COMMENT  GAGNER LA GUERRE MERCANTILISTE  DE L’EST

 

Par MUSENE SANTINI BE-LASAYON

Face à la guerre de pillage de ses minerais critiques et stratégiques fomentée par le Rwanda de Paul Kagame, commanditée par des puissances idéologiques et hégémoniques occidentales et sévissant, depuis trente ans, dans sa partie orientale, la RD-Congo devrait ne plus jamais compter, essentiellement et prioritairement, ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Russes seuls, ni sur les Chinois seuls, mais bien plutôt, avant tout et après tout, sur les patriotes congolais qualifiés, dotés de la vertu politique et non inféodés aux puissances étrangères. Ils sont censés être, en effet, les seuls et uniques responsables attitrés de la conception, de l’élaboration et de la construction de son destin national, africain et international.

Nous accusons et dénonçons, avec des preuves palpables, vérifiées, confirmées et officiellement reconnues par les Nations Unies, les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Européenne à l’appui, le Rwanda de Paul Kagame de déstabiliser la RD-Congo, notre pays. En lui menant, depuis 30 ans, une guerre insensée et injuste. En effet, ce minuscule pays voisin, très insuffisamment doté en espace vital et en ressources naturelles porteuses de vraies richesses, s’est trouvé les voies et moyens de s’agrandir géographiquement en tentant d’arracher quelques morceaux de terre à son grand voisin, de s’enrichir indûment en pillant ses minerais critiques et stratégiques et d’émouvoir la communauté internationale en sa propre faveur. Le Rwanda réclame ainsi au Congo de Patrice Emery Lumumba de lui restituer, en faussant l’histoire et en foulant aux pieds la charte internationale relative à l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, les territoires de Masisi, de Rutshuru et de Nyiragongo. Il prétend que ces trois territoires congolais lui auraient appartenu avant le dépeçage de l’Afrique, en 1885, par les puissances expansionnistes européennes. Il accuse, sans fournir aucune preuve authentique et indiscutable, le Congo de maltraiter et de chasser les Banyamulenge, des Tutsi rwandais exilés et hébergés ici depuis plusieurs décennies, qu’il transforme malicieusement en Tutsi congolais et rend ainsi apatrides. Et pourtant, cette ethnie ou tribu n’a jamais fait partie intégrante des ethnies et tribus du Congo précolonial et colonial.

Pour atteindre ses objectifs funestes, le Rwanda de Paul Kagame se fait intensément armer par quelques puissantes multinationales occidentales, derrière lesquelles se retranchent certaines puissances idéologiques et hégémoniques occidentales, friandes de ces minerais critiques et stratégiques congolais très activement recherchés sur le marché mondial. Il attaque constamment le Congo par ses forces armées régulières, associées à ses multiples groupes armés et terroristes : hier l’AFDL, le RCD et le CNDP et aujourd’hui le M-23 et l’AFC. Il sert ainsi de commissionnaire ou de fournisseur attitré de ces puissantes multinationales occidentales, par la contrebande, la fraude et la tricherie qu’il organise dans l’Est du Congo, de ces  ressources naturelles congolaises. Depuis lors, son économie dépendrait, à environ 60%, de cette guerre de pillage du Congo. Toutes les puissances impérialistes occidentales et la communauté internationale sont très bien informées, jusqu’aux petits détails, de cette grave situation. Mais, elles restent généralement soit silencieuses, soit indifférentes, soit inefficaces quant à sa résolution. C’est ainsi que les Congolais les considèrent désormais comme les instigateurs, les commanditaires et ou les complices de l’impénitent ennemi rwandais.

AUCUN IMPERIALISME N’EST VERTUEUX

Cependant, aussi paradoxal et incroyable que cela puisse paraître, nous demandons aux mêmes puissances impérialistes occidentales et à la même communauté internationale, rigidement tenue au cou par celles-là, de faire tout ce qui est dans leur pouvoir pour nous aider à sortir le Congo, notre pays à nous, du gouffre dans lequel le Rwanda de Paul Kagame l’a précipité depuis 30 ans. Sommes-nous vraiment conscients des conséquences néfastes immédiates et lointaines de nos réclamations actuelles? Nous risquons de forger ainsi nous-mêmes, sans nous en rendre compte, nos propres chaînes. En effet, s’il nous arrivait de gagner militairement cette guerre mercantiliste de l’Est grâce à l’Occident pluriel, pourtant instigateur et ou complice du Rwanda de Paul Kagame, nous lui aurions déjà donné toutes les raisons du monde de renforcer davantage sa domination sur nous ! De par leur nature, les impérialistes ne donnent jamais rien sans dividendes en retour.

