Congo Hold-up: la Cité du fleuve, l’autre histoire de la «cité merveilleuse» au cœur de Kinshasa

La « Cité du fleuve », projet immobilier luxueux, devait être un « centre urbain de classe internationale » dans la capitale congolaise. Dix ans plus tard, ce sont quelques bâtisses vulnérables aux inondations. Entre-temps, son promoteur français a multiplié les virements suspects, retiré plus de deux millions de dollars en liquide et caché à ses clients les sanctions dont il faisait l’objet de la part des autorités financières congolaises.

Le patron des lieux tient à garder la liste de ses riches clients secrète. Mais certains ne se privent pas d’afficher leur nouvelle propriété sur les réseaux sociaux. Le chanteur congolais Inoss’B se filme en train de découvrir son nouvel intérieur, vide et marbré. Autre star de la musique congolaise, Fally Ipupa déambule dans les rues au volant de sa voiture de sport jaune canari. Des ministres et ex-ministres, hauts gradés et riches hommes d’affaires y ont aussi leur pied-à-terre. Tous ont dû débourser un minimum de 150 000 dollars – 280 ans de salaire pour un Congolais moyen – pour pouvoir y habiter.

La Cité du fleuve, nouveau quartier de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), est bâtie sur d’anciens marais asséchés sur les bords du fleuve Congo. Si l’on en croit vidéos promotionnelles et articles sponsorisés, elle a vocation à devenir un « centre urbain de classe internationale ».

Des projections 3D destinées aux futurs acquéreurs montrent des tours futuristes, d’immenses centres commerciaux, des villas avec piscine et des allées bordées de luxuriants palmiers. Une voix off doucereuse promet « des écoles, des parcs, des marinas et des hôtels (…), un quartier d’affaires effervescent, des lieux de travail agréables ».

Le quartier est un « environnement idéal » à « l’atmosphère de paix et à la parure merveilleuse », s’émeuvent des articles manifestement sponsorisés. Un « rêve devenu réalité », un « paradis », « un renouveau architectural pour un grand Congo moderne », bref, « la plus belle cité d’Afrique ». Lorsque Joseph Kabila était toujours président, la presse favorable au pouvoir citait régulièrement la Cité comme une illustration de la « révolution de la modernité » impulsée par le chef de l’État.

Dix ans après le début des travaux, la Cité du fleuve est pourtant loin du paradis promis. Quelques bâtiments massifs et sans fantaisie sont bien sortis de terre. Mais pour le centre urbain de classe internationale, il faudra repasser. Seulement 40 des 400 hectares prévus ont été équipés et environ 500 appartements construits sur les 10 000 annoncés.

Le quartier n’est pas raccordé au réseau d’eau de la ville, qui est puisée dans le fleuve. Les propriétaires se plaignent de dévaluation de leurs biens et de coupures d’électricité (un fléau commun dans la capitale congolaise). En décembre 2019, une partie de la Cité du Fleuve a été inondée par une crue du fleuve Congo. Et les habitants des quartiers voisins, qui vivent souvent avec moins de deux dollars par jour, voient d’un mauvais œil l’arrivée de cette élite bunkerisée.

Dans les médias, son promoteur, l’homme d’affaires français Robert Choudury, défend pourtant avec constance son entreprise. Mettant ses difficultés sur le compte d’acquéreurs n’ayant pas réglé leurs dettes, il assurait fin 2020 à une chaîne de télévision congolaise : « Depuis 2016, le marché, la situation financière à Kinshasa est un peu difficile, mais nous sommes en train de rétablir, je suis très confiant pour le futur. » Notre enquête « Congo Hold-up », basée sur 3.5 millions de documents confidentiels issus de la banque BGFI obtenus par Mediapart et l’ONG PPLAAF, et coordonnée par le réseau de médias EIC, révèle pour la première fois les coulisses financières de cet emblématique projet immobilier.

Contacté, l’homme d’affaires français Robert Choudury n’a pas donné suite à nos questions.

