Le continent africain est en deuil. L’ancien président zambien Edgar Chagwa Lungu s’est éteint, laissant derrière lui une nation marquée par son empreinte et une région encore sous le choc.
Parmi les premières voix à s’élever, celle du président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a salué avec émotion la mémoire de son ancien homologue et collaborateur régional.
« C’est avec une vive émotion que j’ai appris le décès de Edgar CLungu, Président Honoraire de la Zambie. Nous avons eu à collaborer dans la concorde et la plus grande sincérité. À mon homologue Hichilema et au peuple zambien, je présente mes condoléances les plus attristées », a déclaré le président congolais sur ses réseaux officiels.
À travers ces mots sobres mais puissants, Kinshasa pleure un voisin, un frère politique, un artisan du dialogue dans la région des Grands Lacs et d’Afrique australe.
Une voix du Sud, un pilier discret de la région
La relation entre Félix Tshisekedi et Edgar Lungu allait bien au-delà des simples relations diplomatiques. Elle traduisait une volonté commune de stabiliser la région d’Afrique australe et centrale, marquée ces dernières années par des tensions sécuritaires, des défis migratoires, mais aussi par de nombreux espoirs de développement partagé. Entre la RDC et la Zambie, voisins liés par des intérêts stratégiques notamment dans le secteur minier , la coopération a souvent exigé doigté et confiance.
Entre Lusaka et Kinshasa : respect et diplomatie
Les relations entre la RDC et la Zambie ont connu, au fil des années, des épisodes complexes, notamment autour des questions frontalières et minières. Mais sous les mandats de deux chefs d’états Tshisekedi et Lungu, une volonté réciproque de coopération régionale s’est renforcée, portée par l’ambition commune de stabilité, d’intégration économique et de sécurité.
Ce lien entre les deux hommes a été scellé dans le respect mutuel, loin des projecteurs, mais essentiel dans les coulisses des grands dossiers de la SADC. Le président congolais n’hésite pas à parler d’une collaboration marquée par la concorde et la sincérité, soulignant ainsi les qualités humaines et diplomatiques du défunt.
Edgar Lungu : un parcours digne d’un chef
Né le 11 novembre 1956 à Ndola, dans la province du Copperbelt, Edgar Chagwa Lungu était avocat de formation. Il entre en politique dans les années 1990, dans le sillage de Michael Sata, figure emblématique de la vie politique zambienne. Figure influente du Patriotic Front, parti fondé par Michael Sata”
, Lungu est nommé ministre de la Défense, puis ministre de la Justice.
Après le décès de Sata en 2014, Edgar Lungu est investi président de la République en janvier 2015, puis élu en 2016. Son mandat fut marqué par des investissements massifs dans les infrastructures, souvent financés par des partenaires étrangers, et par des décisions controversées sur les libertés démocratiques. Mais son plus grand acte de foi démocratique reste sans doute celui de la passation pacifique du pouvoir à son rival Hakainde Hichilema en 2021, dans un geste salué comme un exemple de maturité politique en Afrique.
Un hommage au-delà des frontières
En rendant hommage à Edgar Lungu, le président Tshisekedi ne s’adresse pas uniquement à Lusaka : il lance un message fort à l’ensemble du continent. Celui de la reconnaissance entre dirigeants, du respect des trajectoires différentes, mais complémentaires, et de l’importance de la continuité des valeurs africaines d’unité, de dialogue et de service du peuple.
L’Afrique vient de perdre un de ses fils. La Zambie perd un ancien chef d’État. La RDC , un partenaire de confiance.
Glad NGANGA