De même, nous demandons à la Russie de Vladimir Poutine et à la Chine de Xi Jinping de nous prêter mains fortes pour juguler cette guerre de pillage financée et entretenue par leurs puissants adversaires ou ennemis occidentaux. Mais, réalisons-nous vraiment que nous risquons de mettre de la sorte, nous-mêmes, les chaînes à la racine de nos propres têtes? Car, si nous parvenions à remporter militairement cette guerre mercantiliste de l’Est grâce à l’une ou l’autre de ces deux puissances idéologiques et hégémoniques orientales, elle aurait également de fortes raisons de récupérer, d’une manière ou d’une autre, la place laissée vacante par ses puissants adversaires ou ennemis occidentaux. Dans cette éventualité, nous aurions commis la même bêtise que le crocodile, qui croit ainsi mieux s’abriter, quand il fuit l’eau de pluie sur la terre ferme et se jette précipitamment dans la rivière. Or, l’eau de pluie et l’eau de la rivière sont de la même nature physique et chimique. Elles constituent, indistinctement, une substance liquide, transparente, inodore et sans saveur. Certes, après 139 ans de domination et d’exploitation occidentale, il est plus que normal que nous allions voir ailleurs, en Orient par exemple et en Russie ou en Chine particulièrement. Mais, cet ailleurs doit être, technologiquement, politiquement, économiquement, socialement, culturellement et en matière de promotion, de protection et de défense des droits humains, des peuples et des minorités, de très loin plus qualifié, plus fiable et plus vertueux que l’Occident pluriel envers lequel nous tentons de tourner le dos.

Or, dans le cas présent de la Chine de Xi Jinping et surtout de la Russie de Vladimir Poutine, il apparaît que nous risquons de ne changer que tout simplement de tutelle impérialiste. C’est-à-dire, nous sortirions de l’impérialisme pluriel occidental, que nous croyons très bien connaître, mais que nous jugeons finalement mauvais, afin d’entrer, sans transition et sans conditions, sous le joug d’un nouvel impérialisme, russe ou chinois, que nous ne connaissons pas suffisamment, mais que nous croyons, par naïveté géopolitique, de très loin plus qualifié, plus fiable et plus vertueux que l’impérialisme occidental pluriel. Illusion fondamentale! Erreur stratégique grave et lourde de conséquences! En effet, l’Occident collectif, la Russie seule et la Chine seule sont tous, en réalité, de la même nature impériale et expansionniste. Leur histoire, ancienne et récente, le démontre suffisamment. En réalité, tous les impérialismes, quels que soient leurs origines géographiques, leurs couleurs idéologiques et le visage qu’ils montrent à un moment donné ou à un autre de l’histoire, poursuivent le même but ultime: dominer politiquement, économiquement, socialement et culturellement les autres pays, surtout les plus faibles, afin de les exploiter à leur guise. Indubitablement, ils sont, à quelques nuances près, les monstres les plus froids des monstres. Très égocentriques, ils sont foncièrement et toujours accrochés à la promotion, à la protection, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts. Et ce, au détriment de ceux des autres pays, particulièrement les plus faibles, qu’ils exploitent inconsidérément et impunément.

