Détails de Jean Koke sur les patriques fétichistes dans le foot.

                       T.P. MAZEMBE

Mes Chers frères,

Si nous commençons à relater tous les ragots et commentaires en rapport avec les préparatifs ou le déroulement de plusieurs matches de football qui ont marqué nos esprits, nous risquons de dire n’importe quoi.

Je me rappelle de mon Vieux, Kiala Petit Puscas, ancien ailier droit de Daring fracturé au cours d’un match de football au stade Roi Baudouin. Malgré tous les soins qui lui furent prodigués, sa jambe fut amputée, faisant de lui un handicapé. La radio trottoir racontait que cette jambe était sacrifiée pour le succès de son équipe. Alors qu’on croyait que Vieux Decoulo allait tourner le dos au stade, il deviendra plutôt l’un des intermédiaires attitrés des dirigeants vert blanc auprès de Pereira qui ne lui refusait rien. C’était semble-t-il par reconnaissance aux sacrifices qu’il avait consenti.

Le jeune gardien de buts de Daring répondant au nom de Dondo victime d’un choc avec Masta Delo succomba sur le terrain. Sa mort comme celles de Feu Bobutaka et de Zoao Sekele furent interprétés différemment dans les milieux du ballon rond. Certaines personnes mieux introduites dans les secrets des saints affirmaient sans ambages que ces joueurs étaient sacrifiés par leurs dirigeants.

Je me rappelle aussi du cas de mon frère et ami, Jeeff Mayenda, alias Mayens qui fit rêver les imaniens par sa vélocité et son dribble irrésistible. Ce jeune attaquant venu des Diables Rouges de Mbanza Ngungu était logé chez l’Ambassadeur Tokwaulu, le président sportif de Daring. Il se fait malheureusement que sous l’instigation de Raoul Kidumu et Manu Kakoko, les deux capitaines de l’équipe, le comité Tokwaulu fut révoqué par une pétition signée par tous les joueurs, au moment où le président se trouvait en mission de service au Brésil. Ce n’est pas là le sujet. Mais la chose qui révolta le plus le président déchu, c’est de voir une de ses photos, apparaître  côté de l’article qui publié dans le journal Etoile du Congo de Bondo Nsana.  Or, Mayens qu’il considérait comme son propre fils était aussi à ses heures perdues Employé dans ce journal. Le Président Tokwaulu ne pardonna pas à son poulain cette double trahison. Pereira qui fut contacté pour les besoins de la cause jeta un mauvais sort à Daring qui deviendra Foconbel…. Les anciens savent de quoi je parle. En même temps, ce fut le début de la traversée  du désert pour Mayens. Aux entrainements, tout marchait bien, mais dès qu’il montait au stade, son genou droit ne tenait plus le coup… Tous les spécialistes en la matière furent contactés. Le célébrissime orthopédiste Dr Matondo de Kisantu n’en pu rien. C’est dans ces conditions que Vieux Sivi Kafedere immortalisé dans la chanson Muzi du TP OK Jazz, imanien jusqu’aux os, décida de prendre en charge les soins médicaux de ce joueur qu’il envoya en Belgique pour des soins appropriés. Une fois de plus, le genou n’était pas guéri. Ici, je dois remercier mon oncle Ndongala, qui profita de ses relations personnelles avec Vieux Rail pour débloquer la situation. C’est dans le tard que Mayens reprit l’usage de sa jambe. Lorsqu’il rechaussa les crampons dans le FC Rotselaar, équipe évoluant en 3ème division du football belge, toute la presse locale était unanime. Ce joueur était un talent à l’état pur. Mais à cause du poids de l’âge, et plusieurs années d’inactivité, il se contenta de jouer à ce niveau-là, alors que quelques années auparavant, il aurait pu faire une belle carrière en division I ou II du football belge. Voilà comment cet homme avait ruiné la carrière d’un joueur. Mayens était victime d’un système, car il y a des vérités assez blessantes pour certains de ces anciens coéquipiers que j’ai tu. Quant à l’histoire de la photo volée chez le président, il fut prouvé plus tard qu’il était un innocent sacrifié sur les intérêts de l’équipe par le propre beau frère du Président Tokwaulu.   

Parler de la place des fétiches dans notre football revient à faire le procès de notre société traditionnelle où deux tendances vont s’affronter. D’une part, il y a ceux qui croient aux traditions et à notre culture ancestrale. Ceux-là vont vous affirmer que les fétiches ou nkisi, tels qu’on les pratiquait par nos ancêtres faisaient partie de notre vécu quotidien. Qu’il y avait des preuves dans tel domaine de la vie où ceux-ci ont conditionnés certains résultats. Ce sont les missionnaires qui ont remis en cause leur puissance, car plusieurs féticheurs de renom étaient obligés de se débarrasser de leurs gris-gris.

Aujourd’hui, des personnes et non des moindres ne jurent que sur la qualité des joueurs pour monter une grande équipe de football. Ils n’hésitent pas de véhiculer le message spirituel dans leurs rapports de force avec leurs adversaires.

Aux uns et autres, nous disons simplement que le succès et la gloire sont deux ingrédients qui n’arrivent pas dans la vie d’un homme par hasard.

Ngenge, ba botamaka na yango. Ba mosusu, ba somba ka yango. A chacun son étoile…

Le football, comme toutes les autres disciplines sportives, respecte des règles et certains principes. Qu’on se retrouve dans l’un ou l’autre camp, seuls les joueurs les plus doués, les équipes les mieux rodées et motivées peuvent gouter aux délices de la gloire.   

Jean Koke Miezi

Avec mbokamosika.com

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