Tous les impérialismes, quels que soient leur nationalité, leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques, leur niveau de puissance, leur mode opératoire, leur style d’expression et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent, indistinctement, inlassablement et partout, le même but ultime : réduire les autres Etats, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle. En vue de les contrôler et de les exploiter à leur guise. Telles sont la nature et la vocation premières de tous les impérialismes connus depuis l’antiquité.
Désemparés devant la situation généralement tragique que traversent les peuples d’Afrique depuis février 1885, une frange de nouveaux « révolutionnaires africains », happés par une idéologie non encore clairement cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis l’an 2000, désignent bruyamment le bourreau du continent: l’Occident pluriel conduit par les Etats-Unis d’Amérique! Ils dénoncent inlassablement, diabolisent à outrance et insultent à longueur de journées, à l’intention de ces peuples d’Afrique ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale depuis 140 ans, cet Occident sans foi, ni loi.Ils poussent ainsi les peuples longtemps meurtris d’Afrique de les suivre dans leur haine viscérale et dans leur croisade suicidaire contre ce diable d’Occident. Ils se rapprochent spectaculairement et s’allient orgueilleusement, sans transition, sans conditions, sans assurances de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies appropriées de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, principalement à la Russie de Vladimir Poutine, qu’ils érigent en leader politico-idéologique incomparable, et secondairement à la Chine de Xi Jinping,qu’ils prennent en compte pour sa puissance économico-commerciale extraordinaire.
ELUCUBRATIONS CONTRE VERITE
Ces fils d’Afrique, qui se font abusivement passer pour nos « nouveaux révolutionnaires », qualifient ces deux puissances mondiales d’Orient, sans en donner des preuves irréfutables et indiscutables, de meilleures partenaires de ces peuples d’Afrique longtemps exploités par l’Occident pluriel. Pire, ils proclament qu’elles ont pour vocation fondamentale de libérerces derniers de l’impérialisme multiple occidental. Ils soutiennent leurs élucubrations en citant les cas du Mozambique, de l’Angola, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine et de la Namibie, les sept derniers pays africains à s’affranchir du joug colonial occidental, comme les preuves palpables de la magnanimité de l’URSS, aujourd’hui représentée par la seule Russie, et de la Chine envers l’Afrique. Effectivement, ces deux puissances mondiales d’Orient, respectivement européenne et asiatique, avaient beaucoup contribué, surtout militairement et ce pour le compte de leurs amis politiques nationaux, à la décolonisation des sept pays africains précités. Et, en considérant sérieusement le passé colonial, postcolonial et le présent néocolonial de l’Afrique, il y a, dans ce brouhaha-là, beaucoup de vérité quant à la responsabilité, directe ou indirecte, de l’Occident collectif dans l’imbroglioactuel de l’écrasante majorité des pays du continent. Sans pour autant disculper les dirigeants politiques africains, leurs serviles et incorrigibles serviteurs, de leurs innombrables erreurs et fautes commises envers leurs propres pays et peuples.
Cependant, en proclamant abusivement, exclusivement et inconsidérément la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping comme étant ces grandes puissances mondiales dont la vocation est de libérer l’Afrique de l’impérialisme pluriel occidental, nos nouveaux « révolutionnaires» faussent consciemment et résolument l’histoire sur deux plans. En effet, ils font délibérément croire que l’Occident multiple n’a jamais aidé les pays colonisés à se défaire du joug colonial et à se relever, une fois indépendants, sur les plans politique, économique, social et culturel. D’où, le commun des mortels africains, travaillés par cette propagande plus émotionnelle que rationnelle, reprennent bruyamment à travers le continent : « les Occidentaux, et surtout les Américains, sont très mauvais. » Et pourtant, l’histoire nous fournit, en ces domaines précis, plusieurs preuves tangibles contraires à leurs élucubrations. En voici quelques-unes : 1) L’Occident collectif, en tant qu’ancienne puissance coloniale de l’Afrique,y a massivement investi dans tous les secteurs d’activités. Certes, pour ses propres intérêts stratégiques globaux d’abord, mais aussi, et ce par ricochet, pour ceux de ses différentes colonies. 2) En agissant ainsi, l’Occident a indubitablement posé les bases du développement multisectoriel de l’Afrique. 3) A la sortie de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis d’Amérique avaient fortement encouragé et influencé les puissances coloniales européennes (Royaume-Uni, France, Portugal, Belgique, Espagne et Pays-Bas) à décoloniser l’Afrique le plus rapidement possible. 4) Outre les indépendances graduellement accordées aux pays africains entre les années 195O et les années 1990, plusieurs pays occidentaux, tels que les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, la Suède, le Danemark, la Norvège, la Finlande, etc, avaient également et largement appuyé les partis politiques mozambicains, angolais, cap-verdiens, Guinéens (Bissau), zimbabwéens, sud-africains et namibiens de leur obédience idéologique dans leurs luttes de libération du joug colonial respectivement portugais, britannique, espagnol et néerlando-britannique. 5) L’Occident pluriel est demeuré, après les indépendances, l’incomparable puissance mondiale qui a réellement accompagné, tant bien que mal, l’Afrique dans son combat pour le développement dans tous les domaines. 6)L’Occident collectif est objectivement, à plus de 95%, co-auteur des changements politiques, économiques, sociaux et culturels intervenus en Afrique depuis 1885 et surtout depuis 1960. Ce qui a malheureusement contribué au renforcement de sa toute-puissance sur ce continent.
