Chronique de CLBB : Le train de vie des institutions, toujours au-dessus des réalités du peuple congolais

 

Le budget 2025 de la République Démocratique du Congo met une fois de plus en lumière une problématique bien connue : l’incapacité, ou plutôt l’absence de volonté, de réduire le train de vie des institutions. Alors que la Présidence, la Primature et les deux chambres du Parlement s’octroient ensemble une enveloppe colossale de 697,8 millions de dollars, la question du sacrifice partagé demeure une illusion.

 

Quand les institutions se gavent, le peuple serre la ceinture

 

297 millions pour la Présidence : À quoi sert une telle somme dans un pays où plus de 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ? Cette disproportion entre les moyens alloués au pouvoir exécutif et les besoins criants des populations souligne une politique de prestige au détriment des urgences sociales.

 

241 millions pour l’Assemblée nationale et 91 millions pour le Sénat : La double législature, souvent critiquée pour son inefficacité et ses luttes d’intérêts, justifie-t-elle réellement ces budgets pharaoniques ? Combien de lois votées et réellement mises en application viennent transformer la vie des Congolais au quotidien ?

 

67 millions pour la Primature : Alors que les institutions de coordination doivent se montrer exemplaires dans la rationalisation des dépenses publiques, ce budget reflète une mauvaise allocation des ressources.

 

 

Le fossé grandissant entre le politique et le citoyen

 

Ces chiffres traduisent une réalité cruelle : le politique congolais n’est pas prêt à réduire son train de vie. Loin d’être un simple dysfonctionnement, cette situation est le reflet d’une culture d’État où les privilèges institutionnels sont sacralisés.

 

Dans un pays où les infrastructures sont délabrées, où les écoles manquent de bancs, où les hôpitaux fonctionnent sans équipement de base, il est choquant que l’élite politique continue de consommer autant. Les appels à la rationalisation du budget de l’État se heurtent systématiquement à un mur d’indifférence. L’expression « serrer la ceinture » ne semble concerner que le peuple, déjà accablé par l’inflation, la précarité et l’insécurité.

 

Un modèle de gouvernance à repenser

 

Comment justifier un tel déséquilibre quand tant de secteurs vitaux sont sous-financés ? Les routes, l’éducation, la santé, l’agriculture – autant de priorités qui mériteraient un investissement massif. Pourtant, année après année, le budget reflète un désintérêt pour les besoins réels des citoyens.

 

À ce stade, il ne s’agit plus d’un simple problème technique ou économique, mais d’un choix politique délibéré. Il est évident que ceux qui tiennent les rênes du pouvoir n’ont aucun intérêt à réduire leurs avantages ou à redistribuer les ressources de manière équitable.

 

Le peuple, toujours dernier sur l’échiquier

 

Dans ce schéma, le peuple congolais continue de jouer le rôle de variable d’ajustement. Lorsqu’il faut combler les déficits budgétaires, ce sont les populations qui paient, soit directement à travers des taxes et impôts, soit indirectement en subissant un sous-financement chronique des services publics essentiels.

 

Ce constat est malheureux, mais pas surprenant. Il illustre l’écart abyssal entre les discours des dirigeants et leurs actes. Pendant que les institutions s’arrogent des budgets démesurés, le citoyen ordinaire doit continuer à faire preuve de résilience face à un quotidien de plus en plus difficile.

 

Un appel à la mobilisation citoyenne

 

La situation actuelle appelle à une prise de conscience collective. Si le peuple congolais aspire à une réelle transformation, il devra s’organiser et exiger une meilleure gouvernance. La réduction du train de vie des institutions n’est pas une faveur que l’élite concède à ses citoyens. C’est un impératif pour garantir l’équité et la justice sociale dans un pays qui regorge de potentialités, mais où l’espoir s’étiole face à des dirigeants préoccupés avant tout par leur confort personnel.

 

La question reste posée : jusqu’à quand le peuple congolais continuera-t-il de porter seul le poids des sacrifices ?

CLBB

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