Tous les impérialismes, quels que soient leur nationalité, leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques, leur mode opératoire et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent inlassablement et indistinctement, en tout lieu, le même but ultime : réduire les autres Etats, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle en vue de les contrôler et de les exploiter à leur guise. Telle est la vocation de toutes les grandes puissancesmondiales.
Désemparés devant la situation généralement tragique que traversent les peuples d’Afrique depuis 1885, une frange de nouveaux « révolutionnaires » africains, happés par une idéologie non encore clairement cernée et définie qui émerge du Kremlin depuis l’an 2000, désignent bruyamment le bourreau du continent : l’Occident pluriel conduit par les Etats-Unis d’Amérique! Ils dénoncent inlassablement, diabolisent à outrance et insultent à longueur de journées, à l’intention de ces peuples ravalés au bas de l’échelle sociale mondiale depuis 140 ans, cet Occident sans foi, ni loi. Ilspoussent, de cette manière, ces derniers de les suivre dans leur haine viscérale et dans leur croisade suicidaire contre ce diabled’Occident. Ils se rapprochent spectaculairement et s’allientorgueilleusement, sans transition, sans conditions, sans assurances claires de véritable relèvement sur tous les plans et sans stratégies appropriées de résistance patriotique en cas de contradiction fondamentale devant l’inconnu, principalement à la Russie de Vladimir Poutine, qu’ils érigent en leaderpolitico-idéologique incomparable, et secondairement à la Chine de Xi Jinping, pris en compte pour son modèleéconomico-commercial extraordinaire. Ils qualifient ces deux puissances mondiales, sans en donner des preuves irréfutables et indiscutables, de meilleures partenaires de ces peuples d’Afrique depuis longtemps marginalisés. Pire, ils proclamentqu’elles ont pour vocation fondamentale de libérer ceux-ci de l’impérialisme pluriel occidental. Ils soutiennent leurs élucubrations en citant les cas du Mozambique, de l’Angola, de la Guinée-Bissau, de l’Île du Cap Vert, du Zimbabwe, de la République Sud-Africaine et de la Namibie, les sept derniers pays africains à s’affranchir du joug colonial occidental, comme les preuves palpables de la magnanimité de l’URSS, aujourd’hui représentée par la seule Russie, et de la Chine envers l’Afrique. Effectivement, ces deux puissancesmondiales d’Orient, respectivement européenne et asiatique,avaient beaucoup contribué, surtout militairement, à la décolonisation des sept pays africains précités. Et, en considérant sérieusement le passé colonial, postcolonial et le présent néocolonial de l’Afrique, il y a, dans ce brouhaha, beaucoup de vérité quant à la responsabilité, directe ouindirecte, de l’Occident multiple dans l’imbroglio actuel de l’écrasante majorité des pays du continent. Sans pour autant disculper les dirigeants politiques africains, leurs serviteursincorrigibles.
DES QUESTIONS ACCUSATRICES
Cependant, en proclamant abusivement, exclusivement et inconsidérément la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping comme étant ces grandes puissances mondiales dont la vocation est de libérer l’Afrique de l’impérialisme pluriel occidental, nos nouveaux « révolutionnaires » faussent résolument l’histoire sur deux plans. En effet, par-là, ils font délibérément croire que l’Occident multiple n’a jamais aidé les pays colonisés à se défaire du joug colonial et à se relever, une fois indépendants, sur les plans politique, économique, social et culturel. D’où, le commun des mortels, travaillés par cette propagande plus émotionnelle que rationnelle, reprennent bruyamment à travers le continent : « les Occidentaux, et surtout les Américains, sont très mauvais. » Et pourtant, l’histoire nous fournit, en ces domaines précis,plusieurs preuves tangibles contraires à leurs élucubrations. Mais, disons tout simplement, en résumé, que l’Occidentcollectif, en tant qu’ancienne puissance coloniale de l’Afrique,y a, en premier lieu, massivement investi dans tous les secteurs d’activités. Certes, pour ses propres intérêts stratégiques globaux d’abord, mais aussi, et ce par ricochet, pour ceux de ses différentes colonies. En agissant ainsi, il a, en second lieu, indubitablement posé les bases du développement de l’Afrique. En troisième lieu, enfin, il est demeuré, après les indépendances, l’incomparable puissance mondiale qui a réellement accompagné, tant bien que mal, l’Afrique dans son combat pour le développement. Ce qui a malheureusement contribué au renforcement de sa toute-puissance sur ce continent. Or, en 65 ans de relations diplomatiques et de coopération au développement, l’URSS ou la Russie, que nos nouveaux « révolutionnaires » ont tous sur les lèvres, n’a jamais, en dehors des instruments de guerre qu’elle a l’habitude de fournir à certains pays, réellement investi en Afrique. Et ce, particulièrement dans le secteursocio-économique. Certes, elle vient de conclure, fin 2024, des accords de coopération avec 15 pays africains dans le secteur de l’énergie nucléaire. Mais, ceci ne change en rien le fait qu’il n’existe, au bénéfice de la RD-Congo par exemple, aucune entreprise, aucune banque, aucune école, aucun hôpital, aucun barrage, aucun pont, aucune chaussée, aucun rail, aucun immeuble, aucun port, aucun aéroport, etc, comme fruit de la coopération soviétique ou russe! Par contre, la Chine, qui coopère avec l’Afrique depuis le début de la décennie 1970, fait de loin mieux que la Russie ici. Elle y mène, sans trop de bruits, des investissements qui participent, tant bien que mal, à la création d’emplois et de la croissance économique dans quelques pays.
