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Crise sécuritaire en RDC : des intellectuels congolais plaident pour le retour urgent de la paix

 

Le collectif des associations de Malakoff pour la Paix et la solidarité internationale a co-organisé avec la mairie de Malakoff une table ronde à Malakoff sous le thème : « La paix en République Démocratique du Congo maintenant : une urgence absolue ! ». 

Dans son mot de circonstance, la représentante de la maire empêchée a circonscrit le contexte de cet évènement dans le cadre du soutien de la ville de Malakoff à la paix en RDC où la guerre fait rage en ce moment et aux activités du Docteur Denis Mukwege qui est un citoyen d’honneur depuis 2021. Elle a précisé que la ville de Malakoff a, à ce jour, deux citoyens d’honneur parmi lesquels Denis Mukwege.

Le titre de citoyen d’honneur est une distinction honorifique décernée par la ville en reconnaissance des mérites particuliers. Pour le Docteur Denis Mukwege, il s’agit de sa lutte pour la défense la paix et le respect des droits des femmes en RDC. La responsable du collectif des associations de Malakoff est revenue, quant à elle, sur le soutien apporté à la fondation Panzi par les associations et la mairie de Malakoff, tant en financement des œuvres, en matériels qu’en plaidoyers. Après ces deux mots d’introduction, la présidente de la table ronde, Mme Catherine Margaté, Maire honoraire de Malakoff, a brièvement présenté les trois intervenants du jour avant de donner la parole au premier d’entre eux.

 

Le premier orateur, le professeur Alphonse Maindo, intellectuel congolais, a expliqué au public pourquoi la RDC se trouve dans une situation de guerre chronique aux conséquences fâcheuses. Pour lui, cela s’explique par des facteurs qui relèvent à la fois de la trajectoire historique de l’Etat congolais, de l’économie de prédation et de pillages, de la nature des régimes politiques postcoloniaux successifs, de la gouvernance politique, de l’économie-monde et des prétentions (hégémoniques et territoriales) des Etats voisins et leurs interventionnismes politico-militaires en RDC. Il est revenu longuement sur les origines historiques de l’exploitation des ressources naturelles en RDC, son poids sur l’actualité et son impact sur la sécurité en RDC jusqu’à ce jour. Il est parti de la situation coloniale depuis l’Etat Indépendant du Congo (1885-1908) et du Congo-Belge (1908-1960) en démontrant comment l’exploitation du caoutchouc et de l’ivoire, puis d’autres produits agricoles (cultures de rente) était à la base de l’économie de la prédation et a occasionné des violations graves des droits de l’homme. L’exploitation du cuivre et cobalt au Katanga et du diamant au Kasaï avait affecté la paix dans le jeune Etat quelques jours après l’indépendance avec les sécessions katangaise et sud-kasaïenne. C’est le cas encore aujourd’hui, notamment, d’importants gisements des minerais stratégiques voire critiques (coltan, cobalt, cuivre, lithium, etc.) dont regorge la RDC dans la partie orientale et australe. L’exploitation sauvage et la prédation de ces minerais cruciaux pour l’industrie de la haute technologie, de l’espace, de l’aéronautique et de la défense et la transition énergétique favorise les violences extrêmes dans le pays. Il a souligné les conséquences tragiques et fâcheuses des violences extrêmes qui endeuillent et écument le pays, plus spécialement les atteintes graves aux droits humains (constitutifs des crimes internationaux : crimes de guerre, crimes contre l’humanité voire de génocide) notamment les tueries, les violences sexuelles, les déplacements massifs, etc. en mettant en exergue les dégâts en vies humaines et en matériels documentés par différents observateurs lors de la prise de deux grandes villes de l’Est (Goma et Bukavu) par les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par les armées étrangères. Il a conclu en appelant à une action concertée et à la solidarité internationale pour arrêter la guerre maintenant et rétablir la paix en RDC car demain ce sera trop tard.