Or, en 65 ans de relations diplomatiques et de coopération au développement, l’URSS d’abord et la Russie par la suite, que nos nouveaux « révolutionnaires » ont tous sur les lèvres, n’a jamais, en dehors des instruments de guerre qu’elle a l’habitude de fournir à quelques pays, réellement investi,particulièrement dans le secteur socio-économique, en Afrique. Certes, elle vient de conclure, fin 2024, des accords de coopération avec 15 pays africains dans le secteur de l’énergie nucléaire. Mais, ceci ne change en rien le fait qu’il n’existe, au bénéfice de la RD-Congo par exemple, aucune entreprise, aucune banque, aucune école, aucun hôpital, aucun barrage, aucun pont, aucune chaussée, aucun rail, aucun immeuble, aucun port, aucun aéroport, etc, comme fruit de la coopération soviétique ou russe! Au contraire, cette puissance impériale mondiale avait fortement contribué, par des rébellions qu’elle a suscitées, entretenues et appuyées, à la déstabilisation de cette jeune République. Par contre, la Chine, qui coopère avec l’Afrique depuis le début de la décennie 1970 seulement, fait, malgré sa participation passée aux rébellions contre certains pays, de loin mieux que la Russie ici. Elle y mène, sans trop de bruits, de divers investissements qui contribuent plus ou moins à la création d’emplois et de la croissance économique du continent.
INTERROGATIONS ACCUSATRICES
Malgré tout cela, peut-on sincèrement, sérieusement et consciemment prétendre que pour avoir joué, à un moment donné ou à un autre de leur histoire particulière, ce bon et beau rôle de libérateurs et d’assistants des peuples d’Afrique, la Russie seule, la Chine seule et l’Occident pluriel jouent toujours franc jeu à l’égard de ces derniers et de l’opinionpublique internationale? Si la Russie, tsariste, soviétique et poutinienne, avait pour vocation fondamentale d’affranchir les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme pluriel occidental, comment alors expliquer son propre rejet ou abandon par l’écrasante majorité des pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale dont elle était, pendant plus de deux siècles, la seule et l’unique puissance impériale ? Autrement dit, si elle traitait ces peuples-là mieux que l’Occident durant cette très longue période, pourquoi alors ces derniers se sont-ils retournés contre elle pour se rapprocher spectaculairement et se rallier orgueilleusement à ce diable d’Occident ? Comment expliquer que la Guinée-Conakry de Sékou Touré, qui avait bruyamment tourné le dos, en 1958, à la France du général Charles De Gaulle pour aller se mettre, sans transition et sans conditions, sous les aisselles de l’URSSde Nikita Khrouchtchev, ne faisait-elle que dégringoler jusqu’au décès, en 1984, de son leader et chef historique? Pourquoi Cuba de Fidel Castro qui, grâce à l’appui militaire massif de l’URSS, avait finalement réussi à se défaire, en 1959, du régime dictatorial du général Batista alors soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, afin de rejoindre spectaculairement et orgueilleusement le camp soviétique,demeure-t-il toujours au bas de l’échelle sociale mondiale?Comment expliquer que la République d’Angola, pourtant «militairement libérée », en 1975, du joug colonial portugais par l’URSS, la Chine et Cuba, est-elle devenue la plus importante et la plus sûre alliée des Etats-Unis d’Amérique en Afrique des Grands Lacs et non de la Russie ou de la Chine?Pourquoi 99,9% des républiques populaires, qui semblaient se répandre comme une trainée de poudre à travers le monde entier, n‘ont-elles pas survécu à l’URSS, leur leader mondiale géopolitiquement et physiquement dépecée et décédée en décembre 1991?