Les preuves les plus tangibles et les plus accablantes de la fourberie et de la méchanceté incomparables de tous les impérialismes, en l’occurrence occidental et russe? Ils ont tous suscité ou organisé, et à l’intérieur des frontières de leurs propres pays et surtout dans tous les pays sous leur domination, quel qu’en soit le degré ou l’intensité, des tueries, des meurtres, des assassinats, des massacres, des guerres, etc, pour s’imposer! Ils se sont tous approprié et ont tous disposé, selon leur bon vouloir, les pays d’autrui qu’ils leur avaient arrachés généralement par la fourberie ou par les armes. Tenons : Les forces armées de l’URSS ont envahi, en temps de paix, la Hongrie en 1956 et la Tchécoslovaquie en 1968 qu’elle tenait à dompter et à garder dans son camp retranché du monde.  Cette même puissance impérialiste avait incorporé, par la ruse et surtout par la force, entre 1922 et 1945, plusieurs pays est-européens et centrasiatiques, tels que la Biélorussie, l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie, le Turkménistan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan, etc, en son sein. Elle les a transformés en ses républiques ou provinces fédérées. Elle les a exploités à fond pendant plusieurs décennies ou siècles! La Russie de Vladimir Poutine a inexplicablement envahi, depuis le 24 février, l’Ukraine, sa voisine immédiate. Elle lui mène une guerre farouche jusqu’à présent! L’Occident pluriel a fait de tous les pays d’Afrique, d’Amérique, d’Océanie et d’une bonne partie des pays d’Asie ses colonies. Il les a librement sucés, jusqu’à la moelle épinière, durant plusieurs décennies ou siècles. L’empire britannique a fait de ces colonies d’Amérique du Nord et d’Océanie, dites de peuplement, ses propres homelands. Il  s’agit des pays aujourd’hui connus sous les noms respectifs des Etats-Unis d’Amérique, de Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Il a construit, organisé et transformé, de fond en comble, ces pays pour lui-même! L’empire espagnol s’est comporté de la même manière face à ses colonies de peuplement d’Amérique latine : Argentine, Mexique, Colombie, Chili, Equateur, etc. Mais, à la différence de l’empire britannique, l’empire espagnol n’a pas su élever ses colonies de peuplement d’Amérique latine à son propre niveau de développement. Il les a plutôt fait reculer davantage. Les Etats-Unis d’Amérique, appuyés par plusieurs pays européens, avaient, pour des raisons non élucidées jusqu’aujourd’hui, envahi l’Irak en 1990 et l’ont assiégée jusqu’en février 1991.

Les conséquences inéluctables, innombrables et incommensurables de ce comportement des impérialismes occidental et russe? Le but ultime de tout Etat digne de ce nom et qui fonctionne normalement est son développement intégral, intégré et durable en vue du progrès social de ses ressortissants. Or, la vérité crue est qu’en dehors des anciennes colonies de peuplement britanniques d’Amérique du Nord et d’Océanie précitées, aucun pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie n’a jamais émergé ou ne s’est jamais développé, selon le modèle occidental, grâce à l’Occident pluriel! De même, aucun pays d’Europe centrale, d’Europe orientale, d’Asie centrale, d’Afrique, d’Amérique, etc, sur lesquels la Russie tsariste ou soviétique avait fait mains basses, n’a jamais, non plus, émergé ou ne s’est jamais développé, selon le modèle russe ou soviétique, grâce à la Russie ou à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS)! Incroyable, mais pourtant vrai : la Russie de Vladimir Poutine elle-même fait partie intégrante, non pas des pays hautement développés comme les Etats-Unis d’Amérique, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la France, mais plutôt des pays émergents tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, la Corée du Sud ou le Taïwan. Pire, aucun pays anciennement colonisé ou occupé ne s’est jamais pleinement construit grâce à la fameuse assistance des puissances idéologiques et hégémoniques. Une seule et unique vérité demeure inchangée : tous les impérialismes connus de l’histoire, sans aucune exception, ont laissé, partout où ils s’étaient implantés, les mêmes empreintes indélébiles : pauvreté, misère, dépendance, etc. Celles-ci se résument dans le vocable sous-développement.

