Échos des partis politiques : L’Udps se meurt !

Des militants de l’UDPS devant le siège de leur parti à Kinshasa, le 2/02/2017 au lendemain de l’annonce de la mort de leur leader Etienne Tshisekedi en Belgique.

L’Union pour la démocratie et le progrès social, Udps, parti cher à Étienne Tshisekedi dont le fils est au pouvoir est en train de sombrer au vu et au su de toute la nation congolaise.

En effet, les éléments malheureux que le fille aînée de l’opposition expose à la face du monde prouve à suffisance que l’ombre de l’émiettement plane dans ce parti qui a, longtemps, porté l’espoir de tout un peuple.

Après le départ, disons, la démission de Jean Marc Kabund qui en assumait la présidence tout en étant le premier vice président de l’Assemblée nationale, les violons ne s’accordent plus entre les cadres de ce parti.

Des faits qui inquiètent

Si la situation qui prévaut à l’Udps semble plus préoccuper les membres et cadres de ce parti, il faut dire que, pour plusieurs congolais, le parti initié par les 13 parlementaires est, désormais, considéré comme un patrimoine national, pour avoir combattu ,durant plusieurs années, sous Mobutu comme Kabila I et II, les anti valeurs.

Cependant, l’enchaînement des évènements désolant et déshonorant ne cessent d’inquiéter plus d’un observateur.

Tenez, lors de sa dernière adresse aux combattants de l’Udps du mercredi 2 février dernier, le nouveau secrétaire général Augustin Kabuya a rejeté les allégations selon lesquelles il serait entrain de diviser le parti pour mieux régner. Ce dernier a balayé d’un revers de la main cette accusation portée contre lui. Il a plutôt condamné les méthodes entreprises par le président de la convention Démocratique du Parti (CDP), Victor Wakuenda, « pour annuler toutes les décisions prises par l’ex président a.i de l’UDPS/Tshisekedi, Jean Marc Kabund afin de repartir à zéro ».

« Je me suis jamais imposé comme un dictateur qui veut que son point de vue passe. À quoi est-ce que je me suis opposé ? Je ne suis pas contre quelqu’un mais je suis contre les méthodes. Nous avons 67 fédérations, nous avons notre ligue des femmes, ligue des jeunes, des ministres, mandataires (…), a-t-il indiqué. Avant de poursuivre: »C’est gens ont été nommés par la décision prise à l’époque de notre ex président Jean Marc Kabund. Mais, au nom de quel principe, toi tu viens dire que toutes ces décisions sont tombées. C’est-à-dire que nous allons demander à nos ministres de démissionner puisqu’ils ont été nommés par cette décision. Est-ce que là nous travaillons pour l’unité du Parti ? », s’interroge Augustin Kabuya sur un ton interpellateur devant des militants réunis à la permanence du parti.

Puis:  « j’avais dit à Wakuenda, même quand nous sommes arrivés au pouvoir, le Président de la République Félix Tshisekedi n’a pas chassé tous ceux qui travaillaient avec Joseph Kabila, il a travaillé avec tout le monde pour préserver l’unité du Congo. Mais comment expliquer dans notre Parti politique, tu veux chasser les gens et tu dis que tout tombe à une année des élections ».

Pour rappel, le président de la convention Démocratique du Parti (CDP), Victor Wakuenda « est accusé d’avoir pris des décisions annulant toutes les résolutions prises par Jean-Marc Kabund alors président ad intérim de l’Udps.

D’aucuns ont vu cette prise de position une façon de déstabiliser le parti à la veille des joutes électorales de 2023.
Il faut rappeler que le même mercredi, le président de la ligue des jeunes de ce parti, Emma Dioko, a failli être lynché par les combattants qui le traitent d’un pro Kabund. Il a été sauvé de justesse par la ceinture sécuritaire de Kabuya qui l’a amené dans un endroit sûr avant la fin du meeting.

Des divisions à l’intérieur du pays

Si l’Udps Tshisekedi fut réputé durant plusieurs années comme le parti le mieux représenté sur toute l’étendue de la République, eh bien, cela n’est plus le cas aujourd’hui alors que le président de la République en fonction provient de ce parti. Du jamais vu dans l’histoire politique du Congo et d’ailleurs.

Avant que le même Augustin Kabuya ne descende à Mbuji Mayi dans la province du Kasaï oriental

, les partis politiques de l’Union sacrée coordination provinciale du Kasaï étaient dans la rue le samedi 05 mars 2022 pour s’opposer à la tentative du coup d’État raté contre le chef de l’État et pour mettre en garde toute personne qui diabolise les actions et la vision du président de la République. L’Udps, parti du chef de l’état, n’a pas pris part à cette marche. Le président fédéral de l’udps Kasaï 3, monsieur Donat Muamba Mutombo, a interdit formellement les militants de son parti à ne pas participer dans la marche convoquée par son rival Muamba Muamba Pierre qui est le premier vice président de cette fédération et actuel coordonnateur de l’Union sacrée Kasaï.

marche de l’Union sacrée à Mbuji Mayi

C’est depuis la nomination de Jean Marc Kabund comme président intérimaire que ces deux hauts responsables ont engagé une guerre sans fin.

Donat Mutamba Mutombo avait même interdit à Augustin Kabuya de fouler son pied dans ce bastion pour éviter une éventuelle escalade.

Aux dernières nouvelles, l’on apprend que le Secrétaire général de l’Udps, Augustin Kabuya est bel et bien arrivé à Mbuji Mayi le samedi dernier.

Augustin Kabuya

En effet, ce dernier séjourne depuis le samedi, 05 mars dans le Kasaï Oriental, précisément à Mbuji-Mayi. Ce voyage consacre la relance des activités de redynamisation du parti realisées à Kinshasa, au Kongo Central et dans l’espace grand Bandundu.