Notre enquête montre que le projet souffrait déjà de graves difficultés dès 2012 : mise à l’index par la Banque centrale du Congo, enquête de la cellule nationale de renseignements financiers, blocage des comptes…

Malgré ces difficultés, qu’elle connaissait, la BGFIBank a aidé la Cité du fleuve à trouver de nouveaux clients, en particulier des députés – qui ont donc investi sans le savoir dans un projet très risqué. Nos documents démontrent enfin comment plusieurs opérations financières suspectes ont transité par les comptes du promoteur français et comment celui-ci a retiré de très importantes sommes d’argent en liquide, non expliquées à ce jour.

Mises à l’index et blocages des comptes, l’autre histoire de la «Cité merveilleuse»

« Est-ce que ce client peut bénéficier du service qu’il demande ? » En ce 19 juillet 2012, l’employé de banque Alain N. fait part de sa surprise. Ce chargé de clientèle à la BGFI vient de recevoir les conventions « banque à distance » d’un client – le contrat qui permettra à ce dernier de suivre ses comptes et d’effectuer des opérations en ligne. Mais il y a comme un problème : le client en question vient d’être mis à l’index par la Banque centrale du Congo. Il s’agit de Robert Choudury, le patron de la Cité du fleuve.

Ce citoyen français est le propriétaire de l’ambitieux projet immobilier. Plus précisément, il est le gérant de Hawkwood Properties SPRL, l’entreprise qui développe la Cité.

Le reste est un montage dont seuls Robert Choudury et ses associés maîtrisent les subtilités : Hawkwood Properties SPRL est propriété à 80 % d’un fonds dénommé Mukwa Investments, qui laisse penser qu’il est zambien mais est en réalité enregistré dans un paradis fiscal, les Bermudes.

« Le bureau de contact de Mukwa était à Lusaka », en Zambie, parce que « les Bermudes étaient sur un mauvais fuseau horaire pour [répondre aux] demandes de renseignement », justifie le directeur des investissements du fonds, Hillary Duckworth. L’homme est un habitué des archipels à la fiscalité avantageuse : il figurait déjà dans les Panama papers pour avoir été actionnaire d’une société enregistrée aux îles Vierges britanniques.

Ce n’est pas tout: le fonds Mukwa Investments, a lui-même été lancé par une société enregistrée au Royaume-Uni, Hawkwood Capital LLP, pour attirer des investisseurs pour la Cité du fleuve.

Un Français aux manettes d’un projet immobilier pharaonique, érigé dans la capitale congolaise grâce à des fonds basés aux Bermudes mais pilotés par une société britannique : le scenario est un peu alambiqué, mais il peut fonctionner.

L’affaire se corse nettement, en revanche, quand la société mise sur pied pour développer la « merveilleuse » Cité prend l’eau. C’est ce qui se passe dès 2011, à peine deux ans après le lancement du projet.

La première alerte a lieu le 16 février 2011. Hawkwood Properties SPRL, à découvert de 10 000 dollars, reçoit une notification de saisie-arrêt sur ses comptes. Elle ne peut plus effectuer aucun mouvement débiteur. Pour une entreprise de construction, qui doit payer matériel et ouvriers, c’est gênant.

Selon des documents de la Banque centrale du Congo, de la Direction générale des impôts et de la BGFI que nous avons pu consulter, ce n’est que le début d’une longue succession d’alertes et de sanctions émanant des autorités financières.

Le 23 mai, la saisie-arrêt est levée. Mais moins d’un mois plus tard, le 13 juin 2011, Hawkwood et son gérant sont cette fois mis à l’index par la Banque centrale du Congo. La mesure, destinée aux personnes qui entretiennent des impayés ou émettent des chèques sans provisions, interdit d’avoir recours aux services bancaires dans tous les établissements de crédit du pays.

La sanction est de nouveau prononcée en juin 2012, puis en avril 2014. Elle se double d’une myriade de saisies sur les comptes de Hawkwood Properties (en juillet 2011, en février 2015, en septembre 2015, en juin 2017).

La Direction générale des Impôts congolaise a également la Cité du fleuve dans son viseur : elle prononce des avis à tiers détenteurs contre Hawkwood Properties en novembre 2012, avril 2015 et janvier 2016 – une procédure visant à récupérer des sommes dues au Trésor public. Là encore, cela a pour effet de bloquer les comptes en banque de la société.

