Dans le paysage politique congolais et même au-delà, l’adage « Le serpent peut changer de peau mais c’est le même venin qui circule en lui » résonne comme un rappel implacable de la persistance des mauvaises pratiques, malgré les apparences de renouveau. Cette métaphore puissante souligne une réalité amère : le changement de façade ne garantit en rien un changement de fond.
1. La métaphore du serpent : un masque de renouveau
Changer de peau est un processus naturel pour le serpent. De même, dans le monde politique, changer d’allégeance, de discours ou même de parti est devenu une stratégie courante pour se repositionner. Cependant, ce qui importe réellement, c’est ce qui se trouve sous cette nouvelle peau. Est-ce une transformation sincère ou simplement un artifice pour mieux tromper ? Trop souvent, nous avons été témoins de ces acteurs politiques qui, à défaut de réformes profondes, n’offrent que des changements superficiels.
2. L’histoire récente : des exemples criants
En République Démocratique du Congo, le phénomène est particulièrement marquant. Chaque cycle électoral voit émerger de nouveaux visages ou d’anciens visages repeints d’une nouvelle légitimité. Pourtant, les pratiques de corruption, de népotisme et de mauvaise gouvernance perdurent. Les institutions se parent de nouvelles lois, de nouvelles structures, mais l’essence du pouvoir, gangrénée par les mêmes acteurs, demeure toxique.
Prenons l’exemple des gouvernements successifs qui ont promis monts et merveilles en matière de lutte contre la corruption. Des commissions d’enquête sont créées, des rapports sont publiés, mais dans les faits, peu d’acteurs majeurs sont véritablement inquiétés. Les mêmes réseaux d’influence continuent de prospérer sous de nouvelles bannières.
3. Pourquoi le venin persiste-t-il ?
Le venin qui circule dans ce serpent politique est celui de l’impunité. Il est renforcé par une culture où les alliances de circonstance priment sur l’intégrité. Lorsque des personnalités politiques accusées de détournements massifs se retrouvent soudainement dans l’opposition, elles deviennent miraculeusement des chantres de la transparence. Inversement, d’anciens opposants intraitables se découvrent des vertus de compromission une fois aux commandes.
Le problème réside aussi dans la faiblesse des institutions judiciaires et la porosité de la société civile, parfois cooptée ou intimidée. Tant que le cadre institutionnel ne sera pas capable de neutraliser le venin, ce serpent continuera de ramper, changeant de peau mais non de nature.
4. La voie vers un véritable changement : neutraliser le venin
Pour espérer un changement véritable, il ne suffit pas de se réjouir des changements de peau. Il faut une vigilance citoyenne accrue, un renforcement des institutions de contrôle et surtout une responsabilisation des élites. Le peuple congolais doit exiger non seulement des promesses mais des actes tangibles, mesurables et surtout durables.
Neutraliser le venin passe par la mise en place de mécanismes de redevabilité clairs. Tout acteur public doit pouvoir rendre compte de ses actions, et ce, indépendamment de son affiliation politique. De même, il est crucial d’encourager l’émergence de nouvelles générations de leaders qui n’ont pas encore été contaminées par ce venin ancestral.
5. Conclusion : Un espoir vigilant
La métaphore du serpent nous enseigne qu’il ne suffit pas de juger par l’apparence. Le Congo a besoin de dirigeants qui ne se contentent pas de muer mais qui acceptent une transformation en profondeur. Le chemin est ardu, mais il n’y a pas d’alternative si l’on veut espérer un avenir où la gouvernance rime avec transparence et responsabilité. C’est à ce prix que le serpent pourra non seulement changer de peau mais aussi se débarrasser de son venin.