Lors de son meeting populaire sur le boulevard Kabila, Augustin Kabuya a procédé à l’installation du Comité fédéral de Mbuji-Mayi, le Président fédéral de cette entité, Jean Paul Mbuebue Kapo:

« La fédération de Mbuji-Mayi est une fédération phare de la province, a fait savoir le SG Augustin Kabuya. Elle sera désormais dirigée de manière officielle par monsieur Mbuebue Kapo Jean-Paul. Il est investi du pouvoir d’engager le parti ici. C’est lui notre interlocuteur et mérite respect et considérations», a-t-il tranché.

Concernant les vives tensions qui entourent le choix de monsieur Patrick Matthias Kabeya Matshi-Abidi par voie électorale de février dernier, le SG Augustin Kabuya parle de la manipulation tendant à discréditer inutilement le parti. Car, soutient-il, l’organisation des primaires par la Commission Électorale Permanente du parti ( CEP) a été la dernière initiative après plusieurs tentatives destinées à trouver un consensus sur une candidature unique de l’UDPS aux élections des gouverneurs et vice-gouverneurs au Kasaï Oriental.

Félix Tshisekedi indexé

Selon certains observateurs, Augustin Kabuya est pris à ses propres mots. Le Secrétaire Général de l’UDPS coupe court aux débats qui ont lieu sur la désignation de Mathias Kabeya comme le seul candidat gouverneur de l’UDPS au Kasaï-Oriental, en même temps, il met à nu le chef de l’État, l’accusant indirectement de ne pas être à l’auteur de gérer les ambitions des candidats gouverneurs de sa famille politique.

En effet, Augustin Kabuya, a, au cours de ce meeting tenu au Kasaï-Oriental, étalé l’échec cuisant de bons offices du chef l’État Félix Tshisekedi, qui selon lui, n’a pas réussi à départager les différents candidats au poste de gouverneur de cette province.

« Il n’y’a pas eu consensus dans la désignation du candidat gouverneur du Kasaï-Oriental même devant le chef de l’État Félix Tshisekedi », a lâché Kabuya.

Par ailleurs, le numéro 2 du parti au pouvoir, a fait entendre que les élections primaires ont été faites au sein du parti, qui ont abouti à la désignation de Mathias Kayende, potentiel gouverneur du Kasaï-Oriental.

A Kasumbalesa dans la province du Haut-Katanga, la situation est pire.

un combattant de l’Udps Kasumbalesa lynché par les siens

Les violons ne s’accordent toujours pas à l’UDPS Kasumbalesa où deux tendances sont à couteaux tirés. Il s’agit de la   » Base Bilanga « , chère à Isaac Tshiswaka, et la Fédération qui est sous l’égide de Gabriel Tshimanga.

En effet, après le pillage du bureau de la Fédération par les adeptes de Tshiswaka, le samedi 05 février 2022, le mardi 08 février un autre affrontement a été enregistré entre la Base Bilanga et la cellule Kabulo, fidèle à Gabriel Tshimanga.

Autant d’exemples qui prouvent à suffisance que le parti de l’actuel président de la République n’a pas un lendemain meilleur à la veille des élections prévues en 2023.

Pour Me Émile Menga qui suit de près ce parti depuis sa création en 1982 par les 13 parlementaires :

 » l’actuelle crise au sein de l’Udps est tributaire à la tribalisation de ce parti. L’Udps est pris en otage par quelques individus qui n’ont rien de l’idéologie des pères fondateurs mais parce qu’ils sont de la même tribu que le feu Étienne Tshisekedi ».

Cet avocat soutient aussi que Félix Tshisekedi a procédé par le même modus operandi que son successeur qui a écarté tous les proches de son père qui ne se retrouvent nulle part:

« C’est à peine que l’on voit le fils Kibasa ministre des postes et télécommunications avec tout ce que l’on connaît , le fils Lihau à la Fonction publique. Et les autres comme Mbuakiem, n’ont-ils pas eu des enfants ? L’Udps a des personnalités qui ont contribué à sa survie et qui ont soutenu le sphynx comme l’homme d’affaires Malik. On préfère le laisser moisir à l’Assemblée nationale comme un petit monsieur« .

Que dire?

La crise persistante dans le parti du Chef de l’état est une première dans l’histoire politique du pays de Lumumba et partout ailleurs où un parti au pouvoir ne cesse de surprendre plus d’un observateur. C’est chaque jour que l’on assiste à des bagarres, des quolibets entre ses hauts dirigeants au vu et au su de tous. Entre temps, les autres partis comme celui de Moïse Katumbi, Ensemble, s’organise pour les élections qui s’approchent à grand pas. L’Udps se meurt chaque jour. Il faut faire observer que ce parti au pouvoir a du mal à placer ses nombreux militants dans des postes de responsabilité 3 ans après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. Pire encore, elle n’arrive pas à doter ses membres des bureaux de représentation dans les communes de Kinshasa. C’est à peine que son secrétaire général , Augustin Kabuya , a remis un lot de 500 chaises en plastique le lundi 28 février avant son meeting. Cette situation appelle à une remise en question profonde si l’on doit encore sauver ce qu’il faut sauver pour un grand parti panafricain qui a porté l’espoir de tout un peuple comme l’ANC en Afrique du Sud. Il y a lieu que l’actuel président de la République Félix Tshisekedi prenne bien conscience de tout cela car son avenir politique en dépend. Perdre ce parti comme on l’observe du jour au jour serait une erreur monumentale.

Il y a péril dans la demeure.

Sam Nzita

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