De même, si l’Occident pluriel avait pour vocation fondamentale de libérer les Etats longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Europe de l’Est et d’Asie centrale de l’impérialisme russe, comment alors expliquer qu’il ait par ailleurs lui-même colonisé, à lui seul, environ 70% des pays constituant le monde? Pourquoi Cuba de Fidel Castro, le Chili de Salvador Allende, le Venezuela d’Hugo Chavez, le Nicaragua des sandinistes, le Panama du général Manuel Noriega, etc, se sont-ils retournés, à certains moments de l’histoire, contre les Etats-Unis d’Amérique, pourtant leurs « libérateurs » du joug colonial espagnol et leurs principaux pourvoyeurs en tout, sont-ils devenus les bons amis del’URSS, de la Chine et de Cuba, présentés comme les émanations de Satan? Comment expliquer que le Mali du colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré et le Niger du général Abdourahamane Tiani se distancient aujourd’hui de la France d’Emmanuel Macron qui, pourtant, les couvait comme une mère poule, pour se rapprocher spectaculairement et s’allier orgueilleusement à la Russie de Vladimir Poutine? Pourquoi la République Démocratique du Congo, pourtant colonisée par le Royaume de Belgique et entièrement prise en mains par l’Occidentpluriel depuis 1885, a-t-elle fini par se livrer, en 2008, à la Chine pour l’exploitation de 80% de ses gisements de minerais critiques et stratégiques, en échange d’infrastructures de base dont elle a cruellement besoin pour son développement durable? Et pourquoi a-t-elle été obligée, 15 ans après, d’exiger, coûte que coûte, la renégociation de ce contrat chinois pourtant dit du siècle ?
DOMINER, CONTRÔLER ET EXPLOITER
Les raisons fondamentales de ces multiples et divers retournements de situations que subissent, à certains moments de leur histoire particulière, toutes les grandes puissances mondiales de la part de leurs valets depuis l’antiquité, se trouvent dans la nature et la vocation même de l’impérialisme qu’elles incarnent et représentent. En effet, toutes les grandes puissance mondiales, quels que soient leur nationalité, leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques, leur degré de puissance, leur mode opératoire, leur style d’expression et le visage qu’elles affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent, inlassablement,indistinctement et partout, le même but ultime : réduire les autres Etats, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle. Envue de les contrôler et de les exploiter à leur guise.
C’est là, exactement, la vocation première et particulière del’impérialisme pluriel occidental, qui avait colonisé environ 70% des pays constituant le monde et dont le leader, les Etats-Unis d’Amérique qui n’ont pourtant jamais possédé de colonies, trône au sommet de l’Univers comme la seule et l’unique véritable superpuissance mondiale. Et ce, depuis bientôt un siècle. Car, les Etats-Unis sont, en réalité, de loin le pays le plus développé et le plus puissant, sur tous les plans, de toutes les superpuissances mondiales. Conservateur, libéral, démocratique et capitaliste, l’Occident collectif de Donald Trump n’entend pas céder, vu son omnipuissance, ce très prestigieux titre géopolitique de première superpuissance mondiale à l’un de ses concurrents. C’est là, également, la vocation première et particulière de l’impérialisme unique russe, qui avait assiégé et malmené, durant plus de deux siècles, les pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale avant de les enfermer, pendant 70 ans, dans un camp retranché du monde. Ultranationaliste, conservatrice, tyrannique, totalitaire, dictatoriale et capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine vise à déboulonner, principalement au moyen de sa relative suprématie en matière du nucléaire militaire, les Etats-Unis d’Amérique du sommet du monde afin de les y remplacer et de s’y établir seule. Et c’est, là, enfin, la vocation première et particulière de l’impérialisme unique chinois qui avait incorporé, par la violence armée, les régions non chinoises de Mongolie intérieure, du Tibet, de Viêt Nam, de Corée et de certains pays d’Asie centrale en son sein. Conservatrice, tyrannique, totalitaire, dictatoriale, politiquement communiste et économiquement ultra-capitaliste, la Chine de Xi Jinping tient à conquérir le monde entier afin d’accéder au titre géopolitique le plus élevé et le plus convoité de tous, celui de première superpuissance mondiale, détenu par les Etats-Unis d’Amérique depuis bientôt un siècle. Et ce, principalement par le biais de sa puissance économico-commerciale fulgurante,qui donne de l’insomnie à tous ses concurrents et particulièrement aux Etats-Unis d’Amérique qui la traitent,désormais, d’adversaire, si pas d’ennemie mondiale numéro un.