Carol Mann, deuxième intervenante, a penché sur les rapports entre l’évolution technologique (numérique) et le respect des droits de l’homme, en particulier les droits de la femme. Elle a mis en exergue le paradoxe entre l’importance des minerais stratégiques dont dispose la RDC notamment le cobalt et le coltan dans le développement technologique et la transition énergétique et les conditions inhumaines de leur exploitation ainsi que leur impact sur la préservation de la dignité humaine. Elle a mis un accent particulier sur la moralisation de toute la chaîne de valeur (production, approvisionnement, transformation et consommation des minerais stratégiques) et du développement technologique en questionnant le rôle que les consommateurs finals de la technologie de pointe ou des énergies nouvelles peuvent jouer. Elle a appelé à la mobilisation générale pour la moralisation de la chaîne de développement technologique et énergétique et le respect de la dignité de la personne humaine notamment à travers la traçabilité des matières premières utilisées.

Don-Martin, dernier intervenant, est revenu sur les liens entre la localisation géographique des minerais stratégiques et les zones frappées par la crise sécuritaire. Partant de la démarche historique, il a précisé que les guerres successives qu’a connues la RDC visent à rendre ingouvernables les zones regorgeant des potentialités minières pour faciliter une exploitation illégale des ressources naturelles. Il a mis en exergue les initiatives du Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix pour restaurer la paix et garantir la dignité humaine.

Après ces présentations, des échanges passionnés et passionnants ont eu lieu, témoignant des inquiétudes des participants sur la situation des populations congolaises, de l’intérêt de trouver une solution définitive à la crise qui rétablisse une paix durable. La guerre a trop duré et fait trop de victimes innocentes. Dans ces débats, distinguant l’intellectuel du diplômé d’université, le professeur Alphonse Maindo, principal intervenant, a insisté sur l’éveil de conscience citoyenne, la responsabilité collective et individuelle, le rôle des intellectuels qui ne sont pas souvent écoutés. Il est revenu instamment sur les facteurs internes et externes qui expliquent le retour actif sur le théâtre de la guerre du M23 soutenu par le Rwanda et même l’Ouganda, sa défaite militaire en 2012 et sur les conséquences humanitaires de la prise des deux grandes villes de l’Est (Goma et Bukavu) en soulignant, d’une part, la dimension géostratégique de la guerre et l’interventionnisme militaro-affairiste des Etats de la région et, d’autre part, la gouvernance chaotique voire erratique interne de l’Etat congolais depuis des décennies, l’autoritarisme, l’initiative de révision constitutionnelle, etc. Il a rappelé les efforts fournis de la société civile avec l’autorité morale du Docteur Denis Mukwege pour l’instauration de la justice transitionnelle, y compris la création d’un tribunal pénal international pour la RDC, et l’application des recommandations du Rapport Mapping qui couvre une infime partie seulement des crimes internationaux commis en RDC. Il a regretté que leurs voix n’aient pas été entendues depuis lors. On aurait peut-être éviter cette nouvelle guerre qui menace désormais la 3ème plus grande ville du pays, Kisangani, avec ses 1.500.000 habitants auxquels se sont ajoutés quelque 500 000 déplacés de guerre, et épargné de nombreuses vies si les auteurs des crimes graves avaient été déjà poursuivis par la justice pour répondre de leurs actes. Rappelant l’urgence d’une approche multidimensionnelle et holistique de la crise pour une paix durable, incluant la réforme du secteur de sécurité et la reconstruction de l’Etat, il a salué les différentes initiatives de paix en soulignant l’importance de bien les coordonner pour une plus grande efficience. Une multiplication d’initiatives sans coordination est contreproductive. Face à la gravité de la crise, il a surtout réitéré l’urgence absolue d’une paix maintenant et la nécessité d’une solution politique et négociée. Toute solution doit comprendre la fin de l’impunité des crimes graves pour rendre justice aux victimes et garantir la paix et la dignité humaine.

GM

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