Création d’un Fonds National pour la Démocratie et les Élections (FONADE) en RDC Par José MPUNDU, Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa

 

L’invention d’une démocratie qui ne serait pas du copier-coller de la démocratie des autres et l’appropriation du processus électoral par le peuple congolais passent entre autre par la mobilisation des ressources financières nécessaires à la vie de nos institutions démocratiques et à l’organisation des élections.

En vertu du principe selon lequel celui qui donne l’argent a le pouvoir ou encore la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit, nous croyons que le souverain primaire qu’est le peuple congolais doit montrer que le pouvoir est entre ses mains. En réunissant lui-même les fonds nécessaires pour l’organisation des élections, le peuple congolais affirmera sa volonté de mettre fin à la dépendance infantile dans laquelle veulent le maintenir les puissances euro-américaines ou ceux que nous appelons les « maîtres du monde » ou encore « la maffia politicofinancière internationale ».

L’idée de créer un Fonds National pour la Démocratie et les Elections en RDC, FONADE en sigle, en vue de soutenir les efforts pour une démocratie nonseulement politique mais aussi économique et financer nous-mêmes nos élections fait peur à certains milieux occidentaux et à certains compatriotes. Il est évident que réussir un tel pari modifierait totalement les rapports entre nous et l’Occident. Des rapports de dépendance, nous passerons à des rapports d’interdépendance entre adultes.

Aux congolais qui sont au service des « maîtres du monde » pour nous maintenir dans cette relation de dépendance infantile et qui bénéficient de l’argent des Occidentaux, réussir un tel pari serait une façon de leur enlever leur source d’enrichissement.

Pour nous dissuader dans la concrétisation de ce projet, certains compatriotes nous disent que le peuple est pauvre et que nous devons compter avec la solidarité internationale. Curieusement, les mêmes qui disent que le peuple est pauvre n’hésitent pas à l’exploiter lorsqu’il s’agit de leurs propres intérêts.

Par ailleurs, ce peuple a fait preuve, dans plusieurs circonstances de la vie (organisation très coûteuse des funérailles, les fêtes de mariage, de collation de grades académiques, etc.), de sa capacité de se prendre en charge pour subvenir à ses besoins.

Et puis, la solidarité internationale ne doit pas s’imposer comme une obligation ou une voie obligée pour tout ce que nous entreprenons surtout lorsque cela engage notre souveraineté. C’est à nous qu’il appartient de juger l’opportunité de demander de l’aide, de décider à qui nous pouvons démander sans aliéner notre souvervaineté et  de voir le moment qui convient pour faire cette demande et à quelles conditions.

Pour concrétiser notre projet de créer un Fonds National pour la Démocratie et les Elections, FONADE en sigle, et organiser, dans ce cadre, une mobilisation de fonds pour les élections libres et démocratiques dans notre pays, il nous faudrait suivre une procédure en traois étapes : conscientisation et sensibilisation, constitution d’une structure de fonctionnement et lancement de l’opération.

Première étape : conscientisation et sensibilisation

La conscientisation et la sensibilisation du peuple et de ses dirigeants afin que tous adhèrent à l’idée d’une collecte de fonds pour les élections et en comprennent le bien-fondé. Ce travail ne se fera pas seulement en théorie mais surtout consistera en un apprentissage pratique. Il faudra, dès maintenant, habituer le peuple à autofinancer ses activités. Ainsi, par exemple, il devrait financer la formation à la culture électorale dont il est bénéficiaire.

Il faudrait donc rompre avec les mauvaises habitudes introduites dans notre pays qui consistent en ce que les participants à une formation soient totalement pris en charge par les organisateurs et les bailleurs (cahiers, stylos à bille, crayons, collation, transport, per-diem…). Partout ailleurs, il existe ce qu’on appelle le PAF c’est-à-dire la participation aux frais. Pourquoi pas chez nous ?

Dans cette campagne de sensibilisation, on n’oubliera pas de toucher la communauté congolaise de la diaspora.

Deuxième étape : constitution et mise en place des structures de fonctionnement

La constitution et la mise en place de trois structures indispensables pour la réalisation de ce projet constitue la deuxième étape de la réalisation de ce projet.

Il s’agit d’un comité de direction, d’un comité de gestion des fonds et d’un comité de contrôle (d’audit). Il faudrait aussi s’assurer d’une institution financière crédible où les fonds seront logés.

Le comité de direction aura comme tâche principale de donner les orientations du FONADE et de veiller à leurs exécutions. Il sera constitué d’au moins trois personnes parmi lesquelles une femme.

Le comité de gestion est chargé de l’exécution des plans et orientations fixés par le comité de direction. Il sera composé de cinq personnes parmi lesquelles deux femmes.

Le comité de contrôle ou audit aura pour tâche de vérifier si les comptes sont justes et si la gestion est faite selon les règles de l’art. Il sera composé par trois personnes parmi lesquelles une femme.

Ces comités devront être composés des personnes honnêtes, intègres et crédibles, des personnes compétentes dans la gestion financière. Des congolaises et congolais qui répondent à ce profil existent bel et bien dans notre pays ; il suffit de les dépister et de les responsabiliser.

Ces personnes procéderont à une étude de faisabilité en tenant compte du budget des opérations électorales tel qu’établi par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Et ici, c’est l’occasion de nous dire que ce budget est souvent gonflé en fonction des intérêts des uns et des autres. Un budget dont l’exécution dépend de nous-mêmes ne sera pas gonflé.

Troisième étape : lancement de l’opération

Le lancement de l’opération de mobilisation de fonds dans tout le territoire national le même jour, à la même heure constituera la dernière étape de la réalisation du projet.

On peut penser dans un premier temps demander à tout fils et à toute fille de notre pays de verser mille francs congolais au minimum.

Et ceux qui ont des moyens en rapport avec leurs responsabilités ou leurs fonctions dans les institutions du pays seront invités à donner un peu plus proportionnellement à leurs ressources.

On pourra aussi appliquer un régime particulier aux compatriotes de la diaspora.

Toutes les Eglises devraient être mises à contribution pour l’organisation et la gestion de ce Fonds National pour la Démocratie et les Elections en RDC.

Cet argent sera logé dans une institution financière digne de confiance.A ce sujet, il serait indiqué de donner la préférence à une banque locale appartenant à des congolais.

La création de cette institution sera l’œuvre des Organisations de la Société Civile. Elles pourront se réunir en Congrès pour réaliser cette œuvre révolutionnaire qui va changer la mentalité des congolais.

Le FONADE devrait avoir des Statuts et un Règlement Intérieur approuvés par l’Etat Congolais.

Fait à Kinshasa, le 20 septembre 2024

José MPUNDU

Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa

Tél. : +243997030932 /+243818133765/+243856467887

E-mail : jpmpundu@gmail.com   

 

 

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