En République démocratique du Congo (RDC), la Société Nationale d’Électricité (SNELSA) se trouve à un carrefour stratégique. En dépit d’une crise financière et opérationnelle qui s’éternise, la gouvernance actuelle de l’entreprise, menée par la Direction générale, marque des avancées significatives grâce à une bonne gestion et des partenariats internationaux.
Une situation complexe mais en amélioration
Produisant 90 % de l’électricité consommée en RDC, la SNEL se heurte à un défi de taille : seulement 3 % de la consommation énergétique totale du pays est couverte par l’électricité. Le bois-énergie, notamment le makala, demeure dominant avec un marché évalué à 4 milliards de dollars par an. Par ailleurs, la SNEL supporte un endettement colossal de 3 milliards de dollars, équivalant à 4,5 % du PIB national. Près de 60 % des recettes de l’entreprise sont consacrées au service de cette dette, compromettant les investissements nécessaires pour moderniser le réseau et améliorer le service client.
Malgré ces contraintes, des signaux encourageants se dessinent. Depuis janvier 2024, la SNEL a réduit son recours aux crédits à court terme, abaissant son encours de dette de 60 %. Par ailleurs, des projets pilotes de digitalisation comme l’application SNEL & Moi visent à renforcer le recouvrement des recettes et à moderniser la relation client.
Des partenaires internationaux au rendez-vous
Pour transformer ce potentiel en résultats concrets, la SNEL s’appuie sur des partenaires de renom tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et des agences comme la JICA et la KfW. Ensemble, ils finalisent des programmes de financement ambitieux pour relever le taux d’électrification.
Un contrat de performance signé avec l’État promet également des réformes structurelles : paiement des créances publiques, restructuration de la dette, et régularisation des concessions. Ce partenariat constitue une avancée majeure pour améliorer la gouvernance et la rentabilité de l’entreprise.
Des projets structurants pour l’avenir
Entre 2024 et 2026, la SNEL prévoit des projets structurants ambitieux :
1. Digitalisation des services : Modernisation des réseaux urbains et déploiement de compteurs communicants pour une meilleure facturation.
2. Barrage de Katende : Achevé, il alimentera le Kasaï et favorisera l’abandon progressif du bois-énergie.
3. Projets hydroélectriques régionaux : Réhabilitation de Mobayi-Mbongo et constructions sur les rivières Luapula et Inkisi pour soutenir les industries minières et agro-industrielles.
4. Partenariat stratégique : Collaboration avec John Cockerill pour redynamiser la recherche et développement.
Une vision d’avenir en péril ?
Si les efforts de redressement inspirent de l’espoir, des menaces subsistent. La pression fiscale accrue, via une nouvelle parafiscalité, risque de freiner ces avancées. L’urgence est donc de maintenir cet équilibre fragile tout en accélérant les réformes.
Avec des objectifs ambitieux et un cadre de financement renforcé, la SNEL se positionne comme un acteur clé de la transformation énergétique en RDC. Reste à voir si ces initiatives pourront, à terme, allumer durablement la lumière dans chaque foyer congolais.
Glad NGANGA
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