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Crise au niveau de la CENI : Une proposition originale pour sauver le processus électoral.( Tribune de Modeste Mbonigaba Mugaruka)

Modeste MBONIGABA est l’un de ces ténors de l’intelligentsia congolaise qu’on ne présente plus. Du haut de sa trentaine d’articles, ouvrages, interviews audio visuelles et autres communications publiés ou diffusés, depuis la chute du « mur de Berlin », sur les élections, la démocratie et le développement en Afrique, cet auteur a fini par se forger des convictions fortes sur ces trois thématiques. C’est ainsi que, pour lui, les élections n’auront véritablement tout leur sens, tout leur contenu et toute leur portée que le jour où LE VOTANT AURA IMPRIMÉ DANS SA TÊTE LE MENTAL DU PROPRIÉTAIRE ! Tandis que la démocratie doit aller au-delà de la simple procédure pour devenir un comportement guidé par le souci de prendre part à une œuvre commune dans la tolérance et l’esprit d’ouverture. Et enfin, s’agissant du développement, c’est dans la tête qu’il se construit d’abord. Comme pour dire qu’on ne peut pas se développer si on n’a pas une mentalité de développement !
Considérée comme le socle, le point de départ de tout le reste, l’URNE (autrement dit de « bonnes » élections) constitue la fondation sur laquelle doit s’édifier un Congo Kinshasa réellement porteur d’espoirs non seulement pour lui-même mais aussi pour sa sous région, voire au-delà.
Voilà pourquoi, au vu du blocage constaté dans la procédure de désignation du responsable numéro un de cette structure qui doit piloter les élections en RDC (à savoir, la Commission Électorale Nationale Indépendante, en abrégé CENI), nous nous sommes adressés à Monsieur Modeste MBONIGABA pour avoir son opinion sur cette crise.


Question 1. Quelle lecture faites vous de la crise à laquelle nous assistons présentement au niveau de la CENI ?


Réponse 1. Je crois que la crise à laquelle nous assistons présentement concernant la CENI est le point culminant d’une expérience qui, dès le départ, avait montré ses faiblesses s’agissant de la structuration interne de la composante « Confessions religieuses ». Dès le début de la transition post Dialogue Intercongolais de Sun City, la désignation de l’Abbé Appolinaire MALU MALU, pourtant issu de l’Église Catholique, ne s’était pas en effet faite de façon heureuse pour tout le monde ! Ce fâcheux précédent se répétera pour toutes les échéances ultérieures jusqu’au paroxysme de 2018 !
Au lieu de réfléchir sérieusement, comme l’avait demandé la quasi-unanimité de la société congolaise, sur une réforme en profondeur de tout le système électoral, on a cherché à reconduire, pour 2023, les tares qu’il fallait pourtant éradiquer ! Et là, les deux ténors des Confessions religieuses semblent avoir définitivement dit NIET !


Question 2. Que faut-il faire pour sortir de l’impasse ?


Réponse 2. IL FAUT SORTIR DES SENTIERS BATTUS !
Il faut en effet se rendre à l’évidence que la crise au niveau de la CENI va au-delà de la CENI ! La crise que nous voyons au niveau de la CENI est, en réalité l’arbre qui cache la forêt. Et cette forêt c’est une crise de la gouvernance globale, non seulement en RDC mais aussi un peu partout en Afrique. Un peu partout en Afrique, les élections ont en effet cessé de jouer leur véritable rôle (l’ont elles jamais joué !) , celui d’etre ce moment fort où LE PATRON (OU EMPLOYEUR) CHANGE OU RECONDUIT SON EMPLOYÉ …!!!
Aujourd’hui en Afrique les élections servent plus à donner un semblant de légitimité à des pouvoirs qu’à choisir réellement des dirigeants.


Question 3. Comment fait-on pour sortir des sentiers battus ?


Réponse 3. Il faut commencer par admettre humblement qu’on s’est littéralement planté pour avoir ainsi le courage de la remise à zéro des compteurs ! Comme, DIEU merci, nous sommes co-fondateur de l’Union Africaine (ex-OUA), nous devrions courageusement accepter de mettre entre parenthèses notre souveraineté (qui, entre nous, ne représente plus grand’chose !)pour confier à cette organisation continentale le pilotage d’un processus électoral véritablement fondateur d’un Nouvel Ordre Politique au Congo Kinshasa et même au-delà…
Mais, il faut d’ores et déjà préciser les choses au sujet du profil des personnes appelées à faire partie de cette équipe et surtout les pays dont elles proviendraient. Il faudrait en effet chercher ces hommes et ces femmes du côté des pays qui sont effectivement des exemples à imiter comme le Botswana, le Ghana, Le Cap Vert, l’Île Maurice (la liste est trop courte hélas).
Pour donner encore plus de vigueur à cette équipe, on pourrait la renforcer par un quartet de pays européens et autres peu suspects de relents néocolonialistes ou impérialistes comme la Suède, le Danemark, la Norvège et le Japon.
Voilà, de mon point de vue, comment remettre la RDC sur les rails d’un développement fulgurant en commençant par lui donner des fondations véritablement en BÉTON !

Modeste Mbonigaba Mugaruka

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