L’Occident pluriel mené par les Etats-Unis d’Amérique, la Russie et la Chine se différencient plus ou moins, on vient de le constater, par les systèmes idéologiques constituant le soubassement de leur comportement, de leurs attitudes et de leurs pratiques respectifs. Mais, toutes les idéologies étant hégémoniques, ces trois impérialismes suprêmes se ressemblent par leur hégémonisme intransigeant et cruel face au reste du monde. Seules d’infimes nuances d’approche et de style, dans leur mode particulier de propagande, les rapprochent ou les éloignent des Etats faibles qu’ils tiennent à éblouir et à s’attacher. Ce sont ces anodines nuances, et rien d’autre, qui illusionnent leurs victimes expiatoires. Celles-ci cherchent à s’accrocher et à s’allier le mieux possible à l’uneou l’autre autre de ces grandes puissances idéologiques et hégémoniques mondiales pour sa sécurité sur tous les plans. Et pourtant, aucun impérialisme, qu’il soit d’Occident oud’Orient, ne s’est jamais trahi en avouant publiquement sa perversité. En effet, chaque impérialisme fait croire à chaque proie qu’il vise qu’il est particulièrement plus vertueux que les autres. D’où, il s’applique à la subjuguer en lui accordant, surtout au début, quelques libéralités, faveurs et facilités. Or,tous les impérialismes pratiquent, en réalité, la même politique d’expansion. Celle-ci peut se résumer en ces quelques mots:« Ôte-toi de là pour que je m’y mette. » C’est-à-dire, pour se faire de la place au milieu des Etats faibles qu’ils convoitent au détriment de leurs concurrents, chaque impérialisme se présente astucieusement en agneau devant la proie qu’il désire. Ce n’est qu’au fil du temps que celle-ci va progressivement découvrir, si elle en a les capacités requises, la véritable face de son prétendu partenaire toujours imbu et auréolé de sa puissance impériale.
Mais, les trois impérialismes suprêmes se donnent réciproquement, dans le cadre de leur lutte pour l’hégémonie géopolitique mondiale, des coups tantôt mortels, tantôt asphyxiants. Cette guerre pour l’hégémonie est incontestablement le seul et l’unique motif fondamental pour lequel ils s’affrontent, généralement par l’intermédiaire de leurs laquais locaux, dans la quasi-totalité des conflits armés qui ont particulièrement cours dans certains Etats faibles représentant d’immenses opportunités d’affaires de toutes sortes. Entrent actuellement dans cette catégorie les pays africains tels que la RD–Congo, la Lybie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad, la République Centrafricaine, etc. Mais, nos nouveaux « révolutionnaires», qui se rangent généralement, sans transition et sans conditions, derrière la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident collectif de Donald Trump, donnent l’impression de ne pas réaliser que cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale n’est pas du tout notre guerre. Elle est plutôt, fondamentalement, la guerre des puissances impériales mondiales d’Orient contre des puissances impériales mondiales d’Occident ou vice-versa. Seuls ces deux groupes d’impérialismes en connaissent la véritable quintessence et en maîtrisent les tenants et les aboutissants. Et c’est, soit seules les puissances impériales mondiales d’Occident, soit seules les puissances impériales mondiales d’Orient qui en récolteront directement les fruits escomptés. Mais, jamais les peuples longtemps asservisd’Afrique qu’elles destinent, toutes indistinctement, à l’exploitation.
