En économie, la célèbre loi de Gresham stipule que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Cette idée, bien que tirée du domaine financier, trouve une résonance frappante dans le paysage politique congolais, où les pratiques douteuses et les ambitions démesurées tendent à éclipser les hommes intègres et compétents. Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, est aujourd’hui l’incarnation vivante de cette réalité politique.
Dans le contexte de la pétition signée par une cinquantaine de députés réclamant sa destitution, il est clair que Kamerhe paie le prix de sa rectitude morale et de sa posture mesurée. Accusé de violations du Règlement intérieur et de gestion contestée des motions de défiance, il subit une attaque orchestrée qui semble davantage liée à son indépendance d’esprit qu’à de réels manquements. En réalité, ce que ses détracteurs lui reprochent le plus, c’est son silence, car à ce jour, il ne s’est pas encore prononcé sur le projet présidentiel de révision constitutionnelle.
La politique, un terrain miné pour les principes
Tout comme en économie, où la mauvaise monnaie pousse la bonne à disparaître de la circulation, en politique congolaise, les pratiques corruptes, la flatterie et l’opportunisme tendent à dominer la scène. Ceux qui osent incarner des valeurs comme l’honnêteté, le respect des institutions et la défense de l’intérêt général deviennent des anomalies dans un système conçu pour favoriser la médiocrité et l’allégeance aveugle.
Vital Kamerhe illustre cette dynamique. Connu pour son pragmatisme et sa capacité à dire des vérités inconfortables, il dérange. Dans un environnement où la flatterie envers le pouvoir en place garantit la survie politique, son silence sur la révision constitutionnelle trouble les calculs de ceux qui cherchent à se maintenir en grâce.
Quand la « bonne monnaie » politique résiste
Cependant, contrairement à la monnaie en économie, la « bonne monnaie » politique ne disparaît pas toujours. Elle résiste, parfois avec difficulté, mais finit par laisser une empreinte. Kamerhe, en incarnant la droiture et la vérité, reste une figure d’espoir pour un peuple congolais lassé des compromissions et des intrigues de couloir.
Son silence sur le projet de révision constitutionnelle n’est pas une marque de faiblesse. Bien au contraire, il s’agit d’une posture réfléchie, qui appelle à la prudence face à des changements aux conséquences potentiellement graves pour la démocratie congolaise. Ce silence dérange parce qu’il met en lumière les ambitions démesurées et les failles des partisans du projet présidentiel.
Une opportunité pour le renouveau politique
Si la mauvaise monnaie chasse souvent la bonne, il arrive aussi que cette dernière réapparaisse, plus forte et plus résiliente. Pour Kamerhe, cette crise peut devenir une opportunité de prouver qu’une autre façon de faire de la politique est possible : une politique basée sur la vérité, le respect des principes démocratiques et la défense de l’intérêt général.
Le peuple congolais observe. Plus que jamais, il aspire à un leadership courageux et intègre. Vital Kamerhe, malgré les vents contraires, pourrait bien être l’exemple de cette « bonne monnaie » politique qui, au lieu de se laisser chasser, impose sa valeur et redéfinit les règles du jeu.
Conclusion :
Le moment est décisif, non seulement pour Kamerhe, mais pour l’avenir de la politique congolaise. Saurons-nous, en tant que peuple, reconnaître et soutenir les « bonnes monnaies » qui refusent de se conformer à la logique de la médiocrité ? Ou continuerons-nous à laisser la mauvaise monnaie dominer la scène, au détriment de notre avenir commun ?
Cyrille LUDUNGE BAGENDA BANGA