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Chronique de CLBB – RDC : 65 ans d’indépendance… ou 65 ans de dépendance ?

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« L’indépendance nominale est une illusion tragique quand la dépendance réelle devient la norme. »

 

Ce 30 juin 2025, la République Démocratique du Congo commémore ses 65 ans d’indépendance. Et comme à chaque anniversaire, les mêmes refrains sont entonnés : fierté nationale, souveraineté retrouvée, dignité du peuple. Pourtant, à force de célébrer l’apparence sans interroger le fond, nous risquons de transformer cette commémoration en un rite vide de sens.

 

Car de quelle indépendance parlons-nous vraiment ?

 

 

Indépendance politique ?

 

Elle fut proclamée. Le drapeau changea. L’hymne national résonna. Mais très vite, les anciens colons sont revenus, non plus avec des fusils, mais avec des contrats, des banques, des conseillers dans l’ombre. Dès 1960, le Premier ministre Lumumba voulut affirmer l’autorité économique de l’État avec la création de la Banque Centrale du Congo. En moins de 48 heures, le pouvoir colonial avait repris le contrôle par l’entremise du Président Kasa-Vubu, manipulé à distance. Cette trahison scella l’amorce de notre dépendance néocoloniale.

 

 

Indépendance économique ?

 

65 ans après, le Congo est toujours un tiroir-caisse pour l’étranger et une boîte vide pour ses citoyens. Nous exportons du cobalt, du coltan, de l’or, du cuivre, du lithium… Mais importons du pain, des médicaments, du carburant, et même des idées.

 

Le PIB par habitant stagne sous les 600 dollars, les multinationales siphonnent nos ressources, pendant que la majorité de la population survit dans une précarité structurelle. Nos mines sont à ciel ouvert, mais notre avenir est enterré sous la dette et la dépendance.

 

 

Indépendance territoriale ?

 

Regardons à l’Est. Depuis plus de deux décennies, des armées étrangères, des groupes armés sous-traités, des puissances occultes dictent leur loi dans une partie de notre territoire. Même la paix, récemment signée à Washington avec le Rwanda, n’émane pas de Kinshasa mais d’un agenda imposé, dans une salle américaine, sous arbitrage étranger. Voilà ce que vaut notre “souveraineté”.

 

 

Vers une indépendance réelle : des pistes de rupture

 

1. Refonder l’État autour du citoyen

 

Faire de la décentralisation une réalité, non un slogan. Donner aux provinces des moyens d’agir, pas seulement des papiers.

 

Mettre fin à la culture de prédation institutionnelle. L’impunité tue l’État.

 

Restaurer la justice sociale, fiscale, et territoriale.

 

 

2. Reconstruire l’économie sur des bases locales

 

Industrialiser localement nos ressources (transformation minière, agro-industries).

 

Encourager l’entrepreneuriat congolais, avec un cadre juridique protecteur et incitatif.

 

Fiscaliser l’informel, sans l’asphyxier, pour structurer une économie inclusive.

 

 

3. Réappropriation foncière et souveraineté territoriale

 

Mettre un terme au vieux contentieux colonial du sol congolais. Likambo ya mabele est la mère des batailles.

 

Revisiter la loi foncière de 1973, dépassée et vulnérable aux manipulations extérieures.

 

Protéger le domaine national contre les cessions opaques à des puissances étrangères.

 

 

4. Investir dans l’intelligence et la jeunesse

 

Former une élite consciente, attachée au sol et non attirée par l’exil.

 

Réconcilier l’éducation avec le marché de l’emploi.

 

Faire de la jeunesse congolaise une armée pacifique de bâtisseurs, pas de mendiants numériques.

 

 

5. Réconcilier le Congo avec l’Afrique et le monde, mais autrement

 

La ZLECAF doit devenir une plateforme d’influence, pas un marché de consommation.

 

Sortir de l’isolement diplomatique, en assumant une vision panafricaine claire, mais aussi pragmatique.

 

Nouer des partenariats d’égal à égal, loin de la mendicité déguisée.

 

 

En conclusion : le temps des mirages est révolu

 

L’heure n’est plus à la célébration nostalgique d’une indépendance “acquise” mais à la conquête méthodique d’une indépendance réelle, vécue, palpable, maîtrisée.

 

65 ans après 1960, l’indépendance doit redevenir un projet, pas une date.

 

Le peuple congolais doit passer du statut de spectateur à celui d’acteur.

 

Et nos dirigeants doivent comprendre qu’on ne dirige pas un pays riche avec un esprit pauvre.

 

 

Le Congo ne manque pas de ressources. Il manque d’hommes décidés à transformer la dépendance en puissance.

 

Bonne fête d’indépendance à tous les bâtisseurs lucides du Congo réel.

 

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