En effet, il est établi que tous les impérialismes, quelles que soient leur nationalité, leurs origines géographiques et leurs couleurs idéologiques, demeurent essentiellement égocentriques. C’est-à-dire, tout en s’efforçant d’être aux côtés des faibles, avec les faibles et pour les faibles, ils restent foncièrement, à 99%, accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts stratégiques globaux qui est, en réalité, leur but ultime. C’est pourquoi, ni l’impérialisme pluriel occidental, ni l’impérialisme unique russe, ni l’impérialisme unique chinoisn’a jamais eu et n’aura jamais pour objectif final d’aider ne fût-ce qu’un seul pays africain à sortir du sous-développement.
Au contraire, malgré leurs minces et légères différences d’approche et de style, il n’existe, dans le fond,entre l’impérialisme unique russe, l’impérialisme unique chinois et l’impérialisme multiple occidental, d’impérialisme qui soit ni vertueux, ni plus vertueux que les autres. Ils sont plutôt, tous indistinctement, des prédateurs très peu soucieux de la solidité et de la qualité d’existence de leurs sous-fifres. Ils sont donc, tous indistinctement, les monstres les plus froids des monstres. Car, comme l’avait clamé le général Charles De Gaulle à la face du monde entier, « les Etats », surtout ceux dits impérialistes, « n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts.» D’où, le harcèlement hégémonique que les grandes puissances mondiales exercent, en permanence, sur tous les Etats du reste du monde, surtout les plus faibles, pour mieux les dominer, les contrôler et les exploiter tel qu’elles l’entendent.
VOIE AFRICAINE D’EMANCIPATION
En partant de cette vérité cruelle, tout leader ou chef politique africain, qui se laisse irrationnellement succomber à la propagande mielleuse de l’un ou l’autre de ces vautours insatiables et qui se fait l’avocat spécial ou le représentant personnel de ce dernier auprès de son peuple, est un égocentrique, un corrompu, un aliéné, un traître ou un incompétent politique qui s’ignore. En effet, les peuples meurtris d’Afrique sont de plus en plus conscients de la précarité de leur situation face à toutes les puissances impériales mondiales d’Occident et d’Orient. D’où, ils doivent s’organiser et se résoudre à résister, désormais, aux diverses intrusions et invasions effrénées de toutes ces dernières. Ils doivent donc tenir à se réaliser selon leurs aspirations les plus profondes. Et la meilleure voie par laquelle ils doivent y parvenir, c’est celle d’une révolution endogène, conçue et élaborée par eux-mêmes, en fonction de leurs propres idéaux sociaux et de leurs propres intérêts supérieurs réels, identifiés et sélectionnés par eux-mêmes. Une révolution endogène planifiée, testée, mise en œuvre, menée, évaluée, réajustée, maitrisée et contrôlée par eux-mêmes.
En mettant particulièrement à profit l’expertise de ceux des leurs qui sont les plus politiquement conscients et éveillés, les plus profondément dotés de la vertu politique, les plus techniquement qualifiés (formés, expérimentés et compétents) et les plus visiblement non inféodés à l’une ou l’autre de ces grandes puissances idéologiques et hégémoniques mondiales. C’est-à-dire, des patriotes qu’ils ont eux-mêmes identifiés, qu’ils ont eux-mêmes démocratiquement mandatés, qu’ils croient eux-mêmes particulièrement capables de tracer,certainement à travers les rocs, une voie typiquement et foncièrement africaine ou nationale d’émancipation intégrale, intégrée et durable, fondée sur l’Etat-éthique ou de droit, mais ouverte au monde. Donc, des patriotes capables, par ailleurs,de traiter aisément, avec foi et confiance en eux-mêmes, en toute dignité, en toutes responsabilités et sur le même pied d’égalité, avec des partenaires internationaux librement choisis par eux-mêmes et surtout avec les incontournables grandes puissances mondiales de toutes les nationalités, de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques. « Sans se soumettre et sans se compromettre », comme le dirait Eric T. Mboma. Car, l’Afrique n’a plus seulement besoin d’aides et de prêts de l’Occident et de l’Orient. Se fondant sur ses propres ressources naturelles critiques et stratégiques convoitées par l’Occident et l’Orient, elle a aussi et surtout besoin d’influence et d’un leadership qui force le respect réel et de l’Occident et de l’Orient.
MUSENE SANTINI BE-LASAYON