« Un problème sans solution est un problème mal posé. » — Albert Einstein
Aujourd’hui, les réseaux sociaux et les groupes de discussion congolais s’enflamment : Aubin Minaku, ancien président de l’Assemblée nationale et vice-président du PPRD, vient d’être transféré à la prison militaire de Ndolo. L’image est forte, presque théâtrale. Mais au fond, est-ce là le chemin vers la paix ? Est-ce une étape vers une justice réparatrice ou simplement un épisode de plus dans une série d’actions spectaculaires qui manquent de vision systémique ?
La paix n’est pas un spectacle
Envoyer un homme politique de premier plan à Ndolo peut sembler être un acte fort. C’est peut-être, pour certains, le symbole d’un tournant vers une ère d’impunité zéro. Mais lorsqu’un acte de justice devient une opération de communication, il faut se demander : à qui profite-t-il ? À la République ou à un régime en quête de légitimité populaire ?
Un problème mal posé : l’erreur fondamentale
La citation d’Einstein est ici d’une brûlante actualité. Le problème de la paix en RDC n’est pas qu’une question de punition des élites déchues. Il est fondamentalement mal posé. On s’attaque à des branches visibles, alors que les racines du chaos restent enfouies dans le sol : gouvernance extractive, absence d’État de droit, économie de guerre, pillage des ressources, fracture sociale, clientélisme institutionnalisé, dépendance géopolitique, et surtout, déficit de contrat social.
Vouloir construire la paix sans rebâtir la justice sociale, sans revaloriser l’éducation, sans réinventer l’État congolais, c’est comme repeindre une maison dont les fondations sont pourries.
Ndolo n’est pas la fin, c’est un symptôme
Si Aubin Minaku est en prison pour des faits graves, alors la justice doit suivre son cours — sans exception, ni acharnement. Mais soyons lucides : une paix durable ne résultera jamais d’un processus d’élimination politique. Tant que la justice sera sélective, la paix sera précaire.
La RDC a besoin d’un Nouveau Pacte Républicain, pas d’un jeu de chaises musicales au sommet de l’État. Elle a besoin d’une transformation structurelle, d’une redéfinition de ses priorités collectives, et d’un leadership fondé sur l’intégrité, la compétence et l’humilité.
Conclusion : poser autrement le problème
Alors, posons la bonne question : Qu’est-ce qui empêche la paix en RDC ? Ce n’est pas seulement la présence d’anciens dignitaires corrompus, mais un système qui les a produits, protégés, et parfois recyclés. Ce n’est pas une question de noms, mais de normes.
La vraie rupture viendra le jour où la RDC osera penser la paix comme un processus politique, social et culturel, et non comme une affaire de sécurité ou de vengeance. À défaut, d’autres noms iront à Ndolo… et la paix restera une illusion.
CLBB