télévision ; q) … [à compléter par l’association].  Les présidents et vice-présidents des commissions permanentes doivent être membres du Comité exécutif, à l’exception du président et du vice-président de la Commission d’audit interne qui ne peut l’être en aucun cas. Les membres des commissions permanentes sont désignés par le Comité exécutif à la demande des membres de X ou du président de X. Les présidents et vice-présidents et les membres des commissions permanentes sont nommés pour une durée de quatre ans. Chaque président représente sa commission dont il gère les affaires conformément au règlement d’organisation correspondant, établi par le Comité exécutif », précisent les statuts type.

« Les statuts de la Fécofa sont loin d’être des statuts d’une fédération de football, c’est plutôt des textes conçus pour qu’un groupe des copains se pérennise à la tête du football de la RDC pour le plaisir, et parce que leurs estomacs et leurs portefeuilles  dépendaient de l’argent du football du Congolais », décrit l’analyste. Et de rappeler que le préambule des statuts type de la Fifa instruit : « Les statuts standard contiennent toutes les dispositions qui devraient figurer dans des textes constitutifs dignes de ce nom ». Il conclut donc : « Or, les statuts de la Fécofa ne contiennent pas tous les textes des statuts type de la Fifa, et sont indignes d’être le soubassement juridique devant gérer le football congolais. Et donc il faut impérativement convoquer une assemblée statutaire pour les adapter à ceux de la Fifa et des réalités du football moderne ».

Martin Enyimo

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