Malgré cela, peut-on sincèrement, sérieusement et consciemment prétendre que pour avoir joué, à un moment donné ou à un autre de leur histoire particulière, ce bon et beau rôle de libérateurs et d’assistants des peuples d’Afrique, la Russie seule, la Chine seule et l’Occident pluriel jouenttoujours franc jeu à l’égard de ces derniers et de l’opinionpublique internationale? Si la Russie, tsariste, soviétique et poutinienne, avait pour vocation fondamentale d’assister et d’affranchir les peuples longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Afrique de l’impérialisme pluriel occidental, comment alors expliquer son propre rejet ou abandon actuel par l’écrasante majorité des pays d’Europe centrale, d’Europe orientale et d’Asie centrale dont elle était, pendant plus de deux siècles, la seule et l’unique puissance impériale ?
Autrement dit, si elle avait soigneusement et respectueusement traité ces peuples, pourquoi alors se sont-ils spectaculairement retournés contre elle pour se rapprocher et se rallier orgueilleusement à l’Occident, le diable d’hier? Comment expliquer que la Guinée-Conakry de Sékou Touré, qui avait bruyamment tourné le dos, en 1958, à la France du général Charles De Gaulle pour aller se mettre sous les aisselles de l’URSS de Nikita Khrouchtchev, ne faisait-elle que dégringoler jusqu’au décès, en 1984, de son leader et chef historique? Pourquoi Cuba de Fidel Castro qui, grâce à l’appui militaire massif de l’URSS, avait finalement réussi à défaire, en 1959, le régime du général Batista alors soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, pour aller spectaculairement et orgueilleusement rejoindre le camp soviétique, demeure -t-il toujours au bas de l’échelle sociale mondiale? Comment expliquer que la République d’Angola, pourtant «militairement libérée », en 1975, du joug colonial portugais par l’URSS, la Chine et Cuba, est-elle devenue la plus importante alliée des Etats-Unis d’Amérique en Afrique des Grands Lacs et non de la Russie ou de la Chine? Pourquoi 99,99% des républiques qui se prenaient pour des démocraties populaires et semblaient se répandre comme une trainée de poudre à travers le monde entier, n‘ont-elles pas survécu àl’URSS, leur leader mondiale physiquement et géopolitiquement décédée en décembre 1991?
De même, si l’Occident pluriel avait pour vocation fondamentale de libérer les Etats longtemps opprimés, méprisés et meurtris d’Europe orientale et d’Asie centrale de l’impérialisme russe, comment alors expliquer qu’il ait par ailleurs lui-même colonisé, à lui seul, environ 70% des pays constituant le monde? Pourquoi des pays latino-américains tels que Cuba de Fidel Castro, le Chili de Salvador Allende, le Venezuela d’Hugo Chavez, le Nicaragua des sandinistes, le Panama du général Manuel Noriega, etc, se sont-ils retournés, à certains moments de l’histoire, contre les Etats-Unis d’Amérique, pourtant leurs « libérateurs » du joug colonial espagnol, pour devenir les bons amis de l’URSS, de la Chine et de Cuba, les diables d’hier? Comment expliquer que le Malidu colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré et le Niger du général Abdourahamane Tiani se distancient aujourd’hui de la France d’Emmanuel Macron qui, pourtant, les couvait comme une mère poule, pour se rapprocher spectaculairement et s’allier orgueilleusement à la Russie de Vladimir Poutine?
