Il y a des décisions qui ne relèvent plus du populisme, mais de la pure démagogie suicidaire.
En annonçant vouloir supprimer le ministère de l’Éducation, Donald Trump ne cherche pas à réformer un système — il cherche à le pulvériser. Il ne veut pas corriger les dérives idéologiques de l’école, il veut en finir avec l’idée même d’une éducation nationale structurée. Le tout au nom d’un slogan creux : « redonner l’éducation des enfants aux parents ». En réalité, il s’agit surtout de livrer les cerveaux américains aux doctrines locales, aux sectes religieuses, aux marchands d’ignorance et aux théories complotistes.
Derrière ce geste se cache une idée simple mais dangereuse : affaiblir l’État au nom de la liberté, une liberté perverse qui aboutit à un chaos éducatif où chaque État, chaque district, chaque parent imposera sa vision du monde, y compris la plus absurde ou rétrograde.
Trump ne réforme pas. Il vandalise. Il n’améliore pas. Il désosse. Et ce sont les enfants des classes moyennes et pauvres qui en paieront le prix fort, car l’élite, elle, continuera de former ses enfants dans des écoles privées hors de portée, bien gardées, bien financées.
Les conséquences sociales et géopolitiques ? Un désastre programmé.
Un pays sans ministère de l’Éducation est un pays sans boussole, sans repère commun, sans levier de cohésion. À court terme, les inégalités explosent. À long terme, les États-Unis risquent de sombrer dans une guerre culturelle sans fin, chaque État formant ses citoyens à sa guise, dans une Amérique à plusieurs vitesses, plusieurs vérités, plusieurs réalités.
Sur le plan international, le pays qui a toujours prétendu incarner la modernité, la connaissance, le progrès scientifique, va perdre sa suprématie intellectuelle. Car pendant que la Chine, l’Inde, ou même la Corée du Sud investissent massivement dans l’éducation technologique, l’Amérique trumpiste désarme sa jeunesse intellectuellement. C’est le suicide d’un empire par le sabotage de l’intelligence.
Et puis, il y a l’ironie amère : Trump, formé dans les meilleures écoles, détruit maintenant l’école publique au nom d’un prétendu bon sens populaire. Comme souvent chez les extrémistes, il arrache l’échelle après l’avoir gravie.
Un pays ne meurt pas d’un coup de canon. Il meurt quand il cesse de former ses enfants. Quand il confond idéologie et pédagogie, quand il fait du mensonge un programme éducatif, quand il croit que la vérité peut être votée à main levée dans une salle paroissiale.
Et vous, parents américains, avant d’applaudir ce sabordage, demandez-vous simplement :
Préférez-vous une éducation imparfaite, ou l’ignorance en héritage ?