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Chronique de CLBB: Sens interdit pour le peuple, passe-droit pour les puissants

 

 

Le 1er avril 2025, la Primature a publié un communiqué sobre, mais lourd de sous-entendus : le Brigadier de première classe Kabeya Senda Fiston, de la Police Nationale Congolaise, a trouvé la mort. Affecté à la circulation routière, ce fonctionnaire est tombé dans l’exercice de ses fonctions. La Première ministre s’est dite « émue », a promis une enquête judiciaire, mais dans la même phrase, elle a mis en garde contre les « spéculations » et les « manipulations ».

 

Or, le problème dépasse la seule émotion officielle. Il touche à la culture de l’impunité et du mépris du peuple qui s’installe, voire s’institutionnalise, dans notre pays.

 

I. Une gouvernance à deux vitesses

 

À peine nommé, le Vice-premier ministre Jackman Shabani aurait signé un décret autorisant les véhicules du gouvernement à emprunter les sens interdits. Une disposition qui, en surface, pourrait sembler « pragmatique » pour faciliter les déplacements des hauts responsables. Mais en réalité, elle légalise une rupture d’égalité : les gouvernants roulent, les gouvernés piétinent.

 

Cette mesure n’est pas neutre. Elle crée deux catégories de citoyens :

 

Ceux pour qui la route devient un tapis rouge.

 

Et ceux pour qui la rue devient un piège.

 

 

II. Quand la “sensibilisation” masque la supercherie

 

Comme si cette logique de privilège ne suffisait pas, 617 000 dollars ont été déboursés pour une campagne de sensibilisation à la circulation routière. Ironie cruelle : pendant qu’on sensibilise les masses, on officialise des passe-droits pour les élites. Pendant qu’on demande au peuple de respecter les règles, on autorise certains à les contourner légalement.

Une sensibilisation sans exemplarité n’est qu’un écran de fumée.

 

III. La mort d’un agent : simple accident ou conséquence systémique ?

 

Le brigadier Kabeya Senda Fiston n’est pas mort en vacances. Il est mort dans l’exercice de ses fonctions, en tentant de réguler un chaos que d’autres alimentent par privilège. Sa mort est-elle liée à cette anarchie institutionnalisée ? À une collision ? À une bavure ? Le communiqué ne le dit pas. Il parle d’une enquête de la justice militaire.

 

Mais le flou entretenu, doublé de mises en garde contre la « manipulation », laisse penser que l’État cherche moins à informer qu’à verrouiller la lecture de l’opinion publique.

 

IV. Quand l’État prend ses distances avec le peuple

 

Ce triste épisode révèle une fracture grandissante : l’État congolais gouverne au-dessus, pas avec son peuple. Il ne règle pas les problèmes collectifs : il résout les siens, d’abord. Et quand surgit la critique, il crie à la manipulation. Quand un citoyen meurt, il brandit des promesses d’enquête, mais évite soigneusement le débat public.

 

Or, gouverner, ce n’est pas éviter les responsabilités par le cynisme.

C’est rendre des comptes.

 

Conclusion : le vrai sens interdit

 

Le vrai sens interdit aujourd’hui, ce n’est pas celui du code de la route.

C’est celui qui interdit au peuple de croire que la loi est la même pour tous.

Le brigadier Kabeya Senda Fiston mérite plus qu’un hommage ému :

Il mérite que sa mort force la remise en question d’un système fondé sur l’exception permanente pour les puissants.

 

Car en RDC, la gouvernance ne devrait pas être un passe-droit, mais une voie commune.

 

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