L’homme d’affaires français semble avoir caché ses démêlés avec les autorités financières congolaises, y compris à son associé Hillary Duckworth. Interrogé sur les mises à l’index et autres saisies visant les comptes de Hawkwood, M. Duckworth assure « qu’il n’en a pas été informé et aimerait en savoir plus ».

Plus de 400 000 dollars de de « frais de subsistance »

Des documents bancaires issus de « Congo Hold-up » montrent que Robert Choudury a trouvé une manière de contourner ces sanctions. Il a activé une autre société, la SOGEMO, qui a pris le relais de Hawkwood Properties, en déroute.

Le 16 février 2011, Hawkwood Properties reçoit sa notification de saisie-arrêt. Sept jours plus tard, la SOGEMO ouvre un compte à la BGFI.

Dans les mois et années qui suivent, les activités des deux sociétés se mélangent joyeusement, au gré des blocages des comptes de l’une ou de l’autre et de la créativité comptable de leur gérant. Il y a pourtant un problème de taille : malgré toutes nos recherches, nous n’avons pu trouver aucune trace d’immatriculation de la SOGEMO au registre du commerce congolais. La société ne figure pas non plus au répertoire des contribuables actifs assujettis à la taxe sur la valeur ajoutée.

Malgré cela, les acquéreurs d’appartements à la Cité du fleuve paient tantôt Hawkwood, tantôt la SOGEMO, comme en attestent plusieurs relevés bancaires.

Exemple de cette curieuse gestion financière : en juin 2016, Robert Choudury a besoin d’un crédit urgent afin de payer la construction de logements à la Cité. Hawkwood Properties dépose un dossier de demande de crédit de 500 000 dollars. Il est examiné et accepté par la BGFI le 7 juin 2016.

Le 10 juin, les 500 000 dollars sont bien débloqués… mais versés sur le compte de la SOGEMO.

Le même jour, les fonds sont transférés à la société qui doit construire les nouveaux logements, la Sinoma Congo Contracting.

Mais en d’autres occasions, les sommes qui transitent sur les comptes de Hawkwood et la SOGEMO alimentent les comptes personnels… de Robert Choudury. Entre 2011 et 2017, 382 000 dollars de « frais de subsistance » ont ainsi été versés par la SOGEMO à son gérant.

Sur les 4,2 millions de dollars qui ont transité sur le compte de la société durant cette période, 2,3 millions ont été retirés en liquide, dont au moins 1,8 million personnellement par Robert Choudury.

Les comptes d’Hawkwood Properties brassent moins d’argent, mais le scénario est le même : sur les 1,9 millions de dollars que nous avons pu retracer, un peu plus de la moitié a été retirée en liquide, et 40 000 dollars ont été versés à Robert Choudury pour ses « frais de subsistance » ou de « séjour ».

Surtout, 100 000 dollars en provenance de Hawkwood et de la SOGEMO ont été virés à la Société générale industrielle (SGI), dont les mouvements financiers semblent suspects. Cette société congolaise, officiellement spécialisée dans les matériaux de construction, voit arriver sur son compte des sommes importantes, d’un montant toujours rond (50 000, 100 000, 200 000 dollars), qui sont systématiquement retirées en liquide le jour même ou le lendemain.

Au total, 1,2 millions de dollars ont été retirés en cash en l’espace d’une année, entre janvier et décembre 2011, avant que la SGI ne cesse ses activités et soit mise à l’index par la banque centrale du Congo.

Les quatre entreprises ayant recours aux services de la SGI cette année là sont toutes liées aux réseaux Kabila. Hawkwood et la SOGEMO appartiennent à Robert Choudury, qui entretient des liens avec Francis Selemani, frère de l’ancien président et patron à l’époque de la BGFI RDC.

Les deux autres entreprises effectuant d’importants virements à la SGI, Modern Construction et IFI construction, appartiennent à un homme d’affaires indien proche du couple Kabila, Harish Jagtani.