Pourquoi la République Démocratique du Congo, pourtant colonisée par le Royaume de Belgique et entièrement prise en mains par l’Occidentpluriel depuis 1885, a-t-elle fini par se livrer, en 2008, à la Chine pour l’exploitation de 80% de ses gisements de minerais critiques et stratégiques, en échange d’infrastructures de base dont elle a cruellement besoin pour son développement durable? Comment expliquer que 15 ans après, elle ait été obligée d’exiger, coûte que coûte, la renégociation de ce contrat pourtant dit du siècle ?
REDUIRE SOUS LEUR DEPENDANCE
Les raisons fondamentales de ces multiples et divers retournements de situations, que subissent, à un moment donné ou à un autre de leur histoire, toutes les grandes puissances mondiales de la part de certains de leurs valets depuis l’antiquité, se trouvent dans la nature et la vocation même de l’impérialisme qu’elles incarnent et représentent. En effet, tous les impérialismes, quels que soient leur nationalité, leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques, leur mode opératoire et le visage qu’ils affichent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent tous inlassablement et indistinctement, en tout lieu, le même but ultime : réduire les autres Etats, surtout les plus faibles, sous leur dépendance idéologique, politique, économique, sociale et culturelle en vue de les contrôler et de les exploiter à leur guise. En d’autres termes, toutes les grandes puissances mondiales, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident, ont pour objectif final, dans toutes les relations diplomatiques et de coopération au développement qu’elles tissent avec les autres Etats, surtout les plus faibles, de dominer ces derniers à travers les clauses les plus importantes afin de gagner le plus de profits possible. Et ce, généralement, comme elles l’entendent.
C’est exactement, là, la nature et la vocation première et particulière de l’impérialisme pluriel occidental, qui avait colonisé environ 70% des pays du monde et dont le chef de file, les Etats-Unis d’Amérique qui n’ont pourtant jamais possédé de colonies, trône au sommet de l’Univers, depuis bientôt un siècle, comme la seule et l’unique véritable superpuissance mondiale. Car, la plus développée de toutes sur tous les plans. Conservateur, libéral, démocratique et capitaliste, l’Occident collectif de Donald Trump n’entend pas céder, vu son omnipuissance, ce très prestigieux titre à l’un de ses concurrents. C’est également, là, la vocation première et particulière de l’impérialisme unique russe, qui avait malmené, durant plus de deux siècles, les pays d’Europeorientale et d’Asie centrale avant de les enfermer, pendant 70 ans, dans un camp retranché du monde.
Ultranationaliste,conservatrice, tyrannique, totalitaire et capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine vise de déboulonner, principalement au moyen de sa relative suprématie en matière du nucléaire militaire, les Etats-Unis d’Amérique du sommet du monde afin de les y remplacer et de s’y établir seule. Et c’est, là, enfin, la vocation première et particulière de l’impérialisme unique chinois qui avait incorporé, par la violence armée, les régions non chinoises de Mongolie intérieure, du Tibet et d’autres pays d’Asie en son sein. Conservatrice, tyrannique, totalitaire, politiquement communiste et économiquement ultra-capitaliste, la Chine de Xi Jinping tient à accéder au titre géopolitique le plus élevé et le plus convoité de tous, celui de superpuissance mondiale détenu par les Etats-Unis d’Amérique depuis bientôt un siècle. Et ce, principalement par le biais de sa puissance économico-commerciale fulgurante,qui donne de l’insomnie à tous ses concurrents, et particulièrement aux Etats-Unis d’Amérique, qui la traitentdésormais d’adversaire, si pas d’ennemie numéro un.
Ces trois impérialismes suprêmes se différencient plus ou moins, on vient de le voir, par les systèmes idéologiques constituant le soubassement de leur comportement, de leurs attitudes et de leurs pratiques respectifs. Mais, toutes les idéologies étant hégémoniques, ces trois impérialismes se ressemblent par leur hégémonisme intransigeant et cruel face au reste du monde. Seules d’infimes nuances d’approche, dans leur mode particulier de propagande et d’opération, les rapprochent ou les éloignent des Etats faibles qu’ils tiennent à éblouir et à s’attacher. Ce sont ces anodines nuances d’approche, et rien d’autre, qui illusionnent leurs victimes expiatoires à travers le monde.