Malgré ces preuves irréfutables et incontestées de la fourberie et de la cruauté incomparables de tous les impérialismes, la naïveté géopolitique incompréhensible de maints anciens colonisés de l’Occident collectif fait qu’ils croient aujourd’hui que l’impérialisme russe, qu’ils doivent pourtant généralement découvrir, est plus vertueux que l’impérialisme occidental. D’où, ils refusent même de réaliser que la quasi-totalité des peuples de l’ex empire tsariste ou soviétique, tous de race blanche comme le peuple russe lui-même, ont pratiquement abandonné la Russie de Vladimir Poutine, leur ancienne puissance impériale. Et ce, pour raisons historiques incontestables d’emprise et d’exploitation inouïes et insupportables. De même, la naïveté géopolitique incroyable de l’immense majorité des ex vassaux de la Russie tsariste ou soviétique convainc présentement ces derniers que l’impérialisme pluriel occidental, dont ils ne maîtrisent pourtant pas la véritable quintessence, est plus vertueux que l’impérialisme russe. Or, la majorité des anciennes colonies de cet Occident pluriel contestent celui-ci. Certaines de ces dernières, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tentent même de quitter l’Occident pluriel, la France en particulier, pour les mêmes causes historiques de suprématie extraordinaire et d’exploitation très désagréable. La souffrance endurée sous l’un ou l’autre impérialisme a, en effet, profondément atteint la moelle épinière des peuples dominés et exploités. Elle a très sensiblement amoindri leur capacité de faire des choix judicieux et réalistes. D’où, leurs rapprochements et ralliements inconséquents, actuellement observés, soit à l’impérialisme unique russe, soit à l’impérialisme pluriel occidental.

Et pourtant, les sciences sociales, et particulièrement la philosophie politique, la science politique et la sociologie politique, nous renseignent et nous préviennent qu’il n’existe au monde aucun impérialisme qui soit vertueux. Aucun impérialisme n’est, en réalité, le moindre mal. Aucun impérialisme n’est donc, même un peu seulement, plus vertueux que les autres impérialismes. Ils sont plutôt tous, indistinctement, les monstres les plus froids des monstres. Seules quelques infimes nuances d’approche, dans leur mode particulier de propagande politique, illusionnent leurs victimes expiatoires que sont les esprits et les Etats faibles.

En clair, les quelques pays (Chine, Inde, Brésil, Corée du Sud, Hong-Kong, Singapour, Taïwan, etc) qui émergent du sous-développement dans lequel les impérialistes les avaient englués et qui marchent résolument vers leur développement durable, leur indépendance et leur souveraineté, même s’ils optent généralement pour le mode de production capitaliste, empruntent leur propre voie. Celle conçue, élaborée, construite et contrôlée, à travers les rocs, non par leurs bourreaux, mais bien plutôt par leurs propres leaders et chefs politiques les plus véritablement patriotes, lucides, courageux et clairvoyants! Mais, 95% des pays du monde demeurent encore les victimes expiatoires historiques et contemporaines de la domination et de l’exploitation impérialiste, essentiellement libérale et capitaliste, mais aussi totalitaire et communiste. Même si cette dernière n’a pu concrètement toucher qu’environ un quart seulement des pays de la planète terre avant de s’effondrer lamentablement! Et pourtant, nous refusons, aujourd’hui, cette posture d’éternels colonisés, néo-colonisés, dominés, manipulés, exploités et assistés. Notre ambition la plus ardente, la plus intime et la plus légitime est de prendre, nous-mêmes, notre destin en mains pour notre propre bonheur. Mais, comment devons-nous nous y prendre ?

DES PATRIOTES TOTALEMENT ENGAGES

Nous avons, parmi nous, des sages, des têtes très bien faites, des savants, des érudits et des experts chevronnés dans tous les domaines d’activités. S’ils sont bien identifiés dans chacun des divers secteurs clés, bien sélectionnés, bien mobilisés, bien encadrés, bien motivés, bien canalisés et bien constitués en « think thank » national par le Pouvoir, ils sont capables de réfléchir, indépendamment des puissances idéologiques et hégémoniques mondiales, sur les différents problèmes structurels, organisationnels et circonstanciels qui assaillent, affectent et étreignent notre pays, principalement celui de la guerre de pillage de l’Est, et de dégager des pistes de solutions adéquates. Certes, en attendant l’excellente, la lumineuse et l’incomparable intervention stratégique des illustres précités dans la recherche, la découverte et l’application des solutions appropriées à la guerre mercantiliste de l’Est et à tous nos autres problèmes majeurs, nous devons susciter crainte et respect de la part de l’impénitent ennemi rwandais qu’il faut obligatoirement bouter hors nos frontières. Dans cet objectif légitime, nous devons nous préparer méticuleusement et conduire consciencieusement notre riposte armée contre ce dernier. Ce devoir civique exige que nous dénichions et écartions, préalablement ou concomitamment, tous les traîtres et autres brebis galeuses qui se cachent dans toutes nos institutions publiques, dont nos forces armées et de sécurité. En effet, certains problèmes majeurs de notre pays, par rapport à ses ennemis extérieurs, sont notamment dus à la duplicité et à l’inconscience suicidaire d’une bonne proportion de ses prétendues élites affectées dans ces institutions.