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Interrogé sur ces arrivées d’argent systématiquement suivies de retraits en liquide, la SGI assure qu’il ne s’agissait en rien de blanchiment. Ces fonds étaient « immédiatement retirés » pour « alimenter la caisse générale de la société afin de procéder au paiement des factures et achats des produits et matières premières », fait-elle savoir via son avocat Me Blanchard Adombe.

La société Modern Construction fait savoir par la voix de son gérant Harish Jagtani quant à elle que la SGI était son « fournisseur de béton armé » et que l’utilisation faite par la SGI des fonds versés « n’est pas de [son] ressort ».

Interrogé sur les activités de la SOGEMO, Hillary Duckworth, qui est pourtant co-propriétaire de la Cité du fleuve, dit « ne plus se souvenir du contexte » et avoir besoin de se replonger dans ses archives pour répondre en détail. Il ne l’a finalement pas fait.

Amitiés haut placées

Pourtant en mauvaise posture vis-à-vis des autorités financières congolaises, Robert Choudury multiplie les déclarations publiques complètement déconnectées de la réalité que donnent à voir ses comptes en banque. Dix jours après un nouveau blocage prononcé sur les comptes d’Hawkwood, début novembre 2015, il assure avec aplomb dans une interview télévisée : « Nous avons fait les bons choix, nous avons choisi la bonne stratégie dès le début, nous avons su nous adapter, nous avons eu une très forte demande (…) Les difficultés ce n’est ni vendre ni financer, les difficultés, c’est construire, construire et livrer ».

Vidéo: Congo Hold-up (Dailymotion)

Le 17 août 2017, alors que la SOGEMO est sous la menace d’une mise à l’index par la banque centrale du Congo pour ne pas avoir remboursé son crédit à la BGFI, Robert Choudury s’enthousiasme pour « l’environnement urbain first world » de sa Cité, et lance : « Imaginez Kinshasa avec dix Cités du fleuve ».

La banque, elle, n’ignore rien des sanctions et alertes vis-à-vis de ce client problématique. Pourtant, elle ferme les yeux.

En juin 2016, la BGFI a prêté 500 000 dollars à la la SOGEMO alors que Robert Choudury avait déjà fait l’objet de trois mises à l’index, mais de surcroît alors que le dossier de demande de crédit était largement incomplet.

Le cabinet PricewaterhouseCoopers, qui contrôle les comptes de la BGFI, le relève un mois plus tard dans un mémo. Parmi les « déficiences de contrôle interne » au sein de la banque, les auditeurs notent que plusieurs documents importants manquent au dossier de crédit accordé à la SOGEMO, parmi lesquels les statuts de la société et ses trois derniers états financiers.

En août 2017, la SOGEMO sera à son tour mise à l’index en raison du non-remboursement de ce crédit.

Comment expliquer que la BGFI ait pris un tel risque ? L’explication tient peut-être aux amitiés haut placées de Robert Choudury. Le Français semble bien connaître certains cadres de la banque. Il appelle le chargé de relations clientèle, Freddy Olela, par son prénom et lui demande parfois des nouvelles de membres de sa famille. Il s’adresse également avec familiarité au patron (et frère du président Kabila) lui-même, Francis Selemani, qu’il appelle « Francis » et à qui il écrit sur son adresse e-mail personnelle.

Celui-ci est intervenu au moins une fois en faveur du Français. Le 16 août 2017, un employé de la BGFI explique dans un courrier à un supérieur hiérarchique que la SOGEMO est « à un pas » de subir une demande de mise à l’index de la BGFI adressée à la banque centrale du Congo, mais que cette démarche a été « ralenti[e] sur demande de la direction générale ».

Robert Choudury connaît également le directeur de l’audit interne de la banque, qui réside à la Cité du Fleuve. Détail étonnant : ce directeur loge dans un appartement loué par son employeur, la BGFI, à la société Sud Oil, une société écran contrôlée par Francis Selemani qui a servi au président Kabila et à son entourage à détourner des dizaines de millions de dollars d’argent public (voir notre enquête – LIEN).

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Autrement dit, la banque se retrouve locataire d’un de ses clients, Sud Oil, qui est par ailleurs contrôlé par son directeur général, en violation de toutes les règles sur les conflits d’intérêts. Une opération aberrante qui, comme souvent, constitue surtout une bonne affaire pour la galaxie Kabila.

Fort de ce réseau, le propriétaire de la Cité du fleuve s’est également associé à la BGFI pour recruter de nouveaux clients, et pas n’importe lesquels : des députés.

Huis clos avec les députés

Le député K. s’y voyait déjà, dans ce « centre urbain de classe internationale ». En 2012, fraîchement élu, il débarque de sa lointaine circonscription dans la capitale Kinshasa, et y cherche un endroit où se loger. La Cité du fleuve et ses promesses déclinées à coup de clips vidéos 3D bien léchés arrivent à point nommé.

Un jour, à l’Assemblée, lors d’une séance à huis-clos, le Français Robert Choudury vient présenter aux députés son projet de logements haut de gamme avec vue imprenable sur le fleuve. L’Assemblée nationale apporte sa garantie financière.

Le député K. n’hésite pas longtemps. « On vous dit que dans deux ou trois mois [l’appartement] sera pour vous, quand bien même vous n’aurez pas encore terminé de rembourser la dette. Bien sûr que vous acceptez ! »

Reste à choisir une banque pour le prêt. Le député se tourne naturellement vers la BGFI, « où tout le monde est », et où les autorités de l’Assemblée incitent les parlementaires à aller. « Ils nous disaient : ‘’Allez-y, les caisses du Parlement sont là-bas, vous n’aurez pas de problèmes pour être payés rapidement’’ », se souvient-il.

Il ouvre donc un compte à la BGFI et signe pour un appartement de 125 mètres carrés.

Son l’histoire avec la Cité du fleuve s’arrêtera au bout de quelques mois, faute de ressources suffisantes pour conclure l’achat. Pas pour d’autres de ses collègues. En juillet 2012, selon nos documents, quarante députés souscrivent ainsi un prêt à l’achat d’un appartement ou d’une villa à la Cité, via la BGFI.

« J’ai appris par la suite, de la part de gens qui étaient restés là-bas, qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas », ajoute le député. De fait, ses collègues d’hémicycle se sont retrouvés liés à une entreprise dans une situation catastrophique, incités à investir par une banque qui connaissait pourtant ses déboires.

D’autres parlementaires, ministres ou haut fonctionnaires avaient certainement des raisons moins avouables d’investir à la Cité. « La Cité du fleuve a démarré dans une période de basse conjoncture, avec une demande insuffisante. C’est sans doute pour cela que ses initiateurs ont été obligés d’accepter de l’argent ‘politique’ : de l’argent d’hommes politiques du régime Kabila, qui avaient des revenus importants d’origine pas très avouable – des primes reçues pour voter certaines lois par exemple – et sont allés les placer à tour de bras dans des appartements à la Cité », détaille un ancien banquier de la place kinoise. En RDC, l’immobilier est en effet « la voie la plus facile pour placer des fonds dont on ne sait pas quoi faire d’autre », y compris ceux « d’origine un peu glauque » ajoute-t-il. Selon ce connaisseur, les émoluments officiels des parlementaires congolais ne représenteraient que 20 à 25 % de leurs revenus.

A deux pas de la nouvelle Cité du fleuve, le quotidien des habitants des quartiers populaires n’a pas changé. Plus de deux ans après le départ de Joseph Kabila, ils nourrissent toujours une colère sourde contre l’élite qui s’est enrichie à leurs dépens.

Joel L., 26 ans, est l’un d’entre eux. Faute de trouver un emploi dans son domaine (la comptabilité), il travaille occasionnellement pour une entreprise chinoise qui le paie moins de deux dollars par jour pour transporter des pierres et gravats. « La pensée de combien Kabila nous a volé suscite dans ma poitrine une haine si grande qu’elle me donne envie de devenir moi-même un voleur », confie-t-il.

Contactés, Joseph Kabila, Francis Selemani, et Freddy Olela n’ont pas donné suite.

Rfi

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