Un policier a été tué pour avoir fait respecter la loi. Son nom : Kabeya Senda. Sa faute ? Avoir refusé de laisser passer un cortège qui empruntait un sens interdit. Ce cortège était celui de la Première ministre. Kabeya a fait son travail. Il a fait ce que l’on demande d’un agent de roulage : appliquer les règles. En retour, il a été battu à mort. Un acte d’une violence inouïe, dans un pays où l’ordre public est déjà un champ de ruines.
La Première ministre n’était pas au volant, bien sûr. Mais a-t-elle cherché à empêcher cette infraction manifeste ? A-t-elle eu un geste pour stopper l’arrogance de ses agents ? A-t-elle même mesuré la gravité de ce qui s’est produit sous ses yeux ?
Un État qui tue ses sentinelles
Dans un pays normal, un tel drame entraînerait une démission immédiate, un mea culpa public, et une enquête indépendante. En RDC, on préfère publier un communiqué policier appelant au « calme ». Comme si le véritable problème était l’indignation populaire et non l’impunité d’une autorité politique.
La mort de Kabeya Senda est un cri. Un cri contre l’arrogance d’un pouvoir qui se croit au-dessus des lois. Un cri contre un État qui ne protège pas ses sentinelles, mais les laisse mourir pour ne pas déranger les puissants.
La justice à géométrie variable
L’histoire de Dolly Makambu est là pour nous rappeler l’injustice structurelle qui gangrène le pays. Ancien bourgmestre de la Gombe, il purge actuellement dix ans de prison parce qu’un policier de sa garde a tué un médecin par inadvertance. Il n’avait pas donné l’ordre de tirer, et pourtant, il a été condamné. Pourquoi ? Parce qu’il était le « responsable hiérarchique ».
Aujourd’hui, un agent de la police meurt, battu à mort, dans une altercation liée au cortège de la Première ministre. Va-t-on appliquer la même logique de responsabilité ? Ou va-t-on protéger l’intouchable en sacrifiant un lampiste ?
Deux poids, deux mesures. Encore. Toujours.
Quand la justice varie selon le nom, le rang ou l’allégeance politique, ce n’est plus une justice. C’est une farce. Une mascarade. Une insulte à ceux qui croient encore à l’État de droit.
La mort de Kabeya Senda n’est pas un fait divers. C’est une affaire d’État. Et tant que personne au sommet ne rendra des comptes, cette affaire restera une plaie ouverte dans la conscience nationale.
#JusticePourKabeya #RDC #ChroniqueDeCLBB #JusticeSelective #Demission #EtatDeDroit