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Du temps de la guerre froide

Lorsque le monde était encore divisé en deux blocs politiquement opposés, les mouvements de libération du tiers-monde s’alignaient selon leurs préférences idéologiques. Les uns appartenaient au monde occidental dit libre mené par les États-Unis d’Amérique ; les autres faisaient allégeance au monde socialiste composé des démocraties populaires avec l’URSS à leur tête. Chacun devait afficher publiquement sa préférence. Si Lumumba avait été faussement accusé d’être d’obédience socialiste, le vrai congolais rouge de l’époque était Gizenga. Il annonça les couleurs dès 1960 une fois en Belgique dans le cadre de la Table ronde. Au moment où tout le gotha politique congolais débattait de l’avenir du Congo à Bruxelles, Antoine Gizenga prit le chemin de Prague pour ne plus y revenir.

Quant à Lumumba, ce fut un grand paradoxe. Sa mort avait été politiquement récupérée par les marxistes du monde  entier, même si de son vivant, il n’avait publiquement manifesté aucune sympathie à l’égard de leur idéologie. L’actuelle Université russe pour l’amitié des peuples (URAP) à Moscou s’appelait officiellement Université Patrice Lumumba de 1961 à 1992. Des génération d’universitaires venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine y avaient été formés lorsque l’URSS affichait encore son tiers-mondisme, guerre froide oblige.

Au Congo, pendant les années qui avaient suivi l’indépendance, presque toutes les rébellions qui y sévissaient étaient d’obédience marxiste. La création de la République populaire du Congo à Stanleyville (Kisangani) en était la parfaite illustration. Les pays de l’Europe de l’Est et la Chine leur fournissaient ce dont ils avaient besoin pour mener à bien la lutte révolutionnaire.

Dans l’histoire de la rébellion congolaise, 1965 fut une année charnière. Elle avait vu l’arrivée d’Ernesto Che Guevara au Congo pour allumer le feu de la révolution mondiale en son sol africain. Elle avait été aussi marquée par des voyages des leaders rebelles congolais dans quelques pays socialistes.

Gaston Soumialot en sa qualité de Président du Conseil suprême de la révolution du Congo-Léopoldville fut reçu en audience successivement par Fidel Castro à La Havane avant d’aller serrer la main du grand timonier chinois Mao Tse Toung  presque huit ans avant Mobutu. On le vit aussi à Dar es Salaam lors de la Conférence Internationale des Pays colonisés par le Portugal. Abdoulaye Yerodia de son côté fit le déplacement de Pékin pour rencontrer Chou En-Lai, le Premier ministre chinois

« La révolution, avait dit Mao, n’est pas un dîner. Elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie. La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre ». Suivant cette logique, les rebellions congolaises avaient cru en l’assistance matérielle de l’URSS et de la Chine. Mais aucune de ces deux puissances militaires n’étaient  parvenues à les placer au pouvoir. En 1997, grâce à l’éfondrement du bloc soviétique, dame la chance finit par sourire au nationaliste-révolutionnaire Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier arriva victorieusement à Kinshasa, pas avec l’appui de ses anciens parrains, mais plutôt avec la complicité du monde capitaliste.

Samuel Malonga/mbokamosika.com

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