« Tu refuses d’être corrompu, alors tu n’auras rien. »
Cette phrase, triste mais récurrente, résonne dans les couloirs des entreprises, des institutions et même au cœur des sphères de pouvoir. Elle cristallise une réalité alarmante : celle d’un monde où l’intégrité est perçue non pas comme une vertu mais comme un handicap. Là où elle devrait inspirer respect et admiration, elle suscite méfiance, isolement, et parfois même mépris.
Dans nos sociétés rongées par la corruption, les principes semblent avoir été relégués au rang de reliques obsolètes. Pourtant, la corruption n’est pas une fatalité. Elle est un cancer, un poison insidieux qui détruit les fondements de la gouvernance, sape la confiance entre citoyens et dirigeants, et prive des générations entières d’un avenir meilleur.
1. La corruption : Un fléau systémique
Derrière chaque acte de détournement de fonds, il y a :
Des écoles qui ne voient jamais le jour ;
Des hôpitaux transformés en mouroirs faute d’équipements ;
Des routes devenues impraticables, isolant des communautés entières.
La corruption ne se contente pas de voler des ressources, elle vole des vies. Une mère qui pleure son enfant faute de soins médicaux, un étudiant dont les rêves s’éteignent faute de moyens, une jeunesse condamnée au chômage, voilà le prix humain que nous payons collectivement pour cette gangrène.
Et pendant ce temps, ceux qui se servent en priorité accumulent privilèges et richesses, renforçant l’injustice et les inégalités dans nos sociétés.
2. Refuser la corruption : Le prix à payer
Refuser de « jouer le jeu », c’est s’exposer à l’isolement. Dans un environnement où tout se monnaye, où chaque faveur a un prix, celui qui refuse devient un indésirable. On le pointe du doigt, on le raille :
« Cet individu étrange, ce spécimen rare, celui qui refuse de se compromettre. »
Refuser un pot-de-vin ou une passe-droit, c’est courir le risque de voir sa carrière stagner, ses opportunités s’évanouir et son avenir professionnel remis en question. Parfois même, cela conduit au harcèlement moral ou à la marginalisation pure et simple.
Mais au-delà du regard des autres, celui qui choisit l’intégrité détient un pouvoir immense : celui de se regarder dans le miroir sans détourner le regard. Par son refus, il devient un révélateur. Il gêne, non pas parce qu’il est incorruptible, mais parce qu’il expose la dérive collective.
3. Le véritable danger : L’indifférence
L’un des effets les plus pernicieux de la corruption, c’est qu’à force de tolérance et de résignation, elle finit par nous rendre indifférents. Nous baissons les bras, convaincus que « c’est comme ça » et qu’il n’y a rien à faire.
Mais c’est là que réside le véritable danger. Car en acceptant l’inacceptable, nous donnons à la corruption l’espace nécessaire pour prospérer.
4. La voie du changement : Une révolution des mentalités
Traiter la corruption exige une détermination sans faille et une révolution des mentalités. Il est temps de rompre ce cycle toxique par :
Des lois intransigeantes, avec des sanctions exemplaires pour les corrompus et corrupteurs ;
Des dirigeants dignes, qui comprennent que leur mandat est un service public, non une opportunité d’enrichissement personnel ;
Une justice indépendante, capable de poursuivre et de punir sans pression politique ;
Une société civile vigilante, prête à dénoncer, exiger des comptes et rappeler aux dirigeants leurs responsabilités.
Mais surtout, le changement doit commencer en nous-mêmes. Tant que la corruption sera vue comme un mal « acceptable » ou une norme sociale, elle continuera à miner nos valeurs et nos institutions.
En conclusion : L’espoir dans la résistance
Refuser la corruption n’est pas un acte anodin. C’est un acte de résistance. Résister au silence complice, aux pratiques douteuses, aux passe-droits, et aux facilités. C’est refuser de se laisser entraîner dans ce cercle vicieux qui détruit les nations.
Ceux qui disent non ne sont pas faibles ou naïfs. Ils sont les véritables phares d’une société en dérive, les témoins vivants que l’intégrité a encore un sens. Leur courage est un appel à l’action, un rappel de ce que nous méritons réellement : une gouvernance transparente, des dirigeants responsables et une société juste.
Il est temps d’agir. La corruption prospère là où elle est tolérée. Réclamons des comptes, exigeons des réformes, et refusons de baisser les bras. Car le vrai pouvoir, celui de changer les choses, réside entre nos mains.
Cyrille Ludunge Bagenda Banga (CLBB)
Chroniqueur engagé