En effet, aucun impérialisme, qu’il soit d’Occident ou d’Orient, ne peut se trahir en avouant sa perversité. D’où, chaque impérialisme fait croire à chaque proie qu’il vise qu’il est particulièrement plus vertueux que lesautres. Ainsi, il la subjugue en lui accordant, surtout au début, quelques libéralités, faveurs et facilités. Or, tous lesimpérialismes pratiquent, en réalité, la même politique d’expansion. Celle-ci se résume en ces quelques mots: « Ôte-toi de là pour que je m’y mette. » C’est-à-dire, pour se faire de la place au milieu des Etats faibles qu’ils convoitent au détriment de leurs concurrents, chaque impérialisme se présente astucieusement en agneau devant la proie qu’il désire. Ce n’est qu’au fil du temps que celle-ci découvreprogressivement, si elle en a les capacités requises, la véritableface de son prétendu partenaire toujours auréolé de sa puissance impériale.
LUTTE POUR LA SUPREMATIE
Mais, les divers impérialismes se donnent réciproquement, à des moments qu’ils jugent opportuns, des coups tantôt mortels(cas de la dislocation, donc de la mort physique et géopolitique, en 1991, de la géante URSS), tantôt asphyxiants(cas des évènements du 11 septembre 20O1 qui ont profondément et sérieusement ébranlé les Etats-Unis). C’est la preuve que l’Occident pluriel, la Russie seule et la Chine seulesont perpétuellement en guerre pour l’hégémonie géopolitiquemondiale.
Et c’est la raison fondamentale pour laquelle chacun des trois impérialismes suprêmes exerce, en permanence, le harcèlement hégémonique sur tous les autres Etats du monde, particulièrement les plus faibles. C’est justement dans ce contexte que l’Occident multiple de Donald Trump, mettant en exergue son omnipuissance dans tous les secteurs d’activités, a débauché l’écrasante majorité des pays de l’ex camp soviétique est-européen et centrasiatique, la seule et l’unique véritable chasse gardée historique de la Russie, pour asphyxier celle-ci. Et ainsi, maintenir et accroîtresa domination sur le monde qu’il tient à transformer en son champ personnel de mission. C’est dans ce cadre aussi que la Russie de Vladimir Poutine, de son côté, se fondant particulièrement sur les aspects défense et sécurité liés à sa relative supériorité en matière du nucléaire militaire, tente de débaucher l’Afrique, l’une des multiples chasses gardées de l’Occident à travers le monde.
En armant et en mettant ses mercenaires du groupe Wagner à la disposition des pays africains ravagés par le terrorisme djihadiste tels que le Malidu colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré et le Niger du général Abdourahamane Tiani pour éblouir ces trois Etats, se les attacher, les contrôler et les exploiter à sa guise. En y réduisant très sensiblement l’influence occidentale. Entre temps, à partir de la République Centrafricaine où elle compte déjà quelques contingents de ses mercenaires du même groupe Wagner, la Russie voudrait étendre son influence sur la République Islamique du Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et surtout sur la RD-Congo, eux aussi touchés par le terrorisme, afin de disposer d’une véritable plateforme régionale. La Chine, plus que la Russie,s’appuyant essentiellement sur sa puissance économico-commerciale extraordinaire, s’introduit de plus en plus quasiment partout en Afrique. Et ce, dans l’objectif de damer le pion à tous ses concurrents en vue de tirer, seule, le plus de profits de ces pays. En effet, l’Afrique est une fée actuellement courtisée par des puissances mondiales de toutes les catégories, de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques.
Cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale entre les trois impérialismes suprêmes est très âpre. Elle est incontestablement le seul et l’unique motif fondamental pourlequel ils s’affrontent, par l’intermédiaire de leurs laquais locaux, dans la quasi-totalité des guerres qui ont actuellementcours à travers le monde en général et l’Afrique en particulier. Mais, nos nouveaux « révolutionnaires », qui se rangent, sans transition et sans conditions, derrière la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident pluriel de Donald Trump, donnent l’impression de ne pas réaliser que cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale n’est pas leur guerre. Elleest plutôt, foncièrement, la guerre des puissances impériales mondiales d’Orient contre les puissances impériales mondiales d’Occident et vice-versa. Seules ces deux groupes depuissances impériales mondiales en connaissent et en maîtrisent véritablement et systématiquement les tenants et les aboutissants. Et c’est, soit celles d’Occident seules, soit celles d’Orient seules, et non leurs peuples longtemps meurtris d’Afrique, qu’ils croient représenter et servir ainsi, qui en récolteront les fruits escomptés. En effet, il est établi que tous les impérialismes, quelles que soient leur nationalité, leurs origines géographiques et leurs couleurs idéologiques,demeurent essentiellement égocentriques. C’est-à-dire, tout ens’efforçant d’être aux côtés des faibles, avec les faibles et pour les faibles, ils restent foncièrement, à 99%, accrochés à lapromotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts stratégiques globaux. C’est pourquoi, ni l’impérialisme pluriel occidental, ni l’impérialisme unique russe, ni l’impérialisme unique chinois n’a jamais eu et n’aura jamais pour objectif ultime d’aider ne fût-ce qu’un seul pays africain à sortir du sous-développement. Au contraire, malgré leurs minces et légères différences d’approche, il n’existe,dans le fond, entre l’impérialisme unique russe, l’impérialisme unique chinois et l’impérialisme multiple occidental, d’impérialisme qui soit ni vertueux, ni plus vertueux que les autres. Ils sont plutôt tous, indistinctement, des prédateurs très peu soucieux de la solidité et de la qualité d’existence de leurs sous-fifres. Ils sont plutôt tous, pour tout dire, les monstres les plus froids des monstres. Car, comme le général De Gaulle l’avait déjà clamé à la face du monde entier, « les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts.»
VOIE AFRICAINE DE LIBERATION
D’où, tout leader ou chef politique africain, qui se laisse irrationnellement succomber à la propagande mielleuse de l’un ou l’autre de ces vautours insatiables et qui, feignant d’ignorer l’éternel but ultime qu’ils poursuivent indistinctement tous, en tout temps et en tout lieu, se fait le représentant personnel de ce dernier auprès de son peuple, estun esprit faible, un corrompu, un égocentrique, un aliéné, un traître ou un incompétent politique qui s’ignore. En effet, les peuples longtemps meurtris d’Afrique sont de plus en plus conscients de la précarité de leur situation face à toutes les puissances impériales mondiales.
Ils se sont organisés et se sont résolus de résister, désormais, aux invasions effrénées de toutes ces dernières. Ils tiennent donc à se réaliser selon leurs aspirations les plus profondes. Et la meilleure voie par laquelle ils croient et veulent y parvenir, c’est celle d’une révolution endogène, conçue et élaborée par eux-mêmes, en fonction de leurs propres idéaux sociaux et de leurs propres intérêts supérieurs réels identifiés et sélectionnés par eux-mêmes, planifiée, testée, mise en œuvre, menée, évaluée, réajustée, maitrisée et contrôlée par eux-mêmes.
En mettant particulièrement à profit l’expertise de ceux des leurs qui sontles plus politiquement conscients et éveillés, les plus profondément dotés de la vertu politique, les plus techniquement qualifiés (formés, expérimentés et compétents) et les plus visiblement non inféodés à l’une ou l’autre de ces grandes puissances idéologiques et hégémoniques mondiales. C’est-à-dire, des compatriotes qu’ils ont eux-mêmes démocratiquement mandatés et qui sont capables de tracer,certainement à travers les rocs, une voie foncièrement et typiquement africaine ou nationale d’émancipation intégrale, intégrée et durable, fondée sur l’Etat-éthique ou de droit, mais ouverte au monde.
Donc, des compatriotes capables, par ailleurs, de traiter aisément, en toute dignité, en toutes responsabilités, sur le même pied d’égalité, etc, avec des partenaires internationaux choisis par eux-mêmes, selon des critères objectifs, et surtout avec les incontournables grandes puissances impériales mondiales, de toutes les origines géographiques et de toutes les couleurs idéologiques. « Sans se soumettre et sans se compromettre.»
Comme le disait Eric T. Mboma, dans un article hautement technique et patriotique axé sur l’exploitation et la gestion responsables et stratégiques des minerais critiques et stratégiques congolais, susceptibles de rendre à la RDC sa grandeur longtemps confisquée par celles-là, récemment paru, sous ce titre, dans Le Soft International.
MUSENE SANTINI BE-LASAYON
Sociologue et journaliste