Cependant, nous devrions, nous-mêmes, chercher et trouver, entretemps, les voies et moyens les meilleurs susceptibles de sortir autrement notre pays de cette ruineuse guerre de pillage et de l’emprise psychique et corruptrice des impérialismes de tous bords. Cela stimule, en effet, notre fécondité intellectuelle et notre aptitude à transformer les idées en réalités. Dans cet objectif, il nous faut nous débarrasser de notre naïveté légendaire d’éternels dominés, manipulés, corrompus, exploités, assistés, etc. Et ce, afin de quitter, consciemment, courageusement et stratégiquement, les impérialismes de toutes les couleurs idéologiques et toutes les régions géographiques. Autrement dit, nous devons arrêter, coûte que coûte, des stratégies susceptibles de nous permettre de ne plus jamais nous laisser enchaîner par l’un ou l’autre de ces monstres les plus froids des monstres, jusqu’à nous faire perdre notre dignité de pays et de peuple souverains. Ici, le besoin de susciter et de développer un puissant leadership national se fait terriblement sentir. Un puissant leadership national capable de nous réarmer patriotiquement, de nous rendre politiquement plus conscients, plus engagés, plus déterminés et plus impliqués que jamais auparavant dans les activités devant conduire notre pays à sa libération concrète et complète de l’opprobre rwandais et des diverses ingérences impérialistes.

En effet, un leader ou un chef politique véritablement patriote avisé, qui tient réellement à promouvoir, à défendre et à sauvegarder l’indépendance et la souveraineté de son pays vis-à-vis d’un impérialisme donné, ne doit jamais s’hasarder, quelles qu’en soient les raisons, à l’offrir immédiatement à un autre impérialisme. La sagesse lui recommande plutôt de se douter et de se méfier de tous les impérialismes, d’où qu’ils viennent et de quelle idéologie qu’ils soient. Et ce, dans le but d’entamer et de mener, objectivement, sérieusement et courageusement, le processus de reconquête de l’indépendance et de la souveraineté nationales bradées, bafouées ou perdues. Si un leader ou chef politique fait le contraire, en mettant consciemment et volontairement son pays sous le joug d’un nouvel impérialisme, c’est qu’il a de réelles et profondes accointances avec les tenants de celui-ci. Dans ce cas, son problème est fondamentalement lié, non pas à l’hégémonie et à la cruauté de l’autre impérialisme qu’il hait à mort et vilipende à souhait, mais bien certainement à ses intérêts personnels, à ceux de ses maîtres externes et à l’idéologie par laquelle ils peuvent, ensemble, plus facilement les atteindre.

Il est certain et justifié que nous devons maintenir et fructifier nos relations diplomatiques et de coopération au développement avec toutes les grandes puissances idéologiques et hégémoniques mondiales. Car, elles demeurent généralement des sources possibles et disponibles de financement de certains de nos programmes et projets de développement, les productrices et les distributrices mondiales des moyens technologiques d’exploitation et de transformation de nos matières premières, de logistique tant aérien, maritime, fluvial, ferroviaire que terrestre, soubassement incontournable du développement durable. Mais, il est primordial que nous devenions désormais, vis-à-vis de toutes les puissances idéologiques et hégémoniques mondiales, en tout cas, plus regardants, plus prudents, plus vigilants et plus réalistes que jamais auparavant. Et ce, pour une raison strictement fondamentale : Si nous visons réellement de reconquérir notre indépendance et notre souveraineté, nous ne devrions plus jamais compter, essentiellement et prioritairement, ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Russes seuls, ni sur les Chinois seuls, mais bien plutôt, avant tout et après tout, sur les patriotes congolais qualifiés, dotés de la vertu politique et non inféodés aux puissances étrangères. Car, ils sont censés être les seuls et uniques responsables attitrés de la conception, de l’élaboration et de la construction de notre commun destin national, africain et international.

PISTES STRATEGIQUES DE SORTIE

Dans cet esprit, nous devrions tester, en les mettant en œuvre, les quelques pistes stratégiques et opérationnelles de sortie de crise suivantes: Cherchons, trouvons et déterminons systématiquement, nous-mêmes, l’identité et l’origine géopolitique de chacune des puissantes multinationales occidentales qui arment le Rwanda de Paul Kagame contre notre pays en vue de s’approvisionner frauduleusement, illicitement et indûment en nos minerais critiques et stratégiques et en nos autres ressources naturelles. Ne nous gênons pas du tout, dans ce cas, de faire, avec beaucoup de tact, de dignité et de patriotisme, le premier pas concret en direction de ces dernières. Et ce, dans le noble objectif d’arriver, coûte que coûte, à les transformer stratégiquement en nos partenaires officielles.

Cherchons très activement et obtenons impérativement, mais politiquement et diplomatiquement, de négocier d’égal à égal, le plus officiellement du monde, non pas immédiatement avec le commissionnaire rwandais de Paul Kagame et sa cohorte de groupes armés et terroristes, mais principalement et directement avec les présidences exécutives de ces puissantes multinationales occidentales et les gouvernements de leurs pays d’origine respectifs. Trois objectifs spécifiques immédiats sont à atteindre ici. Premièrement, couper  l’herbe sous les pieds du Rwanda de Paul Kagame et de ses divers groupes armés et terroristes en entrant en pourparlers directs et concrets aves leurs sponsors actuels. Deuxièmement, établir nous-mêmes, coûte que coûte, des liens objectifs, réalistes et pratiques de coopération et de partenariat stratégiques avec leurs commanditaires actuels. Troisièmement, priver le Rwanda de Paul Kagame de  tous ses commanditaires occidentaux devenus nos partenaires officiels pour éteindre proprement cette guerre mercantiliste de l’Est. En plus, cherchons, trouvons et déterminons, avec tous nos partenaires, un modus vivendi rationnel, réaliste, opérationnel, équitable, juste et profitable à tous. Concluons, enfin, avec eux, des contrats d’affaires aboutissant à un marché, non plus de dupes comme dans le cas du fameux contrat chinois, mais plutôt, réellement et pratiquement de gagnants-gagnants.

Demeurons ou entrons en relations diplomatiques et de coopération au développement, non seulement avec les pays d’origine de ces puissantes multinationales occidentales autrefois impliquées dans la guerre de pillage de l’Est, préalablement reconverties en nos partenaires officielles, mais aussi et surtout avec tous les autres pays utiles d’Amérique, d’Europe, d’Asie, d’Océanie et d’Afrique et particulièrement avec toutes les incontournables grandes puissances mondiales, quelles que soient leurs couleurs idéologiques et leurs origines géographiques, etc. Cherchons, trouvons et déterminons, nous-mêmes, les voies et moyens les meilleurs devant mener notre pays, à court terme à sa libération concrète et totale de l’opprobre rwandais et de l’exploitation frauduleuse et éhontée des puissantes multinationales occidentales, à moyen terme à son émergence et à long terme à son développement intégral, intégré et durable et au progrès social de tous.

Dans ce but ultime, inventons, éprouvons et empruntons, à l’instar des Chinois, des Indiens, des Brésiliens, des Sud-Coréens, des Hongkongais, des Singapouriens, des Taïwanais, etc, notre propre voie d’émergence et de développement durable. Nous avons, en effet, tous les atouts indispensables pour y parvenir, sauf deux que nous devons obligatoirement cultiver avec le plus d’ingéniosité et le plus d’engagement possible: le patriotisme sincère et véritable et la volonté politique inébranlable de mettre fin à la guerre mercantiliste de l’Est, de faire émerger et développer, par nous-mêmes d’abord, par nous-mêmes ensuite et par nous-mêmes enfin, notre propre pays. La coopération avec tous nos partenaires extérieurs ne devrait plus essentiellement servir, dans ce contexte de processus de reconquête de notre indépendance et de notre souveraineté, que d’appui réellement technique sous tous ses principaux aspects convenus préalablement de commun accord.

Cependant, retenons définitivement que la haine viscérale ou le fanatisme aveugle de l’Occident pluriel, de la Russie seule ou de la Chine seule n’est pas du tout et ne sera jamais la solution à la guerre mercantiliste de l’Est et à tous les autres problèmes structurels et organisationnels qui étreignent notre pays. La guerre chaude contre le Rwanda de Paul Kagame et ses sponsors occidentaux n’a visiblement résolu, non plus, au cours des trente dernières années, aucun des nombreux et embrouillés problèmes engendrés par la guerre de pillage de l’Est et par les autres problèmes majeurs qui étranglent notre pays. Au contraire, la persistance de ces facteurs négatifs risquerait de l’enfoncer davantage dans l’abîme et même de l’enterrer. D’où, affûtons toutes nos armes, non seulement de défense nationale et de sécurité publique, mais aussi et surtout intellectuelles, politiques et diplomatiques. Afin de sortir notre pays du trou béant où le minuscule Rwanda, puissamment soutenu par quelques multinationales occidentales, le maintient depuis 30 ans.

TRILOGIE GAGNANTE

Irrémédiablement, la solution à la guerre mercantiliste de l’Est et aux multiples et inextricables problèmes de la RD-Congo ne se trouve ni dans l’alliance spéciale, privilégiée ou exclusive soit avec la seule Russie de Vladimir Poutine, soit avec la seule Chine de Xi Jinping, soit avec le seul Occident collectif conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, ni dans le repli sur soi-même, mais bien plutôt, avant tout et en dernier ressort, dans la conjugaison simultanée, concrète, rationnelle, pragmatique et responsable de la trilogie gagnante suivante : 1) Le patriotisme sincère et véritable, sérieux, engagé, efficace, réellement appliqué et vécu de ses propres citoyens et surtout de ses propres autorités publiques; 2) la volonté politique optimale, farouche, implacable et concrètement mise en œuvre et vécue de sa prise en charge effective, profonde et totale par ses propres citoyens, par ses propres institutions publiques et surtout par son propre gouvernement et, enfin ; 3) la diplomatie et la coopération au développement stratégiques, proactives, agissantes et rentables avec le reste du monde et principalement avec toutes les incontournables grandes puissances mondiales de toutes les couleurs idéologiques et de toutes les régions géographiques. Et ce, dans le cadre du partenariat, au sens plein de ce terme, rationnellement, politiquement, diplomatiquement, techniquement et stratégiquement mené par certains de nos autorités politiques, de nos hauts fonctionnaires et de nos autres hauts cadres réellement imbus de la vertu politique.

Tout cela exige et implique que nous, citoyens congolais de toutes les catégories sociales et surtout dirigeants politiques de toutes les institutions publiques, devenions tous, sans aucune exception, plus conscients, plus patriotes, plus vigilants, plus responsables, plus pragmatiques et plus rentables que jamais auparavant dans la recherche, la découverte et l’application, par nous-mêmes d’abord, par nous-mêmes ensuite et par nous-mêmes enfin, des solutions appropriées à nos divers problèmes et prioritairement à celui de la guerre mercantiliste de l’Est. Car, ni les Occidentaux, ni les Russes, ni les Chinois, à l’égard desquels certains d’entre nous manifestent une foi et une confiance imperturbables et pour lesquels ils sont prêts à se sacrifier, ne sont, dans le fond, pour la fin de cette guerre qui les nourrit d’une manière ou d’une autre. Ni les Russes, ni les Chinois, ni les Occidentaux, qui sont tous de vocation impériale et expansionniste, ne sont, en réalité, pour l’émancipation de notre pays.  Enfin, pour tout dire, ni les Russes, qui n’ont jamais réellement investis ici depuis 1960 ; ni les Chinois, qui font quand même quelques investissements ici dans les domaines des mines et des infrastructures depuis 1972 ; ni les Occidentaux, qui ont pourtant beaucoup investi ici dans tous les secteurs d’activités depuis 1885, ne construiront la République Démocratique du Congo, notre pays à nous, à notre place. C’est plutôt notre devoir à nous, nous ses filles et fils authentiques et légitimes.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON   

Nota Bene : Cet article, du même auteur, avait été publié, sous le même titre et à quelques nuances près, dans le Trihebdomadaire EcoNews, édition no 874 du vendredi 26 au dimanche 28 avril 2024, pages 8 et 10, et dans le journal en ligne Sphynxrdc